91ge3fAymVL.jpgCoupDeCoeur2016.pngTroisième titre que je lis de l'auteur, et deuxième grand coup de cœur. Si j'insiste avec l'adjectif "grand", c'est parce que, à l'image du Quatrième mur, ce texte est un de ces coups de cœur qui perdurent à travers le temps et laissent une empreinte derrière eux.
Publié comme roman, cet ouvrage est en réalité une autobiographie de l'auteur, à peine romancée. Pour avoir eu la chance de rencontrer Sorj Chalandon peu de temps après ma lecture, j'ai ainsi appris qu'à deux ou trois détails près, l'intégralité du texte est vraie. Cela en rend la lecture encore plus bouleversante.
Profession du père, c'est le récit de ce père mythomane et fou auprès duquel l'auteur a grandi. Un père violent, à la fois physiquement et psychologiquement, un personnage qui s'inventait des vies, des professions toujours plus extraordinaires (d'où le titre), un homme qui a marqué l'enfance et l'adolescence de Sorj Chalandon, surtout dans le pire.
Longtemps, l'enfant qu'il était a cru les délires de ce père malade, avant d'enfin comprendre que sa vie, leur vie de famille, reposait sur un tissu de mensonges. Ce n'est que très tard, après la mort de son père, que Sorj Chalandon a enfin pu coucher sur le papier ce qu'il avait vécu, ce qui l'a tant tourmenté. 
Dès les premières lignes, le lecteur identifie et reconnaît le style unique de l'auteur, cette plume si précise où chaque mot est pesé, ces phrases courtes qui claquent.
Un témoignage bouleversant, un récit de vie qui ne peut laisser insensible même si parfois certaines scènes font sourire. Car, loin de s’appesantir sur son sort, Chalandon aborde le sujet à travers le regard naïf de l'enfant qu'il était alors, en lui conférant un aspect drôle et décalé.
Un tout petit peu moins fort émotionnellement que Le quatrième mur, mais tout de même une grosse claque. Magistral.

Alors j'ai décidé de faire le voyage. J'y suis allé comme ça, trois mois plus tard, sans prévenir. J'ai pris le train en sens inverse, une boule d'enfance dans le ventre. Et je me suis assis sur le banc, en face de leur immeuble.

Le billet de Mara, grâce à laquelle j'ai pu découvrir ce merveilleux roman. 

Grasset, 315 pages, 2015