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Manderley for ever (Tatiana de Rosnay)

jeudi 21 mai 2015

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Daphné Du Maurier est un de mes écrivains préférés, à tel point que je lui avais consacré une semaine spéciale sur mon blog il y a quelques années de cela. Je ne connaissais pas, en revanche, la plume de Tatiana de Rosnay, mais je lui ai trouvé beaucoup de charme et de classe. Pour ainsi dire, cette biographie passionnante fut presque un coup de coeur.

La vie de Daphné Du Maurier y est relatée de sa naissance à sa mort de façon quasi exhaustive avec moult citations et extraits de l'oeuvre de Daphné et quelques photographies. Ce fut une totale découverte en ce qui me concerne, car j'en connaissais fort peu sur Daphné Du Maurier elle-même, à part son ascendance française à laquelle elle consacra un roman, Les souffleurs de verre.
Finalement, quand on y songe, ce n'est pas tant l'existence de l'auteure, que sa personne, qui se révèle fascinante. Car elle n'a pas eu de vie extraordinaire (pas ordinaire pour autant, on est d'accord !), mais c'est la façon dont elle a mené cette dernière, ses envies, ses exigences et ses obsessions, qui ont fait d'elle l'écrivain renommé. 
J'ai même été surprise de découvrir un personnage pas très attachant, assez égocentrique et sauvage. En fin de compte - et le travail de Tatiana de Rosnay en cela est formidable - on réalise en lisant cette biographie combien Daphné a mis d'elle dans chacun de ses romans, et combien ses choix de vie ont influencé son oeuvre.

J'ai adoré lire cette biographie, apprendre toutes ces choses sur l'auteure que je vénère depuis mes quinze ans, comprendre enfin le pourquoi de ses histoires. On sent dans l'écriture de Tatiana de Rosnay et dans sa façon d'appréhender cette biographie toute l'admiration qu'elle porte à son sujet d'étude et cela n'en rend son livre que plus passionnant.

A lire de toute urgence !

Le joli billet de Yueyin

Albin Michel - Heloïse d'Ormesson, 457 pages, 2015

Oona et Salinger (Frédéric Beigbeder)

dimanche 29 mars 2015

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De prime abord, voilà un titre vers lequel je ne serais pas allée sans le Prix Audiolib. Bien que n'ayant jamais lu Beigbeder jusque-là, je n'appréciais guère le personnage et imaginais une écriture qui me déplairait. Je ne m'étais, hélas, pas trompée, mais pourtant ce livre ne m'a pas totalement déçue. 

Oona et Salinger se veut une biographie consacrée à l'histoire d'amour qu'il y eut entre celle qui deviendrait pas la suite l'épouse de Charlie Chaplin, et celui qui serait mondialement reconnu pour son célèbre roman, L'attrape-coeurs.
Si j'aime les biographies, ce que je déteste par dessus tout, c'est quand elles servent principalement de prétexte à l'auteur pour parler de lui. Or, malheureusement, c'est bien le cas ici, et Oona et Salinger aurait pu s'intituler Oona, Salinger et Beigbeder.
Ce qui m'a agacée en premier lieu, c'est cette omniprésence de l'auteur dans son texte, qui nous rappelle toujours qu'il est bien là, soit en faisant explicitement référence à son vécu, soit en incluant ça et là des commentaires personnels qui tombent parfois comme un cheveu dans la soupe. Je passe sur les remarques "anachroniques", procédé stylistique lourd et navrant dans la narration...
Deuxième chose qui m'a gênée dans ce texte, c'est sa vulgarité. Je ne suis pourtant pas prude, j'aime lire de tout, mais là j'ai trouvé l'écriture grossière dans tous les sens du terme et cela ne collait pas avec ce genre de texte.
Enfin, dernier point que j'ai trouvé extrêmement pénible, c'est ce besoin répété qu'a l'auteur de justifier tout le bien qu'il pense d'une union dans laquelle l'homme est nettement plus âgé que la femme. J'avoue que je n'ai pas spécialement d'avis tranché sur la question. Je pense avant tout que l'essentiel dans une relation, c'est l'amour, peu importe l'âge. Même si très franchement, des différences d'âge très importantes dans un couple me font m'interroger... Ce que j'ai trouvé désagréable dans le propos de l'auteur, c'est ce sentiment qu'il a besoin de justifier son propre choix personnel (et honnêtement on s'en fiche un peu de sa vie, mais bon...) en convainquant le lecteur que c'est génial pour une femme d'avoir une trentaine d'années de moins que son époux... Pourquoi est-ce que cela serait mieux ou moins bien dans le fond que d'avoir le même âge que son partenaire ? Bref, ces remarques récurrentes dans le récit en gâchent la teneur et m'ont par moments donné une impression de malaise, notamment dans le prologue qui m'a donné de Beigbder l'image d'un pervers qui aime les jeunettes...!

