Amateurs de dystopie, voilà un roman pour vous ! A ceux à qui cette référence rappellera quelque chose, il m'a fait penser visuellement parlant à des scènes du film Mad Max avec Mel Gibson, vous voyez ?

Nous sommes dans un monde post-apocalyptique. L'histoire démarre en plein désert avec Saba, son frère jumeau Lugh, sa petite soeur Emmi et leur père. D'emblée, le cadre est posé, on est dans un environnement hostile et aride, la famille de Saba vit dans le dénuement le plus total et attend la pluie comme le messie. La maman est morte quelques années auparavant en mettant au monde la benjamine et depuis Saba en veut à sa soeur qu'elle considère comme un boulet. Avec son frère, au contraire, elle a une relation totalement fusionnelle, il est pour elle le seul, l'unique, son référent depuis que le père perd la boule et croit lire dans les étoiles.

Des personnages écorchés, un milieu inhospitalier, et voilà le récit qui est lancé. Dès les premières pages, on est parachuté dans ce roman qui nous entraîne sans attendre dans l'action. Tout démarre avec l'enlèvement de Lugh sous les yeux de sa famille et, dans la foulée, le départ de Saba qui part à sa recherche. Ce premier tome de la trilogie Les chemins de poussière est donc centré sur la quête de Saba pour retrouver son frère. Pour y parvenir, elle devra surmonter des épreuves, endurer de multiples souffrances, à la fois physiques et morales et se remettre en question plus d'une fois. On a en quelque sorte affaire à un parcours initiatique. Saba est une jeune fille courageuse mais pas dénuée de défauts, son personnage évolue tout au long de l'histoire et passe par différents stades de prise de conscience. Ce qui est intéressant c'est qu'elle a des comportements terriblement humains, qu'elle est loin d'être parfaite mais que pourtant, elle est une véritable héroïne. Il faut souligner qu'elle est illettrée, et que, puisque c'est elle qui raconte l'histoire, l'écriture est très particulière, dans un style haché et direct avec des phrases courtes et souvent incorrectes d'un point de vue grammatical. Une écriture qui ne m'a point gênée car elle met en exergue cet univers totalement dévasté. J'ai même regretté que l'accent ne soit pas suffisamment mis sur la pauvreté de la langue de Saba dans la traduction française. Les extraits que j'ai pu lire en anglais versaient davantage encore dans un langage familier. 

Alors évidemment, quand on parle d'une héroïne forte et de dystopie, on ne peut s'empêcher de penser à la série des Hunger games, ce qui pourtant est une erreur car les deux histoires sont bien différentes. Saba ange de la mort est un excellent premier tome qui m'a énormément plu et s'est révélé un véritable page-turner. Je lui ai néanmoins trouvé d'infimes défauts ce qui fait que je suis passée à côté du coup de coeur, mais j'ai vraiment pris du plaisir avec cette lecture. C'est un roman bien construit, bien pensé, qui distille ça et là quelques éléments pour la suite de la série et donne très envie de savoir comment les choses vont tourner. Une très belle surprise pour terminer cette année 2011.


Lecture commune pas du tout commune (désolée !) avec Cess

Les impressions de Lael, Clarabel, Theoma

Titre original : Blood read road
Traduit de l'anglais par Laetitia Devaux
Gallimard jeunesse, 348 pages, 2011 pour l'édition originale, 2011 pour la traduction française