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dimanche 21 juin 2015

Les insurgés (Malorie Blackman)

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Une dystopie avec un brin de fantastique, Les insurgés avait tout pour me plaire en théorie. Ce livre écrit par Malorie Blackman n'est malheureusement pas aussi réussi que ceux que j'ai pu lire d'elle jusqu'à présent,  à savoir la sublime série Entre chiens et loups et, dans un tout autre style, Boys don't cry.

Notons toutefois un point extrêmement positif, il s'agit d'un roman unique !

Après une période de guerre et de conflits, un monde nouveau (l'Alliance) a été créé, fondé sur un principe unique : la vie humaine comme bien le plus précieux. Au sein de l'Alliance, les gardiens sont les garants de la sécurité des individus et doivent les protéger contre les rebelles mais sans avoir recours à la violence. Ils n'ont pas le droit de tuer et leurs armes sont non létales. Kaspar, 17 ans, est l'un d'entre eux.

Ce qui m'a gênée dans ce roman, c'est son manque de clarté, à la fois dans la description de l'univers dans lequel évolue les personnages et dans le déroulement de l'histoire. Il est fort possible que ma lecture ait souffert de l'état de fatigue avancé dans lequel je me trouvais lorsque j'ai entamé ce livre, néanmoins, j'ai eu le sentiment, à chaque fois que je le reposais, qu'il était difficile de s'y replonger. A chaque fois je peinais à me remémorer les faits précédents. Et c'est donc la raison évidente pour laquelle je n'ai pas pleinement apprécié Les insurgés. Ce ne fut pas une lecture fluide, loin de là.
J'y ai toutefois retrouvé l'écriture de Malorie Blackman, capable de camper une atmosphère en quelques lignes. Et rien que pour ça, je recommande cette lecture qui ne m'a pourtant pas transcendée. Une incursion intéressante dans son univers, mais sans-doute pas la meilleure.

Titre original : Noble conflict
Traduit de l'anglais par Amélie Sarn
Milan (Macadam), 342 pages, 2015 pour l'édition française et 2013 pour l'édition originale

 

jeudi 13 septembre 2012

Le retour de l'aube (Malorie Blackman)

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Troisième coup de coeur sur quatre tomes, on ne pourra pas dire que cette série m'aura laissée de marbre !
Le retour de l'aube est donc le dernier volet de l'histoire entamée avec Callum et Sephy dans Entre chiens et loups. Ensuite, il y a eu La couleur de la haine, peut-être le tome que j'ai le moins aimé des quatre mais qui est tout de même très bon. Puis, l'arrivée du personnage de Callie dans Le choix d'aimer qui m'avait bouleversée. Cette fois-ci, nous retrouvons de nouveau Callie pour clore cette saga familiale ô combien douloureuse et amère.

* * * ATTENTION SPOILERS SUR LE TOME PRECEDENT * * *  Callie a changé, elle s'est réconciliée avec sa mère et a cessé ses activités de terrorisme au sein de la milice. Elle ne s'est pas encore remise du décès de sa grand-mère Jasmine et ne se pardonne pas d'avoir fabriqué la bombe qui en est la cause. Mais la vie continue et Callie doit affronter le présent avec ce sentiment de culpabilité omniprésent. Heureusement, Tobey, son meilleur ami est là pour la soutenir. * * * FIN DES SPOILERS * * *  

On retrouve en Callie et Tobey un couple similaire à celui de Callum et Sephy. Callie est de sang mêlé mais elle est tout de même considérée davantage comme une prima tandis que Tobey est un nihil. Ils sont voisins et fréquentent le même lycée mais le quotidien de Tobey est plus compliqué que celui de Callie. Tobey n'a pas une existence confortable, il n'a pas un sou en poche et ça le mine. Ça le mine tellement, qu'à un moment donné, il va faire un mauvais choix, celui de la facilité. A partir de là, c'est une lente mais inexorable descente aux enfers.
Une fois encore, l'écriture de Malorie Blackman m'a totalement happée. Le personnage de Tobey est fascinant parce qu'il est à la fois intelligent et vulnérable, terriblement humain dans sa façon de réagir et d'agir. Ce roman, à l'image des précédents, n'est pas simplement basé sur un rapport entre bien et mal, l'auteur va bien plus loin que cela et place ses personnages dans des positions très inconfortables. Quels que soient leurs choix, le chemin qu'ils suivront ne sera pas simple mais au contraire pavé d'épreuves à surmonter. A chaque virage, on ne peut s'empêcher de se demander pourquoi Tobey prend telle ou telle direction et comment il va affronter la réalité, quelle sera la prochaine étape. Au fil des pages, l'intensité va crescendo et d'un coup on se retrouve à un point de non retour, Tobey est coincé et c'est terriblement angoissant de le voir ainsi. Si je parle beaucoup de Tobey dans ce billet, c'est tout simplement parce que Callie est moins présente dans ce tome même si elle a aussi un rôle important à jouer. 

