Comme je déteste entamer un livre avec l'intime conviction que je vais l'aimer, sans doute aucun, et être confrontée à la réalité ma foi fort contrariante ! C'est exactement ce qui s'est passé avec Treize raisons dont j'avais lu de nombreux avis très élogieux au point que j'étais certaine de l'apprécier. Malheureusement, mon intuition m'a trompée. 
Il s'est passé une chose étrange avec ce livre. Durant ma lecture, les pages défilaient plutôt vite et je ne ressentais pas d'ennui. Pour autant, je ne suis pas entrée un seul instant dans l'histoire qui ne m'a pas du tout convaincue et à chaque nouvelle raison énoncée, je me disais : "oui, et après ?". Finalement, j'ai achevé ma lecture sans avoir saisi pourquoi cette jeune fille s'était suicidée, les treize raisons énoncées m'apparaissant toutes hors de propos.

Mais je brûle les étapes, revenons au début si vous le voulez bien.
Hannah Baker, lycéenne de seize ans, vient de se suicider. Deux semaines après sa mort, l'un de ses camarades de classe, Clay Jensen, reçoit par la poste des cassettes que la jeune fille avait enregistrées avant de disparaître. Elle y expose les treize raisons qui l'ont conduite à commettre l'irréparable.

Clay va écouter l'intégralité de l'enregistrement et découvrir une Hannah qu'il ne connaissait pas, une adolescente qui souffrait terriblement. Petit-à-petit il va reconstituer le puzzle et comprendre ce qui l'a conduite au suicide.

Là, vous vous dites que c'est une idée originale et intéressante, et vous avez raison ! C'est d'emblée ce qui m'a séduite et donné envie de découvrir Treize raisons. Seulement la rencontre n'a pas eu lieu et cette lecture m'a fait un peu l'effet d'un soufflé qui s'affaisse... Et pourtant, quelle idée de départ ! Il y avait matière à captiver le lecteur, le conduire dans les méandres parfois tortueux de l'esprit humain, semer le doute, l'angoisser et pour finir le laisser avec la terrible certitude qu'Hannah ne pouvait éviter le suicide. 
J'attendais un roman psychologique, le genre de page-turner que l'on ne repose qu'une fois terminé... 
Que nenni. 

En fait, c'est bien simple, j'ai trouvé le contenu de l'histoire totalement creux. Les premières raisons qu'Hannah évoque semblent tout bonnement ridicules mais j'ai malgré tout continué