Ce roman historique remplit exactement le rôle que j'attends d'un livre : me faire voyager. Que le voyage ait lieu à une autre époque ou à l'époque présente, dans le pays où je vis ou à l'étranger, que l'histoire se déroule dans un univers familier ou inconnu... peut m'importe, pourvu qu'en me plongeant dans un livre, j'en arrive à oublier qui je suis, où je vis et le monde alentour.
C'est ce qui s'est passé avec Le mariage d'Anne d'Orval, et ne serait-ce que pour cela, j'aurais déjà envie de crier au coup de coeur. Mais je garde un peu de réserve, car ce n'est que le premier roman de l'auteur, et je suis persuadée qu'il peut écrire encore mieux !
Le mariage d'Anne d'Orval, c'est une double histoire, d'amour et de haine à la fois. Une histoire dont le personnage central Anne, va être le déclencheur des différents événements, et le moteur des actions de ceux et celles qui l'entourent. Anne, qui est promise par son père à Clément de Merlieu, un seigneur au passé mystérieux, à la réputation de droiture et de bravoure. L'arrivée de ce dernier au domaine d'Orval, dans le but d'épouser la fille du baron, va bouleverser en l'espace de quelques jours l'existence d'Anne et des siens. Je n'en dis pas davantage pour ne pas gâcher le plaisir du lecteur...
Lors des cinquante premières pages, je suis restée légèrement distante, éprouvant de l'intérêt pour l'histoire, mais pas totalement convaincue. C'était probablement le temps nécessaire pour que l'intrigue se mette en place. Une fois passé ce cap, j'ai été littéralement embarquée par le livre et n'ai pu en décrocher (d'ailleurs, avis à ceux qui voudront le lire, surtout ne pas l'ouvrir tardivement en soirée si l'on a dépassé la page cinquante, c'est l'assurance d'une nuit tronquée !). J'ai aimé l'histoire que j'ai trouvée plutôt originale dans la façon dont elle est traitée, et surtout l'intrigue, admirablement déroulée par l'auteur, qui nous tient en haleine jusqu'au bout. Dans la deuxième partie du roman, les choses s'accélèrent et les questions affluent ; on a envie de connaître la vérité, on est suspendu aux mots, on vibre pour les personnages. La fin est superbe, je n'en attendais pas une autre, j'avais peur que l'auteur sombre dans la facilité, mais non, jusqu'à la toute dernière ligne le récit préserve cette impression de force que j'ai ressentie pendant la lecture.
La période choisie (le Moyen-Age) et la région (la Haute Auvergne), couplées à l'écriture de Sébastien Fritsch, ont achevé de me séduire.
Le mariage d'Anne d'Orval est un excellent roman qui m'a captivée, merci pour cet agréable moment de lecture !
Je retrouverai certainement cette belle plume avec grand plaisir.

Un extrait que j'ai trouvé particulièrement beau :

Quatre cierges de chaque côté du catafalque étaient les seules lueurs dans la nef obscure. Ils étaient trop faibles pour révéler tous les détails. Mais ils suffisaient pourtant à ce que l'on distinguât nettement les deux forces qui se partageaient l'espace : le noir et le blanc.
Le noir de la pierre des piliers, des chapiteaux, des arcs et des voûtes, membres et articulations d'un squelette démesuré, figé par la nuit. Le noir des fresques murales dont les riches couleurs, fondues entre elles, s'étaient humblement rendues à l'évidence qu'elles n'existent pas sans lumière. Le noir du bois : les bancs, les prie-dieu, les portes, acceptant seulement, sur leurs surfaces polies par le contact de tant de mains ou de corps, l'infime écho d'un fin reflet émanant de huit flammes.
Le blanc du marbre pavant le sol, cadre opalescent supportant le mobilier. Le blanc de l'autel de pierre, nu, devant lequel reposait le corps d'Amaury. Le blanc verdâtre de la face et des mains du défunt. Le blanc chaleureux de la robe et le blanc pur du visage d'Anne.

Chapitre IX, page 101

A noter que le deuxième roman de l'auteur, Le sixième crime (un polar cette fois), sera disponible en librairie à partir du 16 avril.

Et si vous voulez en savoir davantage sur l'auteur, allez lui rendre visite ici.

L'avis d'Amanda, que je remercie chaleureusement de m'avoir prêté son exemplaire, et celui de Lucile.

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