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coupdecoeur.pngCe quatrième tome avant le final est, je crois, celui qui m'a le plus marquée, touchée.
Elias, son héros, est le cavalier pâle, celui qui apporte la pourriture, détruit les organismes vivants d'un simple toucher. C'est aussi celui qui peut manipuler le temps, retourner dans le passé et aller dans le futur. Le cavalier pâle est présenté comme le cavalier le plus puissant des quatre, potentiellement le plus dangereux. Le paradoxe, c'est qu'il n'a pas ou presque de noirceur, c'est le seul qui fasse preuve d'empathie et d'une vraie bonté. C'est sans-doute un des éléments qui m'ont fait l'aimer encore davantage que les autres, mais ma préférence pour ce tome ne se résume pas à cela.
Le thème des voyages dans le temps m'a toujours séduite, je crois l'avoir déjà dit dans ce salon, et j'ai trouvé que de ce point vue, la construction de ce tome était absolument brillante. Cavalier pâle est le seul tome écrit sous la forme d'un journal, celui d'Elias qui explique à son double du futur où il a échoué et comment surmonter les écueils auxquels il s'est heurté. C'est en apprenant à se connaître qu'il pourra tirer parti du meilleur de lui-même et mener à bien la mission d'apocalypse qui lui a été confiée. Ce que traverse Elias est à la fois déchirant et formateur, étapes nécessaires pour le faire grandir et évoluer.
Durant cette lecture, je ne saurais vous dire à quel point j'ai été subjuguée par ce jeune homme, sa façon d'avancer, de tirer des leçons de son vécu, de rectifier le tir et de repartir sans cesse en arrière pour faire toujours mieux. C'est bouleversant d'humanité alors qu'en vérité Elias est bien loin d'être un humain mais il en conserve la vulnérabilité et la candeur. 

Superbe quatrième tome qui ne m'a donné qu'une envie, celle de lire le tome final pour découvrir enfin comment tout cela finit.

Je ne suis pas sûr, parce que mes conclusions sont purement théoriques, mais je crois qu'être privé du sens du toucher est le handicap le plus aliénant. Parce qu'il isole plus que tout autre. Le sourd et l'aveugle, le muet, le tétraplégique, même le débile mental, eux, ils gardent la possibilité d'une étreinte, d'une caresse. Ils ont toujours droit au réconfort, à la consolation. Aux démonstrations d'amour. Toi non. Certes, il reste les mots. Mais ils ne suffisent jamais à tout dire.

Nouvel Angle, 263 pages, 2012