Voilà donc pour les critiques....

Malgré cela, j'ai, je dois l'avouer, apprécié la seconde partie du livre dans laquelle l'auteur parle essentiellement de la guerre lorsque Salinger part au front. J'ai trouvé intéressant de découvrir certains aspects de la guerre que je ne connaissais pas, ainsi que la description de l'horreur et du quotidien de ces soldats partis pour l'enfer. Pour le coup, j'ai trouvé que tout ce passage était bien écrit et prenant.

Un bilan très mitigé, donc. Je ne recommande pas ce livre, encore moins aux lecteurs qui veulent en savoir davantage sur les personnages de Oona et Salinger, ils risqueraient d'être fortement déçus. 

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Texte intégral lu par Edouard Baer
Audiolib, novembre 2014
Durée totale d'écoute : 5h59

Charlotte (David Foenkinos)

lundi 23 mars 2015

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Avec ce dernier titre en date, David Foenkinos change radicalement de genre. Charlotte est une biographie (et non pas un roman comme indiqué sur la couverture...) de l'artiste peintre allemande Charlotte Salomon, personnage qui fascine depuis longtemps l'auteur. C'est un ouvrage qui a mûri plusieurs années dans sa tête avant qu'il ne se décide enfin à l'écrire pour de bon. 
Ce qui frappe d'emblée bien sûr, c'est cette mise en page particulière, cette écriture faite de phrases courtes, ces retours perpétuels à la ligne qui donnent un rythme à la lecture. Un peu comme une respiration, le lecteur enchaîne les phrases, presque à bout de souffle. C'est très étrange comme sensation, c'est comme si l'auteur était à vos côtés entrain de vous dire cette histoire, de vous la chuchoter à l'oreille. Un style qui convient parfaitement au sujet du livre. 

Pendant des années, j'ai pris des notes.
J'ai parcouru son oeuvre sans cesse.
J'ai cité ou évoqué Charlotte dans plusieurs de mes romans.
J'ai tenté d'écrire ce livre tant de fois.
Mais comment ?
Devais-je être présent ?
Devais-je romancer son histoire ?
Quelle forme mon obsession devait-elle prendre ?
Je commençais, j'essayais, puis j'abandonnais.
Je n'arrivais pas à écrire deux phrases de suite.
Je me sentais à l'arrêt à chaque point.
Impossible d'avancer.
C'était une sensation physique, une oppression.
J'éprouvais la nécessité d'aller à la ligne pour respirer.

Alors j'ai compris qu'il fallait l'écrire ainsi.

Finalement, l'auteur est très peu présent dans le livre ; il fait preuve de pudeur et de respect et sait s'éclipser quand nécessaire.
L'histoire de Charlotte Salomon est à la fois passionnante et troublante. Elle a un passé familial lourd, elle est juive allemande et va en payer un lourd tribut lors de la seconde guerre mondiale, et par dessus tout elle est habitée par son art qui ne la quittera jamais.

J'ai beaucoup aimé Charlotte, pour la passion exprimée par l'auteur, pour son écriture très belle et poétique d'une certaine manière, pour son histoire que je ne connaissais pas et que je suis heureuse d'avoir découverte.

Une belle lecture.

(A noter que Charlotte a obtenu deux prix en 2014, le Prix Renaudot et le Prix Goncourt des lycéens.)  