J'avais lu quelque part que ce quatrième tome était "le tome en trop", dispensable et inutile dans la série. J'avais même hésité à le lire. Heureusement, ma curiosité a été la plus forte et je ne partage absolument pas cet avis, ce dernier tome m'a profondément remuée à l'instar des précédents et a, à mon sens, toute sa place dans la saga. 
Le dénouement m'a tiré des larmes et j'ai refermé ce livre le coeur gros. 
Une série magnifique qui ne faiblit à aucun moment, elle me marquera durablement.

Titre original : Double cross
Traduit de l'anglais par Amélie Sarn
Milan (Macadam), 436 pages, 2009 pour l'édition française et 2008 pour l'édition originale

mercredi 1 août 2012

Boys don't cry (Malorie Blackman)

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Décidément, je suis conquise par l'écriture de Malorie Blackman ! Ici, je l'ai découverte dans un tout autre registre que celui d'Entre chiens et loups. Moins sombre aussi, mais pas léger pour autant.

Dante est un jeune homme de presque 18 ans, il vient d'obtenir son bac avec mention et s'apprête à entrer à l'université avec un an d'avance. Ça, c'était son plan, avant que son ex ne débarque un beau matin chez lui avec un bébé... qui s'avère être le sien. 

Il y a Dante, son jeune frère Adam et leur père. La maman est morte il y a longtemps. Il y a bien la tante Jackie, mais on la voit peu. Les trois protagonistes principaux sont des hommes et leur histoire est racontée par une femme. 
J'ai énormément aimé ce roman dans lequel j'ai chaque fois pris un immense plaisir à me replonger.
C'est une histoire banale ou presque, autant que peut l'être le fait de devenir père à 17 ans. Dante est un ado comme les autres, il est studieux et brillant mais aime aussi s'amuser et fantasmer sur les jolies filles. Avoir un bébé n'est pas dans ses plans, du moins pas si jeune. C'est un mec intelligent et lucide, touchant. Je me suis sentie comme chez moi dans ce foyer. Je me suis prise d'affection pour les trois personnages. J'ai aimé la réaction du père, sa présence indispensable, sa façon de se poser auprès des ses deux garçons, de les épauler face à leurs problèmes. J'ai aimé Adam, sa belle gueule, son humour corrosif, son esprit et les joutes verbales incessantes entre frères.

Voilà, c'est une histoire banale mais tellement bien écrite qu'on ne peut pas s'en détacher. C'est doux et amer à la fois, c'est beau. C'est la vie.

Merci Clarabel

Milan (Macadam), 2011, 286 pages

vendredi 3 février 2012

Le choix d'aimer (Malorie Blackman)

Le premier tome, Entre chiens et loups, m'avait bouleversée. Le deuxième tome, La couleur de la haine, m'avait remuée. Celui-ci, à mon humble avis, s'élève à la hauteur du premier et c'est un nouveau coup de coeur pour moi dans cette série qui me marquera durablement.

