Le Japon, XIXème siècle, Yuko a choisi d'être poète contre l'avis de son père. Le jeune homme va apprendre l'art du haïku auprès du maître Soseki, ancien samouraï et peintre aveugle. 

Roman initiatique, conte, fable, poème en prose, Neige est un peu tout cela à la fois. Un texte très court mais marquant, qui apaise, qui prend la mesure du temps qui passe. Un univers poétique, l'éloge du beau, la contemplation de la nature. Yuko a décidé de ne composer des haïkus que sur la neige.

La neige est un poème. Un poème qui tombe des nuages en flocons blancs et légers.

Neige, c'est aussi le prénom d'une femme, l'amour perdu de Soseki.

Neige était devenue funambule par souci d'équilibre. Elle, dont la vie se déroulait comme un fil tortueux, entrelacé de noeuds que nouaient et dénouaient la sinuosité du hasard et la platitude de l'existence, excellait dans l'art subtile et périlleux consistant à évoluer sur une corde raide. 

Un roman envoûtant, à lire pour la beauté des mots, simplement :

Ecrire, c'est avancer mot à mot sur un fil de beauté, le fil d'un poème, d'une oeuvre, d'une histoire couchée sur un papier de soie. Ecrire, c'est avancer pas à pas, page après page, sur le chemin du livre. Le plus difficile, ce n'est pas de s'élever du sol et de tenir en équilibre, aidé du balancier de sa plume, sur le fil du langage. Ce n'est pas non plus d'aller tout droit, en une ligne continue parfois entrecoupée de vertiges aussi furtifs que la chute d'une virgule, ou que l'obstacle d'un point. Non, le plus difficile, pour le poète, c'est de rester continuellement sur ce fil qu'est l'écriture, de vivre chaque heure de sa vie à hauteur du rêve, de ne jamais redescendre, ne serait-ce qu'un instant, de la corde de son imaginaire. En vérité, le plus difficile, c'est de devenir un funambule du verbe. 

Merci Sandy

Arléa (Points), 84 pages, 1999