Gallimard (Blanche), 220 pages, 2014

Journal (Hélène Berr)

lundi 6 janvier 2014

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Comme il est délicat de parler de ce genre d'ouvrage... En effet, comment critiquer (en bien ou en mal) pareil texte quand on sait qu'il s'agit d'un témoignage unique de notre Histoire et que pas une ligne n'est fictive.
Ce qui m'a le plus marquée, je crois, dans ce journal, c'est la vision de son auteur. La perception aiguë qu'elle avait de son époque, de ce qui se passait autour d'elle, est bouleversante. Alors que dans les premiers temps son quotidien n'était pas encore trop bouleversé, on sent déjà chez elle une clairvoyance remarquable. Hélène Berr devine qu'elle est entrain de vivre l'Histoire et s'interroge sur quantité de choses. L'origine du mal, les motivations des soldats allemands, le comportement des civils qui l'entourent, la question du port de l'étoile jaune (faut-il l'arborer avec courage ou ne pas la mettre ?)... La jeune femme fait preuve d'une maturité incroyable compte tenu de ce qu'elle doit affronter jour après jour. 
On ne peut rester insensible face à ces lignes qui sont aujourd'hui tout ce qui reste d'Hélène Berr, vibrant témoignage de l'horreur du passé. Beau et remuant à la fois.
Un petit regret concernant la lecture d'Elsa Zylberstein qui a une voix et une diction de grande qualité, mais en fait un peu trop à mon goût. La qualité du texte se suffisait à elle-même, il n'était pas nécessaire selon moi d'y ajouter une touche théâtrale.

A noter que la version audio que je présente de ce livre ne correspond pas au texte intégral, mais à des fragments. Il en existe une autre version, intégrale celle-là.

La fiche du livre sur AUDIOLIB

Morceaux choisis lus par Elsa Zylberstein
Audiolib, octobre 2008
Durée totale d'écoute : 2h30

Lettres d'Amériques (Stefan et Lotte Zweig)

vendredi 1 mars 2013

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Aussi vite reçu, aussi vite lu, j'ai dévoré cet ouvrage mais - procrastination oblige - j'ai tardé à venir en parler ici.

Ce recueil rassemble des lettres écrites par Stefan Zweig et sa femme Lotte Zweig au cours des toutes dernières années de leur vie (1940-1942). Une courte période durant laquelle ils étaient expatriés, en transit incessant entre l'Amérique du sud (Brésil et Argentine) et New-York où demeurait leur nièce. 

Il est tout-à-fait étonnant de découvrir Zweig à travers ces écrits intimes, on y perçoit un autre que l'auteur de génie qu'il fut. Dans l'ensemble de ces lettres, on discerne un homme obnubilé par des détails matériels, par son sentiment d'apatridie, son horreur de la guerre, sa peur de vieillir. A l'occasion quelques pointes d'humour ça et là, mais de manière générale, ce sont des courriers empreints de tristesse et d'inquiétude. Lotte, son épouse semble prise des mêmes sentiments.

La lecture de cette correspondance (à sens unique, puisque l'on ne dispose pas, hélas, des réponses) est assez déroutante pour le lecteur ; il faut imaginer Zweig et sa femme sans cesse en déplacement, lui, donnant des conférences en plusieurs langues, elle s'occupant principalement de l'organisation des voyages. S'ensuivent des périodes plus calmes où ils se retrouvent au Brésil dans une petite maison, il fait chaud, Zweig travaille sur la terrasse à ses ouvrages, notamment à sa biographie de Balzac qui fut publiée après sa mort. Il se lamente de ne pas avoir accès à sa propre bibliothèque, d'être éloigné des siens, ne s'autorise pas à profiter complètement de l'instant présent, loin de la guerre, dans un espace serein et paisible. Ce qui ressort principalement des lettres de Zweig, c'est ce perpétuel sentiment de honte, celle de vivre une situation relativement heureuse à l'abri du danger tandis que les siens tentent de poursuivre leur existence au coeur du conflit mondial, là-bas, en Europe.

Ce qui m'a étonnée, je crois, dans ces lettres, c'est la simplicité de l'écriture de Zweig. Je m'attendais à des réflexions sur la vie, à des moments de philosophie, or il n'en est rien et la majeure partie de ces missives est occupée par des réflexions d'ordre domestique. Pour autant, cet échange épistolaire ne se révèle pas ennuyeux, il se lit avec curiosité et avec l'envie de comprendre ce qui poussa cet homme à se suicider en compagnie de sa femme. Leurs dernières lettres d'adieu  clôturent ce recueil que l'on referme non sans émotion. 

Zweig était un grand Monsieur et un auteur extraordinaire, mais c'était avant tout un être humain en souffrance. Un témoignage bouleversant sur une époque terrible.

* * *

Le présent ouvrage est traduit de l'anglais, langue dans laquelle ont été écrites ces lettres pour éviter la censure en temps de guerre avec l'Allemagne.

