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jeudi 3 mars 2016

Intemporia #2 ~ Le trône du prince (Claire-Lise Marguier)

couv-intemporia2-ok.inddSuite de la série de fantasy Intemporia dont le premier tome m'avait fait grande impression. 

Yoran, rongé par la culpabilité, décide de quitter à nouveau son village pour retourner auprès de son ami Tadeck et des autres insoumis. Ensemble, ils doivent tenter le tout pour le tout et faire asseoir le prince héritier sur le trône afin de renverser le régime cruel de la reine Yélana.

Curieusement, et alors même que celui-ci est bien plus court, ce deuxième tome m'a semblé long et j'ai mis du temps avant d'entrer dans l'histoire.
J'ai trouvé que l'intrigue n'évoluait pas beaucoup, que c'était un tome assez statique et me suis plutôt ennuyée dans la première partie.
En revanche, j'ai apprécié, comme dans le tome 1, l'écriture, les personnages et l'univers du roman. Ces points forts qui m'avaient marquée dans Le sceau de la reine sont toujours bien présents ici, et c'est tant mieux. Claire-Lise Marguier possède un vrai talent de conteuse et c'est un pur plaisir de la lire. Ses personnages sont complexes (un peu trop nombreux aussi, pas toujours facile de s'y retrouver) et terriblement humains, chacun est soumis à des épreuves qu'il traversera avec plus ou moins de succès. J'aime l'idée qu'ils ne se trouvent pas uniquement du côté du bien ou du mal, mais naviguent entre les deux avec leurs faiblesses et leurs atouts.
Si ce tome m'a moins séduite que le premier, je ne doute pas un seul instant que le dernier sera réussi, il promet même d'être époustouflant au vu de la tournure des événements. Vivement la fin, donc !

Rouergue (épik), 364 pages, 2015

mercredi 8 octobre 2014

Intemporia #1 ~ Le sceau de la reine (Claire-Lise Marguier)

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Il y a deux ans de cela, j'ai découvert la plume de Claire-Lise Marguier avec sont sublime Le faire ou mourir. J'ai par la suite lu son deuxième roman, Les noces clandestines, qui m'a définitivement convaincue que c'était un auteur à suivre. Troisième roman, donc, et on la retrouve dans un tout autre style avec le premier titre de la nouvelle collection du Rouergue, épik, consacrée aux genres de l'imaginaire. 
Le sceau de la reine est le premier tome de la série Intemporia qui devrait en compter trois au final.
C'est l'histoire d'un royaume asservi par Yélana, une reine assoiffée de pouvoir. Dans ce royaume, un petit village coupé du reste du monde mène une vie paisible à l'abri derrière son bouclier magique jusqu'au jour où celui-ci faiblit. La maladie s'abat alors sur ses habitants et Yoran, un jeune homme nouvellement marié va décider de quitter sa communauté pour tenter de sauver sa belle qui se meurt.
Voilà un premier tome jouissif à lire qui promet une magnifique série. L'univers fantastique aux allures moyenâgeuses est admirablement dépeint et l'écriture de Claire-Lise Marguier m'a encore totalement séduite. L'intrigue est intéressante, difficile encore de se prononcer sur la suite, il faudra attendre pour voir comment tout cela évolue mais c'est un excellent début qui m'a fait passer un très bon moment. Vivement la suite.

Rouergue (épik), 534 pages, 2014

vendredi 29 mars 2013

Les noces clandestines (Claire-Lise Marguier)

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Ce roman est un OVNI et je vais avoir bien du mal à en parler. Il est court par son nombre de pages, percutant par son histoire, poétique par son écriture. Tout est dans le titre, admirablement trouvé, à l'image de ce texte dérangeant mais superbe. 

Pour vous présenter ce roman, je reprends la quatrième de couverture qui est en réalité le tout premier chapitre du livre et joue le rôle de préambule.

La séquestration n'avait pas été préméditée.
Tout au moins au début.
Pour dire vrai, tout ce qui m'y a conduit est un enchaînement de hasards ; quand vous auriez cru à ma volonté de nuire ou à une part de perversité, vous vous seriez fourvoyés.
Je n'ai aucunement l'intention de vous détromper.
Mais je peux vous raconter.

