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vendredi 18 janvier 2008

Le troisième mensonge (Agota Kristof)

Dernier volet de la trilogie d'Agota Kristof, sans doute celui qui a ma préférence... Encore un changement de style dans l'écriture ; cette fois le volume est divisé en deux parties, chacune consacrée à l'un des frères qui deviennent à tour de rôle les narrateurs de l'histoire.
Ce dernier tome se recentre sur le destin de Lucas et de Klaus, même si, entre les lignes, on perçoit encore les stigmates de la guerre.
Dans Le troisième mensonge, l'auteur nous tient en haleine tout au long de la lecture entre vérité et mensonge, c'est un véritable retournement de situation. Par des retours successifs sur la vie des deux enfants, soudain tout s'éclaire. Les pièces du puzzle s'imbriquent les unes dans les autres, donnant une véritable unité à ces trois volumes pourtant si différents dans l'écriture.
Entamée sans conviction, poursuivie avec curiosité, terminée en apnée, cette trilogie restera longtemps dans ma mémoire comme une œuvre à part.
Chapeau bas madame Kristof, votre écriture m'a littéralement aspirée et envoutée.

Merci beaucoup MF, de m'avoir fait découvrir et prêté cette trilogie.

Editions du Seuil (collection Points) - 186 pages

mercredi 16 janvier 2008

La preuve (Agota Kristof)

Second volet de la trilogie d'Agota Kristof. J'ai avalé ce tome comme le premier, mais lui ai trouvé moins d'intensité et moins d'originalité dans la présentation. Cette fois le récit est fait par le narrateur et non plus plus par les jumeaux. Claus et Lucas sont maintenant séparés puisqu'à la fin du Grand cahier, Claus passe la frontière, laissant seul Lucas dans un pays en apparence pacifié. La guerre est terminée, certes, mais les horreurs continuent bon train sous un régime quasi totalitaire. La preuve se concentre exclusivement sur le destin de Lucas, ne faisant réapparaître son jumeau que dans les toutes dernières pages. Les siens ayant tous disparus, Lucas va consacrer sa vie aux autres : il recueille Yasmine, adopte son fils Mathias, nourrit le curé du village, soigne Clara... Mais là encore, tout ceci n'est qu'apparence, la cruauté n'est jamais bien loin. Une fois encore, certaines scènes m'ont choquée, ou plutôt perturbée. La chute du récit est terrible, et je me suis donc jetée sur le troisième et dernier opus de cette histoire qui prend aux tripes.

Editions du Seuil (collection Points) - 188 pages

lundi 14 janvier 2008

Le grand cahier (Agota Kristof)

Quelle douche froide ! Rarement un livre m'a mise si mal à l'aise, m'a hantée jusque dans l'inconscient.
Un récit glacé, dur, très dur. Pas de fantaisie, pas de moment pour souffler, l'auteur nous tient en haleine avec des mots implacables. Je ne saurais dire si j'ai aimé ce roman tellement il est emprunt de cruauté ; mais pourtant, une fois ouvert, je n'ai pas pu le lâcher. La tension, après un début en apparence tranquille, va crescendo jusqu'à la dernière page, la toute dernière ligne.

L'histoire ? Dans un pays traversé par la guerre, des jumeaux sont confiés à leur grand-mère par leur mère qui n'a plus de quoi les nourrir. Chez cette vieille femme cruelle ils vont faire seuls l'apprentissage de la vie, ou plutôt de la survie. L'histoire est construite à partir d'une succession de mini chapitres de deux pages.
Elle est racontée par les jumeaux dans un style direct et le plus objectif possible : 

Les mots qui définissent les sentiments sont très vagues, il vaut mieux éviter leur emploi et s'en tenir à la description des objets, des êtres humains et de soi-même, c'est-à-dire à la description fidèle des faits.

Un livre qui raconte l'horreur de la guerre et ses pires atrocités. On n'en sort pas indemne. Certains passages sont à la limite de l'insoutenable. Ce volume est le premier d'une trilogie, je vous reparlerai donc très bientôt des deux tomes suivants.
A noter qu'Agota Kristof est une émigrée hongroise installée en Suisse après la seconde guerre mondiale et qu'elle a écrit ce roman en français qui n'est pas sa langue maternelle mais sa langue d'exil ; son récit sent le vécu...

Editions du Seuil (collection Points) - 190 pages