Ce n'est que le deuxième roman que je lis de l'auteur mais certainement pas le dernier. Je l'ai découverte avec Comment (bien) rater ses vacances, un roman totalement jubilatoire que j'ai adoré.
Le premier été ne verse pas du tout dans le même registre et pourtant cette lecture m'a confirmé tout le bien que je pensais de l'écriture d'Anne Percin

Ne vous méprenez pas et ne vous fiez pas à la couverture ni au titre, Le premier été est un roman dur et douloureux, pas de ceux que l'on emporte à la plage pour se détendre. 
Deux soeurs se retrouvent en Haute-Saône par une fin d'été pour vider la maison familiale après le décès de leurs grands-parents. Catherine la benjamine entreprend alors de conter la terrible histoire qu'elle a vécue quinze années plus tôt dans ce même village. 

Les descriptions du temps qui passe, des paysages, la sensualité des êtres et dans le même temps la cruauté des mots, de la vie. C'est un savant mélange entre les souvenirs, l'exaltation des sens et ce passé terrible qui assomme le lecteur et le laisse coi.
La tension est présente dès les premières pages, on sent d'emblée que l'on s'achemine vers un récit très sombre et l'on a peur de ce qu'on va trouver au bout.
Une histoire qui fait mal, qui chamboule, servie par une écriture percutante et poétique à la fois. Il y a dans ce roman une espèce de dualité entre le beau et l'horreur, la douceur et la méchanceté. 

Un roman qui ne laisse pas indemne, une vraie claque. Superbe.

A le voir si raisonnable, si distant, ravalant sa peine et les larmes qui auraient dû couler, on comprenait qu'il venait de vieillir prématurément. Tous les crève-coeurs de l'enfance sont des douleurs saignantes qui se referment et laissent des cicatrices. La sagesse n'est rien d'autre qu'un réseau de stigmates. 


Ce qu'en ont pensé ICB, Clara et Laure


Rouergue (La brune), 162 pages, août 2011