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Je suis passée très près du coup de coeur avec ce roman. Maggie Stiefvater s'est inspirée des légendes celtiques pour créer un récit autour de chevaux marins, les fameux capall uisce. Ces animaux fantastiques et dangereux ont l'apparence des chevaux terrestres mais sont plus massifs et surtout beaucoup plus rapides. C'est ainsi que, chaque année au mois de novembre, ont lieu les courses du scorpion. A cette époque les chevaux sortent de l'eau, et les plus chanceux qui parviennent à les attraper et les dompter vont s'affronter dans des courses souvent mortelles. 
Sean Kendrick qui travaille dans un haras a su amadouer ces monstres marins. Il a été plusieurs fois vainqueur de la grande course et compte cette année encore la remporter en chevauchant Corr, l'étalon alezan.
En parallèle et pour la première fois, une fille s'est inscrite, chose jamais vue auparavant. Puck a décidé de courir pour défier son frère aîné qui veut quitter l'île. Leurs parents sont morts et la jeune fille ne supporte pas l'idée d'être de nouveau abandonnée. Seulement pour elle, pas question de monter un capall uisce, elle courra avec sa jument. 

Très nettement, le point fort de ce livre, c'est l'atmosphère qui s'en dégage et colle à la peau. L'île, ses habitants coupés du "vrai" monde, l'océan dominateur, les embruns, le goût du sel... et bien sûr ces chevaux sublimes et effrayants. L'histoire est prenante, on est englué sur la grève où s'entraînent les cavaliers, aux côtés de Puck et Sean, deux personnages bruts et touchants. J'ai énormément aimé cette incursion dans la légende et le traitement moderne qu'en a fait l'auteur. C'est avec regret que j'ai tourné la dernière page. Superbe.

- Te faire aimer des hommes est facile, Puck, il suffit que tu sois pour eux un sommet à conquérir ou un poème qu'ils ne comprennent pas, n'importe quoi qui les fasse se sentir forts ou intelligents. C'est pour ça qu'ils adorent l'océan.
Je ne suis pas si sûre que ce soit pour ça que Sean Kendrick aime la mer.
- Si tu leur ressembles trop, poursuit Peg, le mystère s'évanouit. On ne part pas en quête du Graal quand il vous rappelle une tasse de thé.

* * *

Ils s'élancèrent sur le sable. Ils se disputaient, ruaient, secouaient l'écume de leurs crinières et l'Atlantique de leurs sabots. Ils lancèrent à leurs congénères encore dans l'eau des hennissements aigus qui me donnèrent la chair de poule. Ces chevaux étaient des géants, ils étaient l'île et l'océan, et je découvris que je les aimais.

* * *

- Tu ne peux pas prendre le risque de ne pas arriver premier ! Pas à cause de moi !
Il ne lève pas les yeux du plan de travail.
- J'agirai quand tu le feras. Vous partirez à l'intérieur, et nous à l'extérieur. Corr peut s'extraire du peloton, il l'a déjà fait, ne t'inquiète pas pour ça.
- Je n'ai pas l'intention d'être ton talon d'Achille, Sean Kendrick !
Maintenant il me regarde.
- Trop tard, Puck, énonce-t-il doucement.

Titre original : The scorpio races
Traduit de l'anglais par Camille Croqueloup
Hachette (Black Moon), 474 pages, 2012 pour l'édition française et 2011 pour l'édition originale