* * * Attention, spoilers sur les tomes précédents * * *

A la fin du tome 2, Sephie vient d'avoir une petite fille, Callie Rose, dont le père est Callum. Ce troisième tome est centré sur ce nouveau personnage, cette enfant née d'une mère noire et d'un père blanc. Comment grandir dans une société où le clivage entre les deux races est toujours présent alors que l'on porte en soi les deux couleurs ? Au-delà de ce problème d'appartenance à l'une ou l'autre des deux races, Callie doit aussi apprendre à se construire avec un passé familial douloureux. Callum a été pendu pour acte de terrorisme, le père de Sephy a quitté sa femme et rejette sa fille et sa petite fille "bâtarde", la maman de Sephy a longtemps été alcoolique, la mère de Callum fait du chantage affectif pour garder Sephy et Callie auprès d'elle et Jude, l'oncle maudit, a basculé dans la haine. Sephy, quant à elle, se remet à peine de la mort de Callum et ne parvient plus à aimer. Callie, 16 ans, se retrouve donc au milieu de tous ces membres de la famille plus ou moins cassés, chacun avec ses déboires et ses défauts. Longtemps, on a caché à Callie la véritable cause du décès de son père, elle l'a cru mort d'un accident de voiture depuis sa plus tendre enfance et s'est persuadée que sa mère ne l'aime pas. Un beau jour, la vérité éclate et Callie va devoir vivre avec cette nouvelle image paternelle pas très reluisante. 

Le choix d'aimer fait intervenir plusieurs narrateurs, Callie bien sûr, mais aussi Sephy, Jasmine, Meggie et Jude. Tour à tour, chacun de ces personnages nous raconte l'histoire de son point de vue et le roman est construit sur un va-et-vient entre passé et présent depuis la naissance de Callie jusqu'à ses 16 ans. Dès les premières pages on plonge dans le vif du sujet et la tension est à son maximum. Difficile de reposer le livre, difficile de respirer et de ne pas éprouver d'empathie pour ces êtres cabossés. La violence et les souffrances vécues par les parents de Callie ont rejailli sur elle. C'est une jeune fille intelligente et forte, qui s'est endurcie au fil des ans, a grandi en se forgeant une carapace qu'il lui est difficile de briser. Faire Le choix d'aimer, c'est renverser toutes les barrières qu'elle a érigées autour d'elle et changer son regard sur le monde. Peut-elle seulement y parvenir ? 

Encore une lecture coup de poing qui m'a laissée dans un état difficilement descriptible, à la fois émue, choquée, triste mais aussi avec un soupçon d'espoir, l'envie de croire qu'on peut quand-même surmonter l'horreur et trouver le bonheur au bout du tunnel, ne pas reproduire forcément les erreurs de ses parents et se faire sa propre expérience.

Lecture commune avec Lael
Theoma l'a lu aussi

Titre original : Checkmate
Traduit de l'anglais par Amélie Sarn
Milan (Macadam), 473 pages, 2006 pour l'édition française et 2005 pour l'édition originale

 

dimanche 25 septembre 2011

La couleur de la haine (Malorie Blackman)

* * * Attention, spoilers sur le tome 1, ne pas lire ce billet si vous avez l'intention de lire Entre chiens et loups * * *

La couleur de la haine est la suite d'Entre chiens et loups, une lecture qui m'a bousculée.
Aux âmes sensibles je conseille de choisir le moment opportun pour lire ce deuxième tome qui n'épargne pas le lecteur. Naïvement, j'espérais que le début du roman serait plus tranquille, le temps de se remettre de ses émotions du premier tome et d'analyser la situation. Il n'en est rien et dès les premières lignes, Malorie Blackman nous plonge dans la violence et la haine. La haine,  fil conducteur de cette histoire qui, je le crains, ne connaîtra pas de dénouement heureux.

La couleur de la haine est centré sur les personnages de Jude (le frère de Callum) et de Sephy. Deux jeunes personnes que la vie a brisés, opposés l'un à l'autre par une société qu'ils exècrent et dont ils sont les victimes, les jouets. Chacun d'un côté du monde, prisonnier de sa couleur et dans l'incapacité de changer les choses. Car au fond, peut-on les changer ? 
Sephy a grandi malgré elle avec la naissance de sa fille Callie Rose et prend conscience de l'horreur qui l'entoure. Elle rejette les siens, ne sait plus où est sa place, ni chez les blancs ni chez les noirs. Les premiers ne la comprennent pas, les seconds jugent qu'elle a trahi. Comment vivre dans cet affrontement perpétuel des deux races et ne pas souffrir ? Comment élever une enfant qui porte en elle les deux couleurs et comment la protéger des autres ? Sephy a fait le choix douloureux de sacrifier Callum pour garder sa fille. Un choix difficile à assumer quand à chaque instant elle pense à son amour perdu. Il lui faudra de la force pour élever Callie Rose toute seule et l'aimer. 
Jude s'est forgé une carapace qui lui interdit tout sentiment à part la haine. Il a juré de venger la mort de Callum et ne vit plus que pour cela. On le sentait sur la tangente dans le premier tome, mais à présent Jude a sombré dans la cruauté en perdant le peu d'humanité qui lui restait. Victime du système qui lui a enlevé ceux qu'il aimait ? Condamné à haïr pour survivre ? Il n'est pas aisé de ressentir de l'empathie à son égard, mais l'on ne peut s'empêcher d'espérer une rédemption, une prise de conscience.