Les lettres sont précédées d'une longue mais nécessaire introduction qui permet de retracer les étapes principales de la vie des Zweig et le contexte dans lequel ces lettres ont été écrites. 

Quasiment toutes les lettres de ce recueil ont été écrites au frère de Lotte, Manfred Altmann et à sa belle-soeur Hannah.

* * *

Je suis heureux que Lotte apprécie ce mode de vie autant que moi ; seule sa santé continue à me préoccuper. Elle m'a déjà lésé en ne m'apportant pas de dot, maintenant c'est en perdant du poids, à cause de ce satané asthme, qui est un peu moins virulent mais le reste assez pour que chaque nuit s'instaure un dialogue entre elle et le chien d'une maison éloignée.

Stefan Zweig, Rio, 30 octobre 1941

Chère Hannah, tu comprendras qu'on devienne de plus en plus sceptique envers la "civilisation", à en juger par ses résultats glorieux, et que cette vie paisible, plus primitive, plus naturelle, prenne un attrait nouveau ; le seul point faible, ce sont les livres, mais j'ai acheté un Shakespeare, un Goethe, un Homère, et entre ça et quelques autres que je peux emprunter à des gens, il est possible de vivre quelque temps, surtout si on en écrit soi-même. Ce qui me manque, ce sont les manuels de référence, lorsque j'ai besoin de détails, et dans les cas urgents, je dois attendre 4 à 6 semaines pour obtenir des informations de New York. 

Stefan Zweig, Petropolis, sans date - Octobre/Novembre 1941

Repéré chez Marilyne

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Titre original : Stefan and Lotte Zweig's south American letters
Traduit de l'anglais par Adrienne Boutang et Baptiste Touverey
Edition établie et préfacée par Darién J. Davis et Oliver Marshall
Bernard Grasset, 300 pages, 2012 pour l'édition française et 2010 pour l'édition originale


Je t'aime [maintenant] (Sandra Reinflet)

samedi 9 février 2013

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Repéré chez Keisha, ce livre m'a fait de l'oeil. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre mais ce que j'y ai trouvé m'a plu. 

Présentation de la quatrième de couverture :

Je t'aime maintenant retrace un cadran composé de vingt-quatre moments liés par un fil : celui d'une même histoire avec l'amour. C'est la sienne, la leur, mais cela pourrait tout aussi bien être la vôtre...
Un jeu de miroir subtil, qui dresse le portrait d'une génération. Une génération qui tarde à s'installer dans la vie adulte, refuse la contrainte, et pourtant, semble encore chercher l'éternelle rime de l'amour avec toujours.

Je t'aime maintenant, c'est l'amour du père, l'amour d'enfance, l'amour physique, l'amour-amitié, la passion, la séparation, la rencontre, l'attrait pour l'autre. Tout cela dans un même ouvrage. Pour chaque personne, une heure, des textes et des photos. Jeu de miroir car on peut lire deux visions d'une même histoire d'amour, celle de l'auteur et celle de l'être aimé. Sandra Reinflet livre une partie de sa vie intime  mais avec toute la délicatesse nécessaire pour que le lecteur ne se sente pas en position de voyeur. C'est émouvant, parfois amusant, toujours vrai. On navigue entre les pages entre émerveillement et curiosité, on admire les clichés, on se rappelle ses propres moments. 

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Je t'aime maintenant est un ovni, un livre qui ne se réduit pas à un genre unique mais flirte avec plusieurs. A découvrir ou à offrir.

* * *
Un extrait lu par l'auteur :

(Un petit bémol : les textes écrits par les amours de Sandra sont laissés dans leur langue originale, empêchant ainsi certains lecteurs de les comprendre. Il aurait été tellement facile de proposer une traduction juste au-dessous...)

Michalon, 206 pages, 2012

Patients (Grand Corps Malade)

samedi 29 décembre 2012

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J'avais à coeur de vous parler de ce roman autobiographique car il m'a énormément touchée. Grand Corps Malade est un artiste que j'apprécie énormément. J'aime sa voix, sa plume, sa vision des choses. Lorsque j'ai su qu'il avait écrit ce livre, j'ai immédiatement eu envie de le lire. Je l'ai dévoré et j'y ai relevé de multiples passages, drôles, émouvants, édifiants.

