Que voilà un agréable moment de lecture !
Nina et George vivent ensemble. Jusque-là, rien d'anormal, si ce n'est, que, George aime les hommes, et Nina est enceinte, mais pas de George... Ces deux personnages,devenus colocataires par le fait du hasard, vont apprendre à se connaître, et tisser les liens d'une relation très forte. L'histoire n'a rien d'extraordinaire (encore que...), mais c'est la façon de conter de Stephen McCauley qui la rend si attrayante. Dès les premières lignes on est irrésistiblement attiré par les mots, on a envie de suivre le parcours de ces hommes et femmes (je veux parler de l'ensemble des personnages et pas seulement des deux principaux) - tellement humains -, de savoir comment ils vont évoluer. La plume de l'auteur est pleine d'humour, j'ai ri à plusieurs reprises des paroles ou des pensées de George. Un humour à l'anglaise, toujours bien dosé, jamais lourd, qui tourne en dérision le quotidien de façon subtile et cynique.
La relation entre Nina et George est très touchante, une relation quasi-parfaite, à cheval entre amour et amitié, où chacun évolue librement, sans les contraintes caractéristiques de la relation amoureuse. Le personnage central de George qui est en même temps le narrateur du récit est extrêmement sympathique et attachant.
Bref, une fort jolie découverte !

Elle se rassit sur le lit et se remit à contempler l'écran en s'efforçant de prendre un air absorbé. Le son était trop fort, livrant la pièce entière aux braillements très distinctifs d'un jeu télévisé. J'en veux à la télévision, car j'ai perdu une bonne partie de mon enfance à la regarder au lieu de faire quelque chose d'utile comme lire Dickens. Une de mes grandes ambitions dans la vie est d'arracher un jour un téléviseur de sa prise au milieu d'une discussion houleuse et de le balancer par la fenêtre.

Denoël (collection 10/18 domaine étranger) - 382 pages