Première rencontre avec l'écriture du célèbre écrivain congolais que j'aime écouter lorsque je tombe par hasard sur une émission télévisée dans laquelle il est invité. 

Allais-je apprécier pour autant sa prose ? Il faut dire que le style Mabanckou est pour le moins original. Avec une absence de ponctuation, un goût prononcé pour les répétitions et les énumérations, la plume de cet écrivain particulier ne plaît pas à tous. Pour ma part j'ai aimé. Et comme d'autres lecteurs, la seule présence de virgules pour rythmer le texte ne m'a pas gênée le moins du monde. Contre toute attente, la lecture est fluide et le lecteur sent les ruptures de manière intuitive

Autre particularité de ce roman, l'omniprésence de références au monde littéraire, politique, musical... Ça regorge de titres cachés au sein du récit de manière fort habile. S'ensuit une chasse au trésor totalement jubilatoire, et l'on découvre ainsi une partie des goûts de l'auteur.

Quid de l'histoire ? Un bar congolais, Le crédit a voyagé. Des habitués, des personnalités hautes en couleurs. Verre cassé est l'un d'entre eux, un régulier du comptoir qui aime la bibine. Le patron lui demande un beau jour d'écrire sur les clients du bar, de raconter leurs histoires.

Il y a une verve incroyable dans ce roman à l'écriture remarquable. Ça respire l'intelligence, l'humour, le cynisme aussi. Dans Verre cassé il y a plusieurs nivaux de lecture, libre à chacun de choisir celui (ceux) qui lui convient le mieux. Pour ma part je suis ressortie de cette lecture avec un sentiment d'humilité et d'admiration. 
En toute sincérité, ce genre de roman n'est pas franchement ma tasse de thé. Pour autant j'ai trouvé cet ouvrage bourré de qualités et j'ai passé un agréable moment de lecture. Lire Verre cassé, c'est pénétrer dans un autre univers, quitter son quotidien. Je l'ai déjà dit, mais c'est ce que j'aime quand je lis.

L'avis de Kali qui m'avait donné envie de le sortir de ma PAL.

Seuil (Points), 247 pages, 2005