La couleur de la haine n'est pas un coup de coeur car je lui ai préféré (de peu) le premier tome, mais c'est une suite totalement réussie qui m'a remuée et heurtée à plusieurs reprises. Si vous ouvrez ce livre, vous embarquerez pour l'indicible, pour un monde de douleurs et de peines. C'est un roman dur et implacable qui va au-delà du premier tome et ne laisse aucun répit au lecteur. Pas d'espoir dans La couleur de la haine qui repousse encore les limites de l'horreur. Je tremble à l'idée de lire la suite et de découvrir la teneur des évènements à venir. Je ne peux m'empêcher de croire que, d'une façon ou d'une autre, les choses s'arrangeront, mais une petite voix au fond de moi me dit qu'il y a peu de chances que cette histoire entamée dans le chagrin se termine comme un conte de fée. Un excellent roman qui ne laisse pas insensible.

Lael était ma complice dans cette lecture commune.

Titre original : Knife Edge
Traduit de l'anglais par Amélie Sarn
Milan (Macadam), 389 pages, 2006 pour l'édition française et 2004 pour l'édition originale

mardi 6 septembre 2011

Entre chiens et loups (Malorie Blackman)

Comme un fait exprès, j'ai ouvert par hasard ce roman en même temps qu'Afirik. Même thème mais une façon différente de le traiter. Ici, nous sommes dans un récit qui ne s'inscrit ni dans le temps ni dans l'espace, c'est une fiction qui pourrait se dérouler dans le futur ou dans le passé et dans n'importe quel pays. Si je précise cela, c'est justement parce que c'est cette absence de détails qui fait toute la force de ce roman. Finalement, on se fiche de savoir où et quand on est, ce qui nous importe ce sont les personnages.
On est dans un monde où les noirs sont riches et les blancs pauvres et où les deux communautés s'affrontent bien que l'esclavage soit aboli. Dans ce monde aux allures d'apartheid, Callum et Sephie s'aiment en secret. Parce qu'il est né blanc et pauvre, parce qu'elle est née noire dans une famille influente, être ensemble leur est interdit. Prisonniers de leurs milieux respectifs, ils tentent de lutter à leur niveau, mais que faire face à l'impossible ? Des gouttes d'eau dans un océan. Pourtant, on ne peut s'empêcher d'y croire à cette histoire. Parce qu'il est impensable que l'amour ne puisse exister simplement pour une différence de couleur, parce qu'on ne peut pas accepter qu'un pareil monde existe. Et pourtant, l'Histoire nous a montré plus d'une fois que la frontière entre fiction et réalité est bien mince. 
Dès le début, j'ai été happée par les mots, portée par ce style simple, direct et incisif. J'ai eu la gorge serrée, j'ai pleuré aussi. J'ai encaissé les coups les uns après les autres. Quelle claque ! Magistral.
A mettre entre les mains des ados (mais pas trop jeunes quand-même, certaines scènes sont difficiles) pour ne pas oublier que la violence n'est jamais loin et que malheureusement, l'égalité entre les hommes dans le monde reste une utopie.
Gros coup de coeur.

Entre chiens et loups a une et même plusieurs suites, 4 tomes en tout composent cette série qui est intégralement traduite en français.

Lecture commune avec Lael

Elles l'ont lu aussi : Cécile et Azilys

Titre original : Noughts and Crosses
Traduit de l'anglais par Amélie Sarn
Milan (Macadam), 396 pages, 2005 pour l'édition française et 2001 pour l'édition originale