Mot-clé - Gaëlle Nohant

Fil des billets - Fil des commentaires

samedi 27 août 2016

La part des flammes (Gaëlle Nohant)

c9c6cb6b-92e0-4589-a43f-fa20881ebd11.jpgC'est honteux, mais voilà encore un roman qui aura séjourné sur mes étagères bien trop longtemps...! 
J'ai découvert l'écriture merveilleuse de Gaëlle Nohant avec son premier roman L'ancre des rêves, un brin fantastique. Ici, changement de genre pour le roman historique.  
En mai 1897, un incendie se déclare au Bazar de la Charité à Paris, coûtant la vie à plus de 120 personnes, majoritairement des femmes issues de la haute société. A partir de ce fait réel, l'auteur a écrit une fiction qui prend pour cadre le Paris de la fin du XIXème. L'histoire se déroule en trois temps, elle démarre quelques jours avant l'incendie, se déroule pendant la catastrophe et trouvera son dénouement quelques semaines plus tard. En son cœur, deux personnages principaux, Violaine de Raezal, une jeune veuve qui souffre de mauvaise réputation, et Constance d'Estingel, une jeune fille qui vient de rompre ses fiançailles.   
Nombreux sont les thèmes abordés dans ce roman finalement assez dense, mais le plus important est sans-doute celui de la place des femmes dans la société. Si l'on se replonge dans le contexte historique, les femmes n'ont à l'époque que peu de droits et existent essentiellement à travers leur mari. L'incendie du Bazar posa un réel souci dans la mesure où les malheureuses rescapées étaient souvent trop amochée voire handicapées pour espérer trouver un bon parti.
L'histoire de Gaëlle Nohant est un voyage dans le temps pour le lecteur, mais pas que. C'est avant tout un roman d'atmosphère avec des personnages forts. Le temps de cette lecture, on est totalement immergé dans le récit et l'on passe par tout un panel d'émotions.
Un superbe livre (la bonne nouvelle, c'est qu'il est sorti en poche !).

Héloïse d'Ormesson, 492 pages, 2015

jeudi 22 octobre 2009

L'ancre des rêves (Gaëlle Nohant)

Attention, pépite ! Quel bijou ce roman ! J'ai frôlé le coup de cœur. D'ailleurs c'en est quasiment un, il manquait juste un soupçon supplémentaire de magie et on y était !
Je crois que le principal et seul reproche que je ferai à l'encontre de L'ancre des rêves c'est sa longueur... Bien trop court ! Les pages défilent à toute vitesse et on est déjà à la fin alors que j'aurais voulu prolonger un peu ce voyage, rester encore quelques temps avec les personnages (auxquels je me suis bien évidemment attachée) et découvrir d'autres détails de leur existence.
Avouez que quand un livre semble trop court, c'est plutôt bon signe !

L'ancre des rêves, c'est un roman qui flirte avec le fantastique et plonge son lecteur dans une atmosphère digne des légendes bretonnes. Les marins morts en mer, les navires coulés dont les épaves recouvrent le fond, la brume, le bruit du ressac... autant de détails qui participent de la magie qui imprègne cette histoire.
Une histoire qui se déroule sur plusieurs générations et m'a rappelé d'une certaine manière L'amour dans l'âme de Daphné Du Maurier. On y retrouve cette même attirance pour la mer, quasi aliénante et destructrice, et cette force mystérieuse des liens du sang.
Le récit est prenant, le suspense m'a tenue en haleine presque jusqu'au bout et j'ai énormément aimé ces allers-retours entre rêves et réalité. La description des songes en eux-mêmes est superbe, au bout de quelques lignes j'avais déjà créé mon décor et je vibrais avec les frères Guérindel, je partageais leurs nuits cauchemardesques.
Quant au style d'écriture, j'ai accroché de suite. Une plume simple, sans fioriture mais poétique et très évocatrice. J'ai relevé quantité de passages au cours de ma lecture, chose qui ne m'arrive pas si souvent que cela.

L'ancre des rêves est le premier roman de Gaëlle Nohant à avoir été publié, j'espère qu'il y en aura d'autres, en tout cas moi je suis tombée sous le charme de cette romancière talentueuse.

En mer, pendant des semaines qui n'avaient plus d'heures, plus de jours, plus de nuits, ils avaient été obsédés par l'idée du retour, jusqu'à épuisement des forces et des rêves. Ils marchaient sur les pavés avec ce léger déhanchement que crée le roulis du bateau et cette démarche bizarre trahissait leur nouvel état d'exilés permanents, condamnés de n'être plus à leur place que dans le vide hostile du grand large. Avant que la vie revienne irriguer de sa sève les arbres nus, ils auraient regagné leur prison de bois flottant, les planches moisies de leurs "cabanes" où ils s'enfonçaient pour dormir  tout habillés avec leurs bottes, et les saisons de la terre s'effaceraient pour laisser place au désert mouvant, glacé de l'Océan, là où le temps glissait dans l'irréalité, où les feuilles justes écloses, le velouté des fleurs, la blondeur des blés se fondaient dans cet alliage  de vieux souvenirs qui fabriquent des légendes. Et peu à peu l'été saturé de parfums , le printemps licencieux, impatient, rejoindraient les histoires transmises aux veillées , réalités douteuses, intangibles, suspendues entre ce monde et l'autre tel le clocher de la cathédrale d'Ys immergé sous les eaux.

* * *

Cet entêtement parental à les vouloir responsables les uns des autres , comme s'ils n'étaient pas réunis par le hasard de la procréation, comme si les plus petits étaient des cadeaux offerts aux aînés, mécaniques ultrasensibles requérant une vigilance de chaque instant, dépourvues de pièces de rechange, qu'il ne fallait laisser personne abîmer ou voler sous peine de passer sa vie entière à expier.

* * *

Ils ne se disaient jamais fais de beaux rêves. Bonne nuit, c'était déjà une espérance.

* * *

Et même si Samson chancelait encore sur ses jambes, bientôt, celle qui s'enivrait de l'arôme des jeunes enfants, l'ogresse précautionneuse qui redessinait les petits plis de leurs cous et de leurs cuisses d'un doigt délicat, celle-là n'existerait plus. Déjà elle savait (feignant de l'ignorer) que son corps ne serait plus plein, gonflé, habité.

Une interview passionnante de l'auteur (à regarder plutôt après avoir lu son roman) sur Auteurs.tv.

Le blog de l'auteur

Un gros bisou à Yann qui me l'a offert ; j'ai attendu presque deux ans pour le lire (la honte), mais je l'ai dégusté phrase après phrase !

Lecture commune avec Sylire et Kali, Caro[line] nous ayant abandonnées en cours de route pour cause d'emploi du temps chargé.
Caro[line], il faut le lire !!!

Robert Laffont - 381 pages