mercredi 2 février 2011

Aya de Yopougon #2 (Marguerite Abouet et Clément Oubrerie)

Il y a déjà deux ans, je vous avais confié mon coup de coeur pour la série Aya de Yopougon. Depuis, les tomes 5 et 6 ont fait leur apparition et je peux d'ores et déjà vous dire que la qualité de la série est constante et que sa lecture est toujours un réel plaisir.

Tome 5
Pour la première fois, au début de l'ouvrage, une double page est consacrée au résumé des épisodes précédents (jusque là on y trouvait la présentation des personnages), détail que j'ai trouvé très utile car il est vrai qu'en un an on a le temps de perdre un peu le fil de l'histoire.
Nous avions donc laissé tous ces personnages en prise avec leurs différents problèmes. Aya se faisait harceler par son professeur d'université et voulait se venger de lui, Innocent avait quitté Albert et cherchait à redémarrer une nouvelle vie à Paris, Félicité avait été enlevée par son père qui la soupçonnait de cacher une fortune, Gervais songeait enfin à présenter sa compagne Jeanne à sa mère, Adjoua faisait toujours tourner son maquis sans se douter que Mamadou fréquentait quelqu'un d'autre, Hervé tentait de plaire à Rita, Grégoire était ruiné, et Moussa était toujours porté disparu, au grand désespoir de sa mère.
Comme les fois précédentes, dès les premières vignettes, l'accent africain chantait dans ma tête, et rien que pour cela, c'est un grand bonheur de lire les aventures d'Aya. C'est toujours aussi drôle (mention spéciale pour les proverbes africains qui parsèment le texte et qui sont juste désopilants) et enlevé, mais l'histoire n'est pas légère pour autant. Marguerite Abouet s'attaque aux travers de la société africaine avec une certaine férocité. Dans ce tome 5 en particulier, elle critique ouvertement le système religieux avec la naissance de pasteurs qui tiennent davantage du côté commercial que de celui de la foi. Est aussi dans la ligne de mire la position de la femme avec des thèmes tels que l'émancipation, l'éducation, la famille... Au final, sous des dehors bon enfant on a affaire à une bande dessinée infiniment riche avec plusieurs degrés de lecture. Pour ma part je ne m'en lasse pas.

Gallimard (Bayou), 106 pages, novembre 2009



Tome 6
Pas grand-chose à ajouter de plus pour ce sixième tome qui est lui aussi, un vrai bijou et un pur bonheur de lecture. La bande dessinée, ce ne sont pas que des histoires simplistes racontées en images, ça peut-être percutant et intelligent et Aya de Yopougon en est le parfait exemple. Une BD qui fait voyager, qui fait rire, mais qui donne aussi à réfléchir, et ça, ça fait du bien. 
Dans ce dernier tome, la situation de certains personnages a évolué, que ce soit en bien ou en mal. Félicité a été "sauvée" par ses amies et a pu quitter son tyran de père, le beau Didier fait la cour à Aya, Grégoire a trouvé un nouveau "business" dans lequel se reconvertir mais file un très mauvais coton, Moussa a dilapidé l'argent paternel en bonnes oeuvres et se retrouve à présent en prison, Albert veut épouser Isidorine comme couverture de son homosexualité qu'il n'assume toujours pas, Innocent a semble-t-il trouvé l'amour, Mamadou doit maintenant choisir entre sa bourgeoise et la mère de son fils, Bintou va danser dans le cadre de l'émission Super Star Station et Aya rumine toujours ses projets de vengeance au sujet de son professeur pas très net.
L'histoire est réellement passionnante et foisonnante avec la multitude de personnages qui deviennent à présent familiers après 6 tomes . Je pensais que la série allait s'essouffler, j'avais totalement tort, elle gagne au contraire en intensité et a sans-doute encore de beaux jours devant elle. 
A découvrir de toute urgence si vous ne connaissez pas encore Aya.

Gallimard (Bayou), 104 pages, novembre 2010

Bibliomanies (Collectif)

Voilà un ouvrage qui avait tout pour me séduire. Un livre qui parle de livres, je ne pouvais que céder à la tentation ! 
Malheureusement la rencontre n'a pas eu lieu et pour être franche, cette lecture m'a globalement ennuyée.
Bibliomanies, comme son titre évocateur l'indique, nous parle de cette passion pour les livres qui rend certains fous, d'autres vaniteux, parfois, mais plus rarement, érudits. A travers une douzaines de textes d'auteurs différents, de Sénèque à Flaubert en passant par La Bruyère, Bibliomanies propose autant de visions sur le livre qui est souvent davantage qu'un objet de savoir et peut devenir un réel danger pour l'homme. 
Le thème, disais-je, avait tout pour me séduire. Pourtant, je suis passée à côté. Certains textes sont peu accessibles, d'autres lassants. Au final je n'ai pas retiré grand-chose de cet ouvrage dont j'attendais beaucoup, peut-être trop. Hélas, la superbe couverture n'aura pas suffi et je l'ai refermé déçue.
J'imagine que Bibliomanies devrait néanmoins trouver son lectorat ; en ce qui me concerne, je suis passée à côté.

L'avis bien plus positif d'Edelwe

Merci à l'éditeur Ivres de livres et à BOB !

Ivres de livres, 215 pages, décembre 2010