The Hate U Give (Angie Thomas)
vendredi 11 mai 2018
Starr a seize ans, elle est noire et vit dans un quartier difficile, rythmé par les guerres entre gangs, la drogue et les descentes de police. Tous les jours, elle rejoint son lycée blanc situé dans une banlieue chic ; tous les jours, elle fait le grand écart entre ses deux vies, ses deux mondes. Mais tout vole en éclats le soir où son ami d'enfance Khalil est tué. Sous ses yeux, de trois balles dans le dos. Par un policier trop nerveux. Starr est la seule témoin. Et tandis que son quartier s'embrase, tandis que la police cherche à enterrer l'affaire, tandis que les gangs font pression sur elle pour qu'elle se taise, Starr va apprendre à surmonter son deuil et sa colère ; et à redresser la tête.
Ce roman fait le buzz depuis sa sortie aux Etats-Unis l'an dernier et continue de faire parler de lui avec sa sortie en français le mois dernier. Présenté comme un texte coup de poing portant sur les sujets sensibles du racisme et de l'intégration, il a, paraît-il, bousculé l'Amérique. Il me semble qu'en Europe, il ne fera peut-être pas écho de la même manière en raison de la différence de cultures.
Pour ma part, j'attendais énormément de ce livre et j'ai été déçue. L'histoire est prenante et l'effet d'immersion immédiat, on se retrouve aux côtés de Starr, cette jeune fille qui navigue entre deux univers et ne sait plus où est sa place véritable. Le texte est rythmé, l'auteur colle au plus près de ses personnages en adoptant leur langage, et en cela j'ai trouvé le roman réussi.
Mais, car il y a un mais, je crains être passée totalement à côté de l'essence même du récit. Je n'ai pas été touchée par ce que traverse Starr, aussi horrible que soit le point de départ du livre, je suis restée simple spectatrice. Peut-être est-ce dû à la vision somme toute assez caricaturale donnée par l'auteur. Le sujet délicat du racisme méritait à mon sens d'être un peu plus creusé, ou au moins abordé autrement qu'à travers ce regard très manichéen. Pour faire bonne figure et donner un souffle d'espoir au livre, Angie Thomas affuble Starr d'un petit ami blanc vertueux, mais même là, cela sonne faux. Certains dialogues m'ont horrifiée et donné l'impression que finalement, tout le monde dans l'histoire était, d'une certaine manière, raciste. Chaque personnage appréhende les autres d'abord par sa couleur de peau, et j'avoue que je n'ai pas trouvé cela crédible ou touchant, mais exagéré et maladroit.
J'ai donc lu The Hate U Give sans réelle conviction et n'y ai pas trouvé ce qui a enthousiasmé bien des lecteurs.
Titre original : The Hate U Give
Traduit de l'anglais par Nathalie Bru
Nathan, 496 pages, 2017 pour l'édition originale, 2018 pour l'édition française
Commentaires
Ah ben mince alors !
Contrairement à toi, je n'ai pas trouvé le roman manichéen, au contraire. Les points de vue et contradictions qui animent noirs et blancs montrent bien que tout n'est pas simple à l'intérieur même de chaque communauté. C'est d'ailleurs à mon avis tout l'intérêt de la relation entre Starr et son boyfriend.
Quant à ce que chacun appréhende le monde par sa couleur de peau, ce n'est malheureusement pas exagéré mais bel et bien la vérité de ce qui se passe aux États-Unis où le racisme s’exprime différemment de chez nous.
Peut-être aurais-tu plus accroché par si le roman n'était pas avant tout destiné aux Young Adults?
@Autist Reading : Je ne pense pas que ma déception soit liée au fait que c'est un livre YA, parce qu'habituellement c'est au contraire plutôt mon genre de prédilection. Je pense que ce n'était tout simplement pas un roman pour moi. En tout cas, c'est intéressant de lire le point de vue d'autres lecteurs, ça fait prendre conscience une fois de plus qu'il y a autant de lectures que de lecteurs, et qu'un même roman peut être perçu différemment.
Je l'ai pour ma part beaucoup aimé (mais lu il y a un bon moment) et j'ai trouvé que oui, tout le monde était un peu raciste. Et que justement, ça donnait une contrepartie intéressante. MAis contrairement à toi, j'ai été touchée.
@Karine : Sur ce coup-là, pour une fois, moi qui suis habituellement plutôt "bon public", je suis à contre-courant de la majorité des lecteurs qui ont adoré ce roman, snif !!