Chagrin d'école (Daniel Pennac)
vendredi 5 mars 2010
De Daniel Pennac, j'ai lu avec grand plaisir la saga Malaussène (dont j'ai d'ailleurs tout oublié avec les années, c'est terrible cette mémoire-passoire !), aimé Comme un roman, en particulier pour les droits du lecteur auxquels j'adhère totalement, et étudié avec une classe L'oeil du loup.
Chagrin d'école que j'avais repéré à sa sortie m'a été offert par une amie d'enfance, en clin d'œil à nos années passées côte à côte sur les mêmes bancs du collège.
Ce que je ne savais pas en ouvrant ce livre, c'est que j'allais y découvrir une facette que je ne connaissais pas de l'auteur, son passé de cancre. Un cancre devenu professeur puis romancier, ça pique la curiosité du lecteur ! Mais si Chagrin d'école (j'aime beaucoup ce titre que je trouve poétique) commence comme une autobiographie, la dernière page tournée, il m'apparaît davantage comme un essai sur l'échec scolaire. Le terme essai peut faire fuir certains lecteurs, mais ce texte n'est point ennuyeux et se laisse lire très facilement. J'y ai retrouvé ce que j'aime dans l'écriture de Pennac, ce côté fantaisiste, humoristique et parfois légèrement décalé, mais aussi ce ton de sincérité.
Sous ses dehors bonhomme, Daniel Pennac nous livre des pensées profondes avec une réelle émotion. Je me suis laissée porter avec plaisir par les mots, j'ai souri, froncé les sourcils aussi, car je n'ai pas toujours partagé la vision de l'auteur, mais j'ai apprécié cette lecture. Je lui reproche cependant cette vision "unique", cette systématique prise de position en contre-pied de la pensée "commune". Je penche pourtant plutôt du côté du point de vue de l'auteur, mais sa démonstration m'a parfois, je le confesse, un tantinet exaspérée.
Malgré ce petit bémol, une belle lecture pour aller à la découverte du cancre Pennacchioni et réfléchir (un peu) à la façon dont les élèves en difficulté vivent leur scolarité.
Ah ! Terribles sentinelles, les majuscules ! Il me semblait qu'elles se dressaient entre les noms propres et moi pour m'en interdire la fréquentation. Tout mot frappé d'une majuscule était voué à l'oubli instantané : villes, fleuves, batailles, héros, traités, poètes, galaxies, théorèmes, interdits de mémoire pour cause de majuscule tétanisante.
Il y a ce père, agacé, qui m'affirme, catégorique :
- Mon fils manque de maturité.
Un homme jeune, strictement assis dans les perpendiculaires de son costume. Droit sur sa chaise, il déclare d'entrée de jeu que son fils manque de maturité. C'est une constatation. Ça n'appelle ni question ni commentaire. Ça exige une solution, point final.
Je demande tout de même l'âge du fils en question.
Réponse immédiate :
- Onze ans déjà.
C'est un jour où je ne suis pas en forme. Mal dormi, peut-être. Je prends mon front entre mes mains, pour déclarer, finalement, en Raspoutine infaillible :
- J'ai une solution.
il lève un sourcil. Regards satisfait. Bon, nous sommes entre professionnels. Alors, cette solution ?
Je la lui donne :
- Attendez.
il n'est pas content. La conversation n'ira pas beaucoup plus loin.
- Ce gosse ne peut tout de même pas passer tout son temps à jouer !
le lendemain je croise le même père dans la rue.
même costume, même raideur, même attaché-case.
mais il se déplace en trottinette.
Je jure que c'est vrai.Dans ma famille, j'avais surtout regardé les autres lire : mon père fumant sa pipe dans son fauteuil, sous le cône d'une lampe, passant distraitement son annulaire dans la raie impeccable de ses cheveux, un livre ouvert sur ses genoux croisés ; Bernard, dans notre chambre, allongé sur le côté, genoux repliés, sa main droite soutenant sa tête... Il y avait du bien-être dans ces attitudes. Au fond, c'est la physiologie du lecteur qui m'a poussé à lire.
