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Tellement d'encre a coulé depuis la sortie de ce roman que mon billet ne servira pas à grand-chose, mais s'agissant de la célèbre dame qui inventa le jeune sorcier qui me tint éveillée des nuits entières, je me devais d'en parler dans ce salon. Parce que oui, Harry Potter et moi c'est une grande histoire d'amour (je ne suis pas la seule et alors ? j'aime à penser que cette série a été écrite juste pour moi, où est le mal ?!), même qu'aujourd'hui c'est grand matelot qui découvre à son tour cet univers magique (au sens propre et figuré) et que la sauce prend encore une génération après. Comme tous les fans inconsolés depuis des années, j'attendais désespérément un nouveau roman de Rowling, quel qu'il soit, peu importe le genre. L'attente aura été longue mais à l'arrivée nous voilà avec un ouvrage incroyable, encore une fois. Parce que oui, je l'ai aimé ce roman, oui je l'ai trouvé remarquable, n'en déplaisent à certains lecteurs blasés. On est dans un autre registre, bien loin de la littérature de jeunesse, bien plus trash, et alors ? C'est ça le plus grand talent d'un écrivain, savoir jongler d'un monde à l'autre, enthousiasmer les âmes enfantines et faire frémir les déjà devenus grands. 

Une place à prendre, c'est une oeuvre de fiction qui colle au quotidien avec un réalisme surprenant. C'est l'histoire d'une bourgade anglaise et de ses habitants. On y croise plusieurs familles dont le destin est lié plus ou moins directement. A part le fait d'être humains, ils n'ont rien de particulier, ce pourrait être vous ou moi. Chacun avec ses défauts, ses regrets, ses obsessions. Il y a les amitiés indéfectibles, les haines viscérales, les copinages, les ambitions. Il faut s'accrocher au départ pour retenir tous ces noms et les relations qui les animent. J'ai même fini par me faire un schéma pour y voir plus clair. Mais une fois que l'on a saisi qui est qui, on peut alors se plonger pleinement dans le récit et en savourer l'écriture ô combien maîtrisée. Car si Rowling devait encore le prouver, c'est un grand auteur (non, je n'aime pas le mot auteure que je trouve laid) qui nous propose là un roman d'une noirceur incroyable. Chaque petite phrase assassine, chaque pensée malsaine est distillée avec une prose acide qui ne laisse rien au hasard. Amateurs de douceur passez votre chemin ! Au fil des pages s'installe cette atmosphère fétide et vicieuse dont on devine que l'issue ne sera pas un happy end. Il n'y a pas de révélations fracassantes ni de retournements de situation, toute la force de ce roman réside dans cette lente mais inexorable ascension vers l'enfer. Magistral.

Lecture commune avec Mara

Titre original : The casual vacancy
Traduit de l'anglais par Pierre Demarty
Grasset, 682 pages, 2012 pour l'édition originale et la traduction