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samedi 21 avril 2018

La vague des BD #9

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L'histoire se déroule en Afrique, dans un petit village en bordure de désert. Des migrants le traversent, en quête d'un eldorado inconnu. Parfois ils y restent quelques temps et travaillent sur un chantier de construction en attendant de prendre le départ.
J'ai eu envie de découvrir cette bande dessinée simplement pour la présence de Marguerite Abouet au scénario, qui, rappelons-le, est l'auteur de la génialissime série Aya de Yopougon.
Ange, le migrant est le premier tome d'une série s'intitulant Terre gâtée. Une histoire façon western se déroulant en Afrique et portant sur le thème des migrants, sur le papier, la promesse était belle.
Malheureusement, je n'ai guère accroché avec cet album, et au moment d'écrire mon ressenti, je m'aperçois que sa lecture ne m'a pas laissé grande impression. Les dessins sont beaux, les couleurs et la mise en scène donnent du cachet au récit. Pour le reste, l'histoire ne m'a pas emballée. L'intrigue est étrangement construite, c'est un peu fouillis, cela manque de clarté et le destin des personnages ne suscite guère l'empathie, je me suis tenue à distance tout du long, ne parvenant pas à entrer dans le récit.

Terre gâtée #1 - Ange, le migrant
Marguerite Abouet, Charli Beleteau, Christian De Metter
Rue de Sèvres, 2018

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005357312.jpgProfession du père est l'adaptation du roman éponyme de Sorj Chalandon, l'un de mes coups de cœur de 2016. Le trait simple et les dessins en noir et blanc sont exactement dans le ton de cette histoire tragique. Sébastien Gnaedig a su rendre en images la cruauté et la singularité de l'enfance d'Emile (alias Sorj Chalandon) tout en y apportant un brin de douceur. La lecture n'est pas gaie ni aisée, mais le lecteur n'est pas non plus embourbé dans le pathos. Comme dans le roman, il y a une mise à distance (et une certaine ironie) salvatrice. 
Un récit bouleversant et une adaptation réussie.

Profession du père
Sébastien Gnaedig, Sorj Chalandon
Futuropolis, 2018

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CoupDeCoeur2016.pngC'est le coup de coeur d'une libraire affiché sur cet album qui m'a donné envie de le découvrir. Un heureux hasard. Je ne savais pas en me levant, ce matin-là que j'allais acheter cette bande dessinée, la lire dans la foulée et passer un moment si délicieux en sa compagnie !

Lily apprend qu'elle est enceinte au moment où son compagnon lui annonce qu'il part en tournée avec son groupe et ne pourra pas accueillir son neveu Balthazar qui va venir passer des vacances chez eux.
La jeune femme va donc devoir s'occuper du bambin qu'elle n'a jamais rencontré. Les premiers jours sont hésitants, chacun jauge l'autre et garde ses soucis pour lui-même. Les parents de Balthazar sont entrain de se séparer, il se sent rejeté par sa mère et fait des cauchemars la nuit. Su un coup de tête, Lily décide de partir avec lui à la montagne pour se ressourcer. Au cours de ce voyage, ils rencontreront deux belles personnes et partageront avec elles une tranche de vie.

Les dessins sont beaux et très doux, le scénario simple mais bien ficelé. C'est une histoire emplie d'émotion et de tendresse, un de ces livres-doudous avec lesquels on passe un excellent moment de lecture, enfermé dans sa bulle.
Superbe.

Nos embellies
Gwénola Morizur, Marie Duvoisin
Bamboo (Grand Angle), 2018

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J'aurai mis du temps à me plonger dans la suite de Blacksad depuis ma découverte du tome 1... 

Dans ce tome 2, Blacksad enquête sur la disparition d'une petite fille de couleur du nom de Kyle. Bien vite, il comprend qu'il a mis les pieds dans une affaire qui dépasse largement la disparition de l'enfant. Un parti raciste qui se fait appeler Arctic-Nation n'hésite pas à recourir à la violence ; ses membres agissent cagoulés et vêtus de robes blanches. Tout cela nous rappelle de sombres périodes de l'Histoire et les images sont saisissantes de vérité. Blacksad va trouver un appui en la personne de Weekly, un journaliste (représenté par une fouine !) trop curieux. On retrouvera d'ailleurs ce nouveau personnage dans le tome suivant.
L'intrigue est bien ficelée, les dessins toujours aussi sublimes (à l'image de cette somptueuse couverture) et l'atmosphère incroyablement bien rendue.
Un superbe deuxième tome.