Le thème n'est pas des plus faciles mais il est traité d'une telle façon par l'auteur, que, contre toute attente, cette lecture n'est ni sombre ni glauque. Au contraire, j'ai eu l'impression de lire un long poème. Je ne sais comment expliquer mon ressenti, mais la plume de Claire-Lise Marguier qui m'avait bouleversée dans Le faire ou mourir m'a encore une fois émue par son incroyable beauté. L'ensemble est ciselé à la perfection et en refermant ce livre, je me suis dit qu'il faudrait le relire un jour pour l'apprécier à sa juste valeur.

Indéniablement, voilà un auteur de grand talent que je continuerai de suivre.

Les pauvres gens étaient privés de Joël. De ce trésor secret qui n’appartenait qu'à moi et dont ils ignoraient même jusqu'à l'existence. Je leur pardonnais leurs humeurs larmoyantes, leur caractère irascible, leur désolante banalité. Il n'était qu'un être sur Terre à avoir tous les dons, et peut-être un seul autre capable de les apprécier. J'avais, avec eux, ce cri muet au fond de la gorge, qui voulait à la fois leur jeter à la face la perfection que l'écrin rouge leur volait, mais la taire aussi pour en déguster la faveur défendue que j'avais arrachée à la destinée.

* * *

Les jours suivants, je le quittai le moins possible. J'en étais devenu incapable. La nuit, je m'assoupissais au pied de son lit. Son souffle était si proche du mien que je respirais à contre-coup pour aspirer tout l'air qu'il rejetait. Existait-il plus proche intimité que de boire le souffle d'un ange endormi ?

Deux lecteurs conquis également : In Cold Blog et Clara

Rouergue (La brune), 120 pages, 2013

dimanche 10 juin 2012

Le faire ou mourir (Claire-Lise Marguier)

coupdecoeur.pngIl est rare que j'écrive un billet à chaud après une lecture. Le plus souvent, c'est par paresse que je laisse le temps filer avant de venir en parler dans ce salon.
Mais parfois, un livre me bouleverse tellement que c'en est viscéral, je dois au plus vite exprimer mes impressions. Au risque que cela paraisse si fade en comparaison du roman en question, mais tant pis, il faut que ça sorte.

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Ce besoin viscéral d'écrire, d'exorciser les choses, on le ressent très fortement dans Le faire ou mourir. C'est un texte court mais terriblement dense. Pas de mise en page, les mots et les phrases se suivent à une vitesse folle, pas de chapitre, de saut de ligne. A l'image de son histoire, c'est un texte qui prend à la gorge, vous ôte le souffle et se fait toujours plus pressant au fil des pages. Impossible de le reposer, j'ai essayé pourtant à plusieurs reprises, pour reprendre ma respiration, m'extraire de ces mots violents et puis malgré moi j'y suis retournée, incapable de m'arrêter en cours de route. Jusqu'à la toute dernière phrase, j'ai lu en apnée, suffoquée par tant de douleur mais aussi de justesse dans l'écriture.

Ce roman, il m'a remuée jusqu'au tréfonds de l'âme, il m'a touchée d'une manière indicible. 

Damien est un adolescent qui exprime son mal-être par des scarifications répétées. Il a grandi dans l'indifférence générale, familiale et scolaire, jusqu'à sa rencontre avec la bande de Samy. Il nous raconte comment, le jour de ses seize ans, il est arrivé à un point de non retour avec la nécessité absolue de faire un choix.
L'histoire se déroule sur quelques mois à peine et Damien nous embarque dans son quotidien, ses souffrances mais aussi ses moments de bonheur auxquels le lecteur s'accroche comme à une bouée dans un océan déchaîné. On devient sans le vouloir son confident et le témoin de ce qu'il vit, bon ou mauvais.

C'est un texte éprouvant mais sublime à côté duquel il ne faut pas passer.


Ils m'ont donné envie de le lire : Theoma, Clarabel, ICB, Clara

Et pour prolonger un peu plus longtemps la lecture, une interview de l'auteur réalisée par ICB.

Rouergue (doAdo), 102 pages, septembre 2011