Voici un livre que j'aurais aimé lire deux ou trois ans plus tôt !
Le témoignage en toute simplicité d'une mère de famille qui traverse une crise de maternité. Cet évènement qui est décrit partout comme le plus heureux de vie de femme, n'amène pourtant pas toujours que bonheur et joie. Parfois, devenir mère est un changement bouleversant plus ou moins bien vécu et pouvant conduire jusqu'à la dépression. Stéphanie Allenou ose même le terme fort d' "aliénation". Sans tabou, elle revient sur ces années noires qui ont suivi l'arrivée de jumeaux nés deux ans après leur grande soeur. Elle explique comment, jour après jour, elle a sombré et perdu un à un tous les repères qu'elle avait avant dans sa vie de femme. Comment elle a perdu le sommeil, est devenue irritable, débordée par ces enfants désobéissants et turbulents. Comment elle a peu à peu perdu contact avec la réalité sociale et le monde des adultes. Alors qu'il y a une souffrance bien palpable derrière ces mots, cette maman témoigne sans sombrer dans le pathos, elle expose le plus objectivement possible cette lente descente aux enfers, ses angoisses, ses crises, sa relation avec la chair de sa chair. Et puis, parce que dans la vie on finit toujours par se relever, elle relate son retour à sa vie d'adulte, sa volonté de concilier vie de famille et vie professionnelle, vie de femme et de mère. Ce cheminement est long mais l'a rendue plus forte et lui a permis de retrouver un équilibre à la fois physique et psychique. Parce qu'être une mère au foyer c'est un boulot à temps plein, parce qu'être mère ce n'est pas "rien", parce qu'élever des enfants c'est un peu comme gérer une entreprise, on peut faire le parallèle entre la dépression de la jeune mère et le syndrome du  burnout professionnel. 
Même si aujourd'hui je ne me sens plus totalement concernée par cet état, j'ai lu d'une traite ce témoignage poignant  qui m'a rappelé parfois ce que j'ai pu vivre lorsque mes enfants étaient plus petits. Un livre à mettre entre les mains de toutes les jeunes mamans et peut-être aussi de leurs compagnons et de l'entourage pour comprendre et faire comprendre que la maternité n'est pas une chose aisée. 

Les liens qui libèrent, 219 pages, 2011