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Quand Marcus chouchou Malte sort un nouveau livre, il faut que je m'empresse de le lire (bon, ceci dit, il me reste encore quelques uns de ses titres à découvrir, je n'ai pas non plus tout lu dès parution).
Fannie et Freddie est un recueil de deux longues nouvelles (ou courts romans).
La première qui reprend le titre de l'ouvrage, Fannie et Freddie, est l'histoire d'une terrible vengeance. Fannie, alias Minerve, comme la surnomment ses collègues, se tient toujours bien droite. Cette raideur n'est en fait qu'un artifice pour dissimuler son oeil de verre, tout comme la mèche de cheveux qu'elle rabat sur son visage. Au début du récit, elle se prépare pour se rendre à un rendez-vous ; elle a revêtu un pull mauve décolleté qui met en valeur sa poitrine. Elle espère qu'il la trouvera jolie. Qui est ce "il", on l'ignore. Chapitre suivant, Fannie arrive dans un parking couvert en plein coeur de Manhattan. Elle s'y gare juste devant le véhicule qu'elle cherchait, un coupé Mercedes. A partir de là, changement d'ambiance, la noirceur prend le pas sur le reste et les mots tombent comme des couperets.
La seconde, qui s'intitule Ceux qui construisent les bateaux ne les prennent pas se déroule sur la côte méditerranéenne. Depuis la mort de son meilleur ami vingt-sept ans auparavant alors qu'ils étaient adolescents, le narrateur cherche en vain à retrouver l'auteur de crime irrésolu. Pour ce faire, il a même  choisi d'exercer le métier de policier qui lui permettrait de rouvrir l'enquête.

Ces deux nouvelles qui se rejoignent sur le thème (l'impact de la société capitaliste sur les individus) sont toutefois bien différentes du point de vue du style. Fannie et Freddie est un texte glaçant, très noir, tandis que la seconde nouvelle recèle davantage d'humanité et de douceur.
J'ai aimé ces deux lectures mais, contre toute attente, j'ai préféré la seconde nouvelle et ai été moins séduite par celle mise en avant (Fannie et Freddie). La première nouvelle est texte engagé qui brosse un portrait peu reluisant du monde des banques et des agences de crédit en particulier. C'est un texte puissant, qui n'épargne rien au lecteur mais qui m'a fait l'effet d'une douche froide. La seconde en revanche, m'a semblé plus proche et m'a inspiré de l'empathie pour le personnage principal alors que je m'étais sentie en total retrait par rapport à ceux de Fannie et Freddie. En fin de compte, j'ai trouvé cette seconde nouvelle plus proche (peut-être à tort) de l'univers de l'auteur, du moins de celui auquel j'ai été habituée dans ses autres livres.

Un recueil qui démontre une fois de plus le talent de Marcus Malte, mais ne détrône pas mon préféré, Intérieur nord

Zulma, 157 pages, 2014