Grand Corps Malade est un nom de scène qui fait référence à la grande taille du personnage mais aussi à ce terrible accident survenu à l'âge de vingt ans qui le laissa légèrement handicapé. 

Des circonstances limites risibles mais des conséquences graves. Il plonge dans une piscine pas assez remplie, se réceptionne sur la tête et se déplace des vertèbres. Les médecins pensent qu'il ne remarchera pas. Pendant quelques temps il est tétraplégique, mais il finira par retrouver l'usage de ses membres et sa mobilité. 

Dans ce court texte il revient sur cette année passée à l'hôpital, entre rééducation et soins, les rencontres qu'il y a faites, ses progrès, les humiliations vécues, aussi. Sur un ton léger il décrit ces mois de calvaire, cette expérience humaine unique et douloureuse physiquement et psychiquement. Pas de pathos, un style direct, simplement la vérité, un témoignage empli de dignité et tourné vers l'autre. 

A l'image de ses chansons je retiendrai de ce livre que l'auteur est un grand Monsieur, et pas seulement par la taille.

Je connaissais mon plafond de réa dans les moindres détails, chaque tache, chaque écaille de peinture. Il y avait un néon masqué par une grande grille rectangulaire. La grille était composée de quatre cent quatre-vingt-quatre petits carrés. Je les ai comptés plusieurs fois pour être sûr. En réanimation, quand on est conscient, on a le temps de faire pas mal de trucs essentiels...

* * *

Ah oui, pour tous les ringards d'entre vous qui n'ont jamais été tétraplégiques, sachez que manger seul pour un tétra est aussi facile que de voler pour un homme valide.

* * *

Je découvre les joies de l'autonomie zéro, de l'entière dépendance aux humains qui m'entourent et que je ne connaissais pas hier.

* * *

Tout le monde s’habitue. C'est dans la nature humaine. On s'habitue à voir l'inhabituel, on s'habitue à voir des gens souffrir, on s'habitue nous-mêmes à la souffrance. On s'habitue à être prisonniers de notre propre corps. On s'habitue, ça nous sauve.

* * *

Mme Challes vient d'étrangler en moi les dernières traces de l'innocence. J'ai vingt ans et, à partir d'aujourd'hui, la vie ne sera plus jamais la même.

* * *

En prison comme à l'hosto, on attend et on s'emmerde énormément. Et puis, surtout, on parle de l'avenir en utilisant les mots "sortir" et "dehors". Quand on sera "dehors", la vraie vie pourra reprendre...

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Don Quichotte, 163 pages, 2012

Une fleur dans les glaces (Géraldine Danon)

jeudi 28 juin 2012

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Cet ouvrage est le récit de voyage de Géraldine Danon, son mari le célèbre navigateur Philippe Poupon et quatre de leurs enfants, sans oublier un chien !
A bord de la Fleur Australe, un voilier d'une vingtaine de mètres spécialement conçu pour les mers polaires, toute cette famille embarque en février 2009 pour tenter de traverser le fameux passage du Nord-Ouest qui relie les océans Atlantique et Pacifique. Sur les traces de nombreux explorateurs avant eux, ils se lancent dans ce défi périlleux. 
Géraldine Danon qui tient durant toute la durée de la navigation un journal de bord a écrit ce livre pour relater cette incroyable aventure. 

Ce sont huit mois de mer, de péripéties, de joies, de baisses de moral, d'angoisses mais aussi de sérénité, de fusion avec la nature. Une aventure familiale émouvante et passionnante que j'ai lue d'une traite et avec grand intérêt.
Seul petit bémol, l'aspect "people" qui par moments m'a un peu agacée... De par son passé d'actrice, l'auteur ne peut s'empêcher de parler de ses relations dans le milieu, des passages qui, à mon humble avis étaient déplacés dans ce livre, mais je pinaille. Mis à part cette infime critique, j'ai vraiment apprécié de suivre ce long voyage.
Un livre bien écrit qui donne de furieuses envies de prendre le large !

Merci Sandy !

J'ai Lu (Document), 156 pages, 2011


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Pour en savoir davantage :

Le site consacré au voyage du passage du Nord-Ouest

- En 2010, la Fleur Australe a repris sa navigation cette fois vers le pôle sud ; l'émission Sept à Huit a consacré un reportage à ce deuxième voyage. Géraldine Danon a écrit un nouvel ouvrage qui s'intitule Fleur Australe, il est sorti en avril dernier.