Blacksad #2 - Arctic-Nation
Juan Díaz Canales, Juanjo Guarnido
Dargaud, 2015

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Enthousiasmée par le deuxième tome, j'ai donc enchaîné avec la lecture du troisième !

Cette fois, nous retrouvons Blacksad à Las Vegas où il travaille comme garde du corps pour un riche joueur. Par hasard, il va retrouver là-bas un vieil ami, Otto Lieber, scientifique renommé, de passage dans la ville pour donner une conférence. Ces retrouvailles vont l'embarquer dans une sombre affaire.
Dans un univers encore différent de ceux des précédents tomes, on en découvre davantage sur le personnage de Blacksad autour d'un scénario passionnant. Nouveau clin d'oeil à l'Histoire, cette fois c'est une allusion au parti nazi qui fait froid dans le dos. La mise en scène, les "prises de vue" et la voix off nous transportent au cinéma, le résultat est tout bonnement bluffant.

Blacksad #3 - Âme Rouge
Juan Díaz Canales, Juanjo Guarnido
Dargaud, 2015

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mercredi 2 février 2011

Aya de Yopougon #2 (Marguerite Abouet et Clément Oubrerie)

Il y a déjà deux ans, je vous avais confié mon coup de coeur pour la série Aya de Yopougon. Depuis, les tomes 5 et 6 ont fait leur apparition et je peux d'ores et déjà vous dire que la qualité de la série est constante et que sa lecture est toujours un réel plaisir.

Tome 5
Pour la première fois, au début de l'ouvrage, une double page est consacrée au résumé des épisodes précédents (jusque là on y trouvait la présentation des personnages), détail que j'ai trouvé très utile car il est vrai qu'en un an on a le temps de perdre un peu le fil de l'histoire.
Nous avions donc laissé tous ces personnages en prise avec leurs différents problèmes. Aya se faisait harceler par son professeur d'université et voulait se venger de lui, Innocent avait quitté Albert et cherchait à redémarrer une nouvelle vie à Paris, Félicité avait été enlevée par son père qui la soupçonnait de cacher une fortune, Gervais songeait enfin à présenter sa compagne Jeanne à sa mère, Adjoua faisait toujours tourner son maquis sans se douter que Mamadou fréquentait quelqu'un d'autre, Hervé tentait de plaire à Rita, Grégoire était ruiné, et Moussa était toujours porté disparu, au grand désespoir de sa mère.
Comme les fois précédentes, dès les premières vignettes, l'accent africain chantait dans ma tête, et rien que pour cela, c'est un grand bonheur de lire les aventures d'Aya. C'est toujours aussi drôle (mention spéciale pour les proverbes africains qui parsèment le texte et qui sont juste désopilants) et enlevé, mais l'histoire n'est pas légère pour autant. Marguerite Abouet s'attaque aux travers de la société africaine avec une certaine férocité. Dans ce tome 5 en particulier, elle critique ouvertement le système religieux avec la naissance de pasteurs qui tiennent davantage du côté commercial que de celui de la foi. Est aussi dans la ligne de mire la position de la femme avec des thèmes tels que l'émancipation, l'éducation, la famille... Au final, sous des dehors bon enfant on a affaire à une bande dessinée infiniment riche avec plusieurs degrés de lecture. Pour ma part je ne m'en lasse pas.

