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C'est un livre estampillé "roman" sur la couverture, mais en réalité il n'a pas grand-chose d'un roman. 

Dans ce texte, l'auteur d'origine ivoirienne revient sur son expérience de vigile, profession qu'il a exercée à Paris à son arrivée en France. Le texte est construit sur une alternance de courts paragraphes et de véritables chapitres. Les premiers sont des sortes de brèves, réflexions du vigile pendant qu'il est à son poste, ou récits de situations incongrues qu'il a vécues. Les derniers retracent l'Histoire de la communauté africaine en France entre les années 60 et 90 tout en conservant le thème central du livre, à savoir le métier de vigile. 

Debout-payé, ceux qui sont payés pour rester debout, il fallait y penser, à ce titre, et surtout à raconter la vie de ces hommes invisibles et pourtant présent dans de nombreux lieux publics, grands magasins et administrations. 

C'est un ouvrage drôle avec son ton résolument humoristique (parfois acide, aussi), mais aussi très intéressant à lire parce qu'il dépeint un monde inconnu (en tout cas pour moi) et étonnant.

On y apprend une multitude de détails sur le quotidien des vigiles, de leur embauche à l'exercice même de leur job. Les longues journées passées debout, l'ennui, les situations cocasses, parfois de l'action, le milieu africain (car, nous apprend Gauz, la majorité des vigiles sont noirs et originaires d'Afrique). 
Tout cela est présenté avec beaucoup de verve, et remarquablement écrit. Une chose est sure, je ne verrai jamais plus les vigiles du même oeil !

RADIO CAMAÏEU. C'est la musique diffusée à longueur de journée dans le magasin. Avec Radio Camaïeu, en moyenne sur 10 chansons, 7 sont chantées par des femmes, 2 en duo avec un homme, une seule par un homme. A raison de 3 minutes par chanson, soit 20 chansons à l'heure, le vigile tourne à 120 horreurs sonores en 6 heures de vacation. La pause est une grande avancée syndicale.

FESSES DROITES. Bien qu'on puisse en dégager quelques grands groupes, la forme des fesses est aussi unique qu'une empreinte digitale. Quand le vigile se met à penser à ce qui se passerait dans les commissariats si c'était ce système d'identification qui avait été choisi par les pouvoirs publics.

SEPHORAAAA OU SEPHOOOORA. Le Sephora des Champs-Elysées est l'un des plus grands du monde. En arrivant ou en passant devant la boutique, il est très fréquent d'entendre les gens s'écrier à haute voix comme s'ils venaient de voir une vieille connaissance dans les bras de laquelle ils allaient se jeter : "Sephoraaaaa !", version française. "Oh my god ! Sephoooora !", version anglaise.

CODE-BARRES. Un code-barres est tatoué sur le cou d'une jeune fille. Grande tentation de lui passer le pistolet à infrarouges de la caisse pour savoir combien elle coûte.

Le nouvel Attila, 172 pages, 2014