Février (Lisa Moore)
mardi 9 mars 2010
Février 1982 : une plateforme pétrolière sombre au large des côtes de Terre-Neuve, causant la mort de tous les hommes qui y travaillaient. Cal, le mari d'Helen, enceinte de leur quatrième enfant, se trouvait à bord. Commence alors pour la jeune femme une longue traversée du désert. Les années passent et la vie reprend peu à peu le dessus mais Helen se sent vide, elle n'est plus que le pantin de sa propre existence.
Tu vois la vie, mais c'est comme si tu te trouvais derrière un écran de verre, des étincelles explosent et tu ne les sens pas.
Tu sais que c'est ta vie parce que les gens se comportent comme si ça l'était. Ils t'appellent par ton prénom. Helen, viens faire les courses. Helen, il y a une fête.
Maman,où est le beurre de cacahuètes ?
Tu reçois des factures. Tu te réveilles au milieu de la nuit parce que tu entends de l'eau couler, une fuite dans le plafond de la cuisine. le plâtre craquelle, l'eau ruisselle de plus en plus vite.
Elle n'avait pas voulu de sapin le premier Noël après la mort de Cal, mais Cathy lui en avait réclamé un.
Maman, tout le monde a un sapin.
Tu picoles. Tu ne picoles pas. Tu prends du poids. Tu as deux ensembles dans ton placard, tous les deux noirs, parce que le noir mincit. Tu n'as pas remarqué que tu n'avais que deux tailleurs, et tu n'as pas remarqué leur couleur. Tu as pris quinze kilos, et tu n'as rien remarqué.
Tu arrêtes de croire que les choses ont un sens. Tu cours en restant parfaitement immobile. Rien n'a de sens.
Février, c'est un roman sur la mémoire, sur le deuil, la reconstruction. La forme narrative utilisée par l'auteur - des phrases courtes, une alternance entre style direct et indirect sans rupture entre les deux - donne un rythme à la lecture et permet d'entrer très rapidement dans ce livre. On navigue au gré des mots et des menus détails qui occupent les pensées les plus intimes de la jeune femme. Les petits et les grands événements s'enchaînent. Helen élève ses enfants, Helen part en vacances avec sa sœur Louise, Helen devient grand-mère, Helen fait des travaux dans sa maison, Helen retrouve l'envie de l'autre, l'envie de vivre.
Contre toute attente, à partir d'un thème difficile, Lisa Moore nous offre un texte plutôt positif, empli de délicatesse et de pudeur. L'histoire ne sombre jamais dans le pathos mais touche du doigt l'indicible, la souffrance humaine. Février est un livre tout en douceur, touchant et envoutant, porteur d'espoir malgré tout.
Plon (collection Feux Croisés) - 282 pages
Commentaires
Je ne résiste pas, tu es convaincante... je note !
C'est tentant, mais l'extrait m'arrête... Ce style sec doit finir par être dur à avaler après quelques centaines de pages, non? Sinon, c'est précisément le style de romans vers lequel j'aime aller, en général...
Très bel avis ! Mais en ce moment, je me dois de résister moi ! pas comme certaines
@kathel : Je le fais voyager si tu veux...
@Reka : Non, franchement c'est une lecture fluide.
@Choco : Résister à quoi ?! (yeux d'ange)
Ah, je viens de découvrir qu'il fallait cliquer deux fois sur envoyer pour que les comm soient affichés... Donc j'imagine que tu n'as pas du recevoir beaucoup de mes comm...
Bref, ce matin, je disais que cette histoire semblait bien intéressante, puisque le sujet peut tous nous toucher plus ou moins. En plus, s'il ne verse pas dans le pathos...
Pourquoi ?! Parce que j'ai environ 200 livres qui m'attendent pour être lu... ^^
@Géraldine : Non, aucun pathos, mais quand-même de l'émotion.
@Choco : Ah, moi je suis une petite joueuse, j'en ai moitié moins !
Mais ceci après un désherbage massif et un régime draconien (un peu moins strict ces derniers temps je le confesse !)
Bon je sais pas pourquoi ça a buggé... je me répète donc :
Perso, je désherbe toujours avec difficulté... et j'ai pas mal de choses dédicacées offert par mon père, difficile de s'en débarasser...
Mais tu en fait quoi des bouquins que tu vires ? tu les donnes, tu les revends ?
@Choco : En fait ton commentaire était bien passé ! Les bouquins dont je me sépare ont plusieurs destinations possibles... Je les donne (bibliothèque ou amis) ou je les vends. J'ai fait un très gros désherbageil y a quelques mois et ça a donné un nouveau souffle à ma PAL. Certains livres y étaient depuis des années...
Alala ! c'est ce qu'il faut que je fasse depuis des mois mais impossible de me séparer de livres que je n'ai pas lu... ou relu ! Tu vois le truc sans fin ! Je veux désherber pour faire baisser ma PAL mais il faut que je les lise pour m'en séparer !!! Le serpent qui se mord la queue !!
@Choco : Tu sais, je crois qu'on passe tous par là (les bibliophiles je veux dire). Mais arrive un moment où il faut faire des choix même si c'est difficile.
Je t'invite à poursuivre cette discussion par email si tu le souhaites car je ne suis pas certaine que ça passionne tout le monde !