- La Fleur Australe reprendra la mer en octobre prochain direction l'Amérique du sud, pour suivre cette nouvelle aventure, le site dédié.

- Fleur Australe est en partenariat avec Ifremer, Philippe Poupon explique comment dans une interview

Mère épuisée (Stéphanie Allenou)

samedi 17 mars 2012

Voici un livre que j'aurais aimé lire deux ou trois ans plus tôt !
Le témoignage en toute simplicité d'une mère de famille qui traverse une crise de maternité. Cet évènement qui est décrit partout comme le plus heureux de vie de femme, n'amène pourtant pas toujours que bonheur et joie. Parfois, devenir mère est un changement bouleversant plus ou moins bien vécu et pouvant conduire jusqu'à la dépression. Stéphanie Allenou ose même le terme fort d' "aliénation". Sans tabou, elle revient sur ces années noires qui ont suivi l'arrivée de jumeaux nés deux ans après leur grande soeur. Elle explique comment, jour après jour, elle a sombré et perdu un à un tous les repères qu'elle avait avant dans sa vie de femme. Comment elle a perdu le sommeil, est devenue irritable, débordée par ces enfants désobéissants et turbulents. Comment elle a peu à peu perdu contact avec la réalité sociale et le monde des adultes. Alors qu'il y a une souffrance bien palpable derrière ces mots, cette maman témoigne sans sombrer dans le pathos, elle expose le plus objectivement possible cette lente descente aux enfers, ses angoisses, ses crises, sa relation avec la chair de sa chair. Et puis, parce que dans la vie on finit toujours par se relever, elle relate son retour à sa vie d'adulte, sa volonté de concilier vie de famille et vie professionnelle, vie de femme et de mère. Ce cheminement est long mais l'a rendue plus forte et lui a permis de retrouver un équilibre à la fois physique et psychique. Parce qu'être une mère au foyer c'est un boulot à temps plein, parce qu'être mère ce n'est pas "rien", parce qu'élever des enfants c'est un peu comme gérer une entreprise, on peut faire le parallèle entre la dépression de la jeune mère et le syndrome du  burnout professionnel. 
Même si aujourd'hui je ne me sens plus totalement concernée par cet état, j'ai lu d'une traite ce témoignage poignant  qui m'a rappelé parfois ce que j'ai pu vivre lorsque mes enfants étaient plus petits. Un livre à mettre entre les mains de toutes les jeunes mamans et peut-être aussi de leurs compagnons et de l'entourage pour comprendre et faire comprendre que la maternité n'est pas une chose aisée. 

Les liens qui libèrent, 219 pages, 2011 

Carnet intime (Zep)

mercredi 21 décembre 2011

Zep, c'est le père spirituel de Titeuf, ce jeune héros de BD à la bouille ronde et à la mèche blonde rebelle. Je suis certaine que vous voyez tous de qui je parle...

Ici, nous retrouvons l'auteur dans un tout autre registre, un Carnet intime comme le titre l'indique, un recueil de dessins réalisés entre les années 90 et les années 2000, aux quatre coins du la planète. Ce qui, au départ, était un moyen pour Zep de s'approprier des lieux et d'apprivoiser les voyages qui lui faisaient peur est devenu au fil du temps une habitude, un pur plaisir.
Page après page, ce sont des morceaux choisis parmi ces nombreux carnets de voyage qu'il a remplis, des aquarelles, mais aussi des notes, des remarques. Si les illustrations sont très belles, je les ai appréciées doublement je crois, en lisant les textes qui les accompagnent. Zep nous fait part de ses réflexions sur la vie, le quotidien, il note des détails, partage les dialogues qu'il a pu avoir avec les passants qui l'observaient entrain de dessiner. Parfois aussi, il se livre de manière plus intime, dans des moments de nostalgie. C'est un voyage dans le monde mais aussi dans l'existence de cet artiste qui fait preuve d'une sensibilité qui m'a profondément touchée. 

Un superbe ouvrage à offrir ou à s'offrir, pour contempler le temps qui passe, admirer le monde qui nous entoure, laisser les pensées vagabonder...


Feuilleter cet ouvrage sur le site de l'éditeur

Voir une vidéo de l'auteur qui s'exprime à propos de Carnet intime

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Clarabel et Theoma ont aimé, elles aussi

Gallimard, octobre 2011

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