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dimanche 3 mars 2013

La prophétie de Glendower T1 (Maggie Stiefvater)

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Ne surtout pas se laisser influencer par la phrase qui apparaît sur le bandeau de la couverture " Si elle embrasse l'amour de sa vie, il mourra." qui laisse entendre qu'on a encore droit à une énième histoire d'amour paranormale. En réalité, dans ce premier tome, le propos n'est pas à la romance et l'intrigue amoureuse reste anecdotique. Vous voilà prévenus ! Pour ma part, je suis tombée dans le panneau, m'attendant au récit d'un amour impossible, et j'ai mis quelques temps avant de comprendre qu'il n'en était rien. Et tant mieux, j'ai envie de dire, car ce roman est bien plus que cela. 

Blue en est l'héroïne, c'est une jeune fille qui vit dans une maison occupée exclusivement par des femmes, toutes médiums ou voyantes. Seule, Blue n'est dotée d'aucun pouvoir surnaturel, si ce n'est de celui d'amplifier la communication avec les esprits, sorte de "super antenne psychique". Chaque année, à la veille de la Saint Marc, elle se rend avec sa mère dans un cimetière pour accueillir les esprits des gens qui vont mourir dans l'année. Pour la toute première fois, alors qu'elle est accompagnée de sa tante Neeve, elle va voir de ses propres yeux un esprit, celui d'un jeune homme qui dit se nommer Gansey. Or, il n'y a que deux raisons possibles à cette apparition : soit Blue est l'amour de sa vie, soit la cause de sa mort prochaine. Ce qui en somme revient au même, étant donné que depuis son plus jeune âge on prédit à Blue qu'elle tuera l'homme de sa vie d'un baiser. Peu de temps après, Blue va rencontrer Gansey en chair et en os avec sa bande de copains Corbeaux, des jeunes gens issus d'un lycée huppé. 

Le point marquant de ce premier tome (une tétralogie est prévue), très clairement, c'est son style. Déroutant et déjanté, il plaira ou pas mais c'est ce qui m'a séduite dans ce roman fantastique qui sort des sentiers battus. La trame n'est pas linéaire, l'écriture est décalée, les personnages détonnent, et le fil conducteur se construit sans que l'on s'en aperçoive. On lit ce roman comme on écouterait une musique envoûtante, sans trop savoir où l'on va, en se laissant porter par la magie des mots.

Une fois encore Maggie Stiefvater m'a agréablement surprise ; on est loin de la série des loups de Mercy Falls qui manquait de maturité dans l'écriture, et, dans un tout autre registre, de Sous le signe du scorpion qui fut presque un coup de coeur. Un auteur qui sait se renouveler, j'aime çà et je peux vous dire que je vais suivre cette nouvelle série de très près car elle a du potentiel !

- Et sache que moi, j'en ai plus que marre de ta condescendance, Gansey ! rétorqua Adam. Ne cherche pas à me faire sentir stupide - horripiler, qui est-ce qui parle encore comme ça ? Ne me raconte pas que tu n'essaies pas de me faire passer pour un idiot !
- Je n'ai pas d'autre façon de parler. Désolé que ton père ne t'ait jamais appris le sens du verbe horripiler, il devait être trop occupé à te cogner la tête contre le mur pendant que tu lui demandais pardon d'exister !
Tous deux retinrent leur souffle.
Gansey savait qu'il était allé trop loin. Trop loin, trop tard, trop tout.
Adam ouvrit brusquement la portière.
- Va te faire foutre, Gansey ! Va te faire foutre ! lâcha-t-il d'une voix assourdie par la fureur.
Gansey ferma les paupières.

L'avis de Herisson

Titre original : The raven boys
Traduit de l'anglais par Camille Croqueloup
Hachette (Black Moon), 453 pages, 2013 pour l'édition française et 2012 pour l'édition originale

mercredi 16 janvier 2013

Sous le signe du scorpion (Maggie Stiefvater)

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Je suis passée très près du coup de coeur avec ce roman. Maggie Stiefvater s'est inspirée des légendes celtiques pour créer un récit autour de chevaux marins, les fameux capall uisce. Ces animaux fantastiques et dangereux ont l'apparence des chevaux terrestres mais sont plus massifs et surtout beaucoup plus rapides. C'est ainsi que, chaque année au mois de novembre, ont lieu les courses du scorpion. A cette époque les chevaux sortent de l'eau, et les plus chanceux qui parviennent à les attraper et les dompter vont s'affronter dans des courses souvent mortelles. 
Sean Kendrick qui travaille dans un haras a su amadouer ces monstres marins. Il a été plusieurs fois vainqueur de la grande course et compte cette année encore la remporter en chevauchant Corr, l'étalon alezan.
En parallèle et pour la première fois, une fille s'est inscrite, chose jamais vue auparavant. Puck a décidé de courir pour défier son frère aîné qui veut quitter l'île. Leurs parents sont morts et la jeune fille ne supporte pas l'idée d'être de nouveau abandonnée. Seulement pour elle, pas question de monter un capall uisce, elle courra avec sa jument. 