Gallimard (Bayou), 106 pages, novembre 2009



Tome 6
Pas grand-chose à ajouter de plus pour ce sixième tome qui est lui aussi, un vrai bijou et un pur bonheur de lecture. La bande dessinée, ce ne sont pas que des histoires simplistes racontées en images, ça peut-être percutant et intelligent et Aya de Yopougon en est le parfait exemple. Une BD qui fait voyager, qui fait rire, mais qui donne aussi à réfléchir, et ça, ça fait du bien. 
Dans ce dernier tome, la situation de certains personnages a évolué, que ce soit en bien ou en mal. Félicité a été "sauvée" par ses amies et a pu quitter son tyran de père, le beau Didier fait la cour à Aya, Grégoire a trouvé un nouveau "business" dans lequel se reconvertir mais file un très mauvais coton, Moussa a dilapidé l'argent paternel en bonnes oeuvres et se retrouve à présent en prison, Albert veut épouser Isidorine comme couverture de son homosexualité qu'il n'assume toujours pas, Innocent a semble-t-il trouvé l'amour, Mamadou doit maintenant choisir entre sa bourgeoise et la mère de son fils, Bintou va danser dans le cadre de l'émission Super Star Station et Aya rumine toujours ses projets de vengeance au sujet de son professeur pas très net.
L'histoire est réellement passionnante et foisonnante avec la multitude de personnages qui deviennent à présent familiers après 6 tomes . Je pensais que la série allait s'essouffler, j'avais totalement tort, elle gagne au contraire en intensité et a sans-doute encore de beaux jours devant elle. 
A découvrir de toute urgence si vous ne connaissez pas encore Aya.

Gallimard (Bayou), 104 pages, novembre 2010

vendredi 6 février 2009

Aya de Yopougon (Marguerite Abouet - Clément Oubrerie)

J'avais noté le titre de cette série l'année dernière après avoir lu plusieurs billets élogieux à son sujet, et c'est par hasard que je suis tombée dessus lors d'une visite à la médiathèque. J'ai lu les trois premiers tomes, et j'ai tellement aimé que je les ai achetés pour les avoir à moi (qui a dit capitaliste ?!). Et c'est donc naturellement que j'ai commandé le quatrième et dernier tome en date à sa sortie en novembre dernier !

Aya de Yopougonest vraiment une BD à part, bourrée de qualités que je vais tenter d'énumérer...

D'abord il y a le contexte qui est certainement l'élément qui a déclenché chez moi l'envie de lire ces albums.
L'histoire se passe en Côte d'Ivoire, et l'aspect culturel est remarquablement traité, sans sombrer dans les clichés habituels, mais mettant en exergue avec beaucoup d'humour et de finesse des aspects essentiels de la culture africaine.
Pour achever de nous mettre dans le bain, les dialogues regorgent d'expressions typiques, (rassemblées dans un lexique en fin d'ouvrage) et dès les premières pages tournées, je me sentais déjà partie, j'entendais cet accent africain si sympathique résonner dans mes oreilles et je voyageais par procuration.
Autre élément de ce bonus ivoirien, en fin de chaque tome on retrouve des recettes, et des articles pratiques sur des éléments culturels (par exemple comment nouer et porter un pagne, ou comment porter son bébé dans le dos...).

L'histoire en elle-même est une sorte de saga de famille élargie qui a pour personnage central la très sage Aya. Gravitent autour d'elle de nombreux personnages hauts en couleurs, qui, ensemble, construisent un scénario très drôle. On s'attache à chacun d'eux, on suit avec grand plaisir leurs aventures dans Yopougon, et on a hâte de découvrir ce qui va leur arriver. Chaque tome s'achève sur un événement qui donne évidemment très envie de lire la suite, et l'on va de rebondissement en rebondissement.
Au départ j'étais un peu rebutée par les illustrations car je n'aime pas spécialement le style graphique de Clément Oubrerie, et finalement j'ai trouvé qu'il avait su donner une véritable âme aux personnages.
A noter enfin que les ouvrages sont magnifiques ; le papier est de qualité, le format diffère du standard habituel pour les BD, bref, côté esthétique on est servi.

Une vraie lecture plaisir, une lecture drôle, colorée, pimentée, bref, un grand coup de coeur.

D'autres lectrices enthousiastes : Cathe, Florinette, Tamara et Fashion.

Le blog de Clément Oubrerie

Gallimard (collection Bayou)

Tome 1 - 96 pages
Tome 2 - 106 pages
Tome 3 - 128 pages
Tome 4 - 106 pages