Méto, c'est d'abord une couverture fascinante qui donne des frissons dans le dos... Publiée chez Syros, voilà une série française pour adolescents qui n'a pas à rougir devant la production littéraire anglo-saxonne. Et la bonne nouvelle, c'est qu'il s'agit d'une trilogie dont le dernier tome vient juste de paraître. Plus d'excuses donc, pour ne pas se lancer dans cette lecture !

Le premier tome, La maison, promet une histoire à rebondissements et plante le décor pas très reluisant de cet univers étrange. Soixante-quatre jeunes garçons  partagent leur quotidien dans une maison dont ils ne sortent jamais. Les règles y sont strictes, les punitions pour avoir enfreint le règlement très sévères et la cruauté est de mise, que ce soit entre pensionnaires ou entre encadrants et élèves. Pourquoi et comment ces enfants sont-ils arrivés là, que deviennent-ils quand ils quittent la maison ? C'est précisément ce que Méto, un "grand rouge", aimerait savoir...

Le roman d'Yves Grevet n'est pas sans rappeler le célèbre 1984 de George Orwell. On est là en présence d'un scénario typique de dystopie avec le fameux "big brother" qui observe dans l'ombre.  La situation de départ dans ce type d'histoire est toujours la même, une société sur-contrôlée dans laquelle les hommes ont perdu leur libre arbitre et sont soumis à une autorité invisible.
Ce qui fait la force de Méto, c'est la façon dont l'auteur s'approprie ce genre pour en faire un roman original. Dès les premières pages on pénètre dans la maison, on découvre au fil des pages les us et coutumes du lieu et on cherche les indices qui nous permettront de comprendre ce qui s'y passe, et surtout pourquoi.
Ce premier tome, c'est le tome de la frustration. Du moins, je l'ai ressenti comme tel. Du début à la fin, je n'ai cessé de me poser des questions et les pages ne défilaient jamais assez vite pour m'apporter les réponses souhaitées. Et je dois être masochiste, car c'est justement ce que j'ai adoré, cette manière qu'a Yves Grevet de se contenter de suggérer les choses, ne délivrant les informations essentielles qu'au compte-goutte. Il y a une réelle maîtrise de l'intrigue dans cette retenue, et bien entendu on en redemande, impatient de découvrir la suite.

Syros - 246 pages