Neige (Maxence Fermine)
jeudi 26 janvier 2012
Le Japon, XIXème siècle, Yuko a choisi d'être poète contre l'avis de son père. Le jeune homme va apprendre l'art du haïku auprès du maître Soseki, ancien samouraï et peintre aveugle.
Roman initiatique, conte, fable, poème en prose, Neige est un peu tout cela à la fois. Un texte très court mais marquant, qui apaise, qui prend la mesure du temps qui passe. Un univers poétique, l'éloge du beau, la contemplation de la nature. Yuko a décidé de ne composer des haïkus que sur la neige.
La neige est un poème. Un poème qui tombe des nuages en flocons blancs et légers.
Neige, c'est aussi le prénom d'une femme, l'amour perdu de Soseki.
Neige était devenue funambule par souci d'équilibre. Elle, dont la vie se déroulait comme un fil tortueux, entrelacé de noeuds que nouaient et dénouaient la sinuosité du hasard et la platitude de l'existence, excellait dans l'art subtile et périlleux consistant à évoluer sur une corde raide.
Un roman envoûtant, à lire pour la beauté des mots, simplement :
Ecrire, c'est avancer mot à mot sur un fil de beauté, le fil d'un poème, d'une oeuvre, d'une histoire couchée sur un papier de soie. Ecrire, c'est avancer pas à pas, page après page, sur le chemin du livre. Le plus difficile, ce n'est pas de s'élever du sol et de tenir en équilibre, aidé du balancier de sa plume, sur le fil du langage. Ce n'est pas non plus d'aller tout droit, en une ligne continue parfois entrecoupée de vertiges aussi furtifs que la chute d'une virgule, ou que l'obstacle d'un point. Non, le plus difficile, pour le poète, c'est de rester continuellement sur ce fil qu'est l'écriture, de vivre chaque heure de sa vie à hauteur du rêve, de ne jamais redescendre, ne serait-ce qu'un instant, de la corde de son imaginaire. En vérité, le plus difficile, c'est de devenir un funambule du verbe.
Arléa (Points), 84 pages, 1999
Commentaires
Punaise, mais pourquoi ne l'ai-je pas lu encore !
Je l'avais déjà noté quand tu l'avais reçu, j'ai bien fait on dirait !
Je ne crois pas que ce soit le moment pour moi de lire un texte de ce genre! Mais les extraits sont très beaux!
J'avais adoré. Oui, comme une pause, un souffle.
il y a déjà quelques années que j'ai découvert ce petit livre, et encore maintenant j'ai un souvenir trés vivace de cette lecture, comme un émerveillement! c'est bien que tu ai pu vivre un tel moment !
Adoré aussi et si tu ne l'as pas encore lu, dans la même veine il y a "Soie" d'Alessandro Baricco

Ravie de pouvoir laisser un commentaire ici car, ne lisant pas de sagas ni de romans jeunesse, je me sentais un peu perdue chez toi
J'ai un merveilleux et très précis souvenir de cette lecture. C'est avec ce roman que j'avais découvert les haïkus. Je suis d'accord avec Cynthia pour Soie. Ils se rejoignent dans la poésie et le rythme.
Je me rappelle qu'on en avait beaucoup entendu parler à l'époque de sa parution et du coup, je suis incapable de dire si je l'ai lu ou non (ou si j'ai juste retenu l'histoire en en entendant parler !)
Je suis ravie qu'il t'ai plu !
Les extraits que tu as choisi sont très beaux ! Je ne me souvenais pas de ce passage sur l'écriture. ça me donne encore plus envie de le relire !
Il est noté depuis longtemps. Un incontournable je crois.
(nous penserons bien à toi demain).
@Leiloona : Pour la même raison que tous les livres qui s'entassent dans ta PAL, non ?!
@Adalana : Cela devrait te plaire je pense.
@Pimpi : Il est certain qu'il faut choisir son moment pour apprécier ce texte à sa juste valeur.
@emmyne : Un souffle, oui, hors du temps.
@claicile : Une lecture à part...
@Cynthia : Perdue ? Oh, mais non !
Je note pour Soie, merci !
@somaja : Il semble que ce roman marque les lecteurs durablement.
@Joelle : C'est rigolo ce que tu dis car cela m'arrive aussi parfois, ne plus savoir si j'ai lu un livre ou non, tellement j'en ai entendu parler !
@sandy :
Encore merci chère binomette !
@sylire : Incontournable je ne sais pas, mais beau incontestablement.
Un coup de coeur de mon côté qui m'avait complètement envoûtée...
@soukee : Une lecture apaisante qui marque.