Très nettement, le point fort de ce livre, c'est l'atmosphère qui s'en dégage et colle à la peau. L'île, ses habitants coupés du "vrai" monde, l'océan dominateur, les embruns, le goût du sel... et bien sûr ces chevaux sublimes et effrayants. L'histoire est prenante, on est englué sur la grève où s'entraînent les cavaliers, aux côtés de Puck et Sean, deux personnages bruts et touchants. J'ai énormément aimé cette incursion dans la légende et le traitement moderne qu'en a fait l'auteur. C'est avec regret que j'ai tourné la dernière page. Superbe.

- Te faire aimer des hommes est facile, Puck, il suffit que tu sois pour eux un sommet à conquérir ou un poème qu'ils ne comprennent pas, n'importe quoi qui les fasse se sentir forts ou intelligents. C'est pour ça qu'ils adorent l'océan.
Je ne suis pas si sûre que ce soit pour ça que Sean Kendrick aime la mer.
- Si tu leur ressembles trop, poursuit Peg, le mystère s'évanouit. On ne part pas en quête du Graal quand il vous rappelle une tasse de thé.

* * *

Ils s'élancèrent sur le sable. Ils se disputaient, ruaient, secouaient l'écume de leurs crinières et l'Atlantique de leurs sabots. Ils lancèrent à leurs congénères encore dans l'eau des hennissements aigus qui me donnèrent la chair de poule. Ces chevaux étaient des géants, ils étaient l'île et l'océan, et je découvris que je les aimais.

* * *

- Tu ne peux pas prendre le risque de ne pas arriver premier ! Pas à cause de moi !
Il ne lève pas les yeux du plan de travail.
- J'agirai quand tu le feras. Vous partirez à l'intérieur, et nous à l'extérieur. Corr peut s'extraire du peloton, il l'a déjà fait, ne t'inquiète pas pour ça.
- Je n'ai pas l'intention d'être ton talon d'Achille, Sean Kendrick !
Maintenant il me regarde.
- Trop tard, Puck, énonce-t-il doucement.

Titre original : The scorpio races
Traduit de l'anglais par Camille Croqueloup
Hachette (Black Moon), 474 pages, 2012 pour l'édition française et 2011 pour l'édition originale

mardi 14 septembre 2010

Les loups de Mercy Falls T2 ~ Fièvre (Maggie Stiefvater)

* * * ATTENTION SPOILERS SUR LE TOME 1 * * *

Deuxième tome de la trilogie Les loups de Mercy Falls. Après le Frisson, la Fièvre. Encore une superbe couverture, soit dit en passant...

Nous avions laissé un Sam qui avait semble-t-il retrouvé sa condition d'humain de façon définitive.

Cette transformation permet au jeune homme d'envisager l'avenir et surtout de partager sa vie avec Grace. Pourtant Sam a bien du mal à s'adapter à sa nouvelle vie, à réaliser qu'il ne sera plus jamais dans la peau d'un loup et à se positionner par rapport à ses camarades d'avant, ceux qui continuent de subir les affres de la douloureuse métamorphose.

A présent Sam doit endosser le rôle du chef de meute mais uniquement sous sa forme humaine. Il doit composer avec l'inexpérience et parfois la hargne des jeunes loups-garous. 

Et puis il y a Grace qui souffre de maux étranges, Grace qui cache un secret qu'elle ne pourra plus garder bien longtemps pour elle...

Ce deuxième tome, c'est davantage celui de Sam même si le système de double narration est maintenu (et étendu puisque nous avons aussi les "voix" de Cole et Isabel). Un garçon qui envisage pleinement les enjeux de sa "guérison", qui peine à s'habituer à ce nouveau mode de vie malgré sa joie profonde d'être enfin aux côtés de Grace. On sent bien qu'il n'est pas aisé pour lui de tourner la page, d'ailleurs le souhaite-t-il vraiment ? 

Disons-le tout de go, ce nouvel opus m'a moins séduite que le premier. J'ai trouvé l'intrigue grossière, on devine avec facilité vers où l'auteur veut nous emmener, et les atermoiements de Sam n'arrangent pas les choses. La mise en route est longue, le schéma est identique à celui de Frisson, sans grande surprise... Bref l'ennui me guettait. Mais, comme dans le premier tome, mon intérêt s'est réveillé dans la dernière partie du roman qui promet un troisième tome riche en rebondissements et m'a donné encore une fois envie de découvrir la suite.

* * *

Fièvre sortira en librairie le 1er octobre prochain. Si vous voulez le lire en VO, Linger est sorti en juillet dernier.

Le troisième et dernier tome de la série sortira en VO sous le titre Forever en juillet 2011. L'attente va être longue !

* * *

Hachette (Black Moon), 480 pages, octobre 2010 pour la traduction française, juillet 2010 pour la version originale
Titre original : Linger
Traduit de l'américain par Camille Croqueloup