Je l'attendais, ce dernier tome de la trilogie The hunger games. Les deux premiers m'avaient hypnotisée, donné une claque. C'était une caresse. J'ai tourné la dernière page il y a un peu moins d'une heure et je me disais que je serais incapable d'en parler ici. Comme toujours, mes émotions dominent. Du coup j'ai eu envie d'exprimer à chaud ce que j'ai ressenti.

Au tout départ, je me suis jetée à corps perdu dans le livre, avec l'intention d'en finir vite, pensant que j'allais avaler ce dernier tome comme ses prédécesseurs. Seulement, parvenue au tiers de ma lecture, j'ai eu besoin d'air, sensation d'étouffer. Le ton était donné dès les premières pages et rien n'irait en s'arrangeant. J'ai eu du mal à accepter la tournure que prenaient les événements, cherchant désespérément une note d'espoir. 
On m'avait dit qu'il fallait oublier les Team Gale et Team Peeta, oublier le passé, mais pour quel avenir ?

Mockingjay n'est plus l'histoire qui m'avait tenue en haleine, celle des Hunger games, celle de cette société régie par un Capitole dictateur, celle de ces districts opprimés depuis tant d'années. Ce pourrait être l'histoire de n'importe quelle nation en guerre, un roman de fiction mais qui illustre avec précision et réalisme ce qu'est la véritable nature de l'être humain, les conflits, la violence... L'image n'est pas reluisante, elle peut même effrayer. Ce qui est sûr, c'est qu'il ne faut pas mettre ce livre entre toutes les mains et préférer un moment où l'on est bien dans sa peau avant de s'y plonger. C'est sombre, très sombre, c'est sans appel, les événements s'enchaînent d'une manière qui semble inéluctable et l'on a le sentiment d'être dans une impasse. Mais une impasse truffée de pièges de toutes sortes. Je n'irai pas jusqu'à dire que les Hunger games étaient une promenade de santé à côté, n'exagérons rien, mais Suzanne Collins a véritablement changé de ton avec ce roman final. Les personnages sont brisés, à la fois physiquement et moralement, ils ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes. Disparus les points de repère, nous somme à présent au coeur de l'histoire. Exit les "jeux", maintenant on s'entretue pour de vrai. 

Alors certes, je me suis sentie trahie, j'ai eu un goût amer dans la bouche en tournant les pages, j'ai regretté les morts. Puis après avoir reposé quelques temps Mockingjay histoire de reprendre mon souffle, j'ai terminé cette histoire en cessant de résister, en acceptant de me laisser porter et de suivre l'auteure où elle voulait m'emmener. Malgré tout, l'instinct a repris le dessus à certains moments et j'ai de nombreuses fois eu envie de lutter de nouveau. Parce que je ne pouvais pas supporter de voir disparaître ces personnages auxquels je m'étais attachée, parce que j'estimais qu'ils avaient eu leur lot de souffrance, qu'ils méritaient un peu de répit. Trop souvent je me suis plainte de ces auteurs consensuels qui protègent leurs héros de papier et répugnent à les faire disparaître. Suzanne Collins n'appartient pas à cette catégorie-là. Elle ose malmener ses personnages au-delà de l'imaginable, elle n'a pas peur de briser le lecteur. 

A celles et ceux qui croyaient au happy end, qui imaginaient que le pire était resté dans l'arène des Hunger games, ils se trompaient, lourdement. Et moi avec.


Les billets de Cécile et Clarabel, mes camarades d'infortune...

Scholastic, 455 pages, août 2010


 * * * Par égard pour les lecteurs qui n'ont pas encore lu Mockingjay, merci de signaler lorsque il y a des spoilers dans votre commentaire, MERCI ! * * *