Un grand merci Nawal, pour ce beau cadeau qui a attendu trop longtemps dans ma bibliothèque !
Lecture commune avec Abeille, Christelle et Cynthia (au moment où je poste mon billet, seule Cynthia a rendu sa copie, je rajouterai les liens vers les billets de mes autres camarades plus tard)
Gallimard (collection Blanche) - 304 pages
Commentaires
Je dois dire que j'ai largement préféré la partie autobiographique à la partie essai ! Ses pistes ne m'ont pas convaincue, j'ai trouvé tout ça un peu trop "naif"...
Je ne connaissais pas encore l'auteur mais je compte bien poursuivre avec "Comme un roman" !
Ravie de cette lecture commune, je n'aurais pas ouvert ce livre de sitôt sinon
j'avais beaucoup aimé les aventures des Malaussènes et Comme un roman (tout comme toi), et Chagrin d'école m'a moins convaincu. Je n'y ai pas retrouvé ce que j'aimais : le côté loufoque, décalé des écrits de Pennac. 2 bémols pour ce titre en ce qui me concerne
J'ai aimé cette lecture et son aspect autobiographique que je ne soupçonnais pas mais j'ai été parfois agacée par le ton un-peu-trop-affirmatif.
j'ai énormément aimé la saga malaussène... je ne connais pas celui-là
Je n'ai pas apprécié cette lecture plus que ça. Je le trouve assez caricatural dans ses choix. Bref, je préfère le romancier et sa saga à l'essayiste.
Ca avait été une grosse déception pour moi, alors que j'aime Pennac d'amour depuis des années. Autant j'adhérais à Comme un roman, autant j'ai trouvé cet opus très moralisateur et assez peu intéressant au final!
Je l'ai lu et m'en souviens à peine. Encore un coup de la mémoire-passoire, sans doute... OU alors c'est parce que ce livre ne m'a pas laissé un souvenir impérissable. Il a un petit côté rassurant pour les parents de d'enfants fâchés avec l'école (dont je fais partie!)...
J'ai détesté ce bouquin qui à mon goût pue la suffisance et manque cruellement de sincérité. Je ne crois pas un mot d'un bon nombre de choses qui y sont racontées.
Il est publié mon billet! :o)
Comme Cynthia j'ai préféré la partie autobio à la partie essai...
Celle lecture m'a donnée envie de connaître ses romans, dont les Malaussène
@Cynthia : Il était temps pour moi aussi de l'ouvrir ! Je te recommande aussi la saga des Malaussène, c'est très chouette.
@bouma : C'est également le titre que j'ai le moins aimé de lui pour le moment.
@Kikine (Carine) : C'est exactement pareil pour moi.
@yueyin : J'ai envie de la relire...
@praline : Je crois que moi aussi même si j'ai beaucoup aimé Comme un roman.
@chiffonnette : C'est vrai que c'est assez moralisateur.
@Gwenaëlle : Malheureusement, quand un livre ne laisse aucun souvenir, c'est souvent qu'il ne nous a pas marqué des masses...
@Stephie : A ce point là ?! Pour ma part je ne remets pas en cause la sincérité mais j'ai été agacée par sa vision un peu moraliste.
@aBeiLLe : Très chouette saga !
J'ai moins aimé ce livre que les précédents, mais il y a des passages intéressants et touchants. J'ai adoré le passage avec Maximilien.
Je partage ta critique: un moment agréable mais pas un livre impérissable...
nos années de collège... par contre...;-))
J'en profite pour t'envoyer un gros bisou !
Nawal
@Edelwe : Oui, il y a plein de pépites dans ce livre.
@Nawal : Ah oui, impérissables celles-là ! Bisous à toi.
Je l'ai lu à sa sortie et même si je partage ton ressenti, je dois bien avouer que j'ai rapidement "oublié" ce roman...
Ce titre de ne m'a jamais vraiment tenté, préférant garder ce que je connais de l'auteur...je n'ai jamais pu vraiment l'expliquer...
@Marie L. : Je pense qu'il ne laissera pas une trace indélébile dans ma mémoire...
@lancellau : A choisir je préfère Comme un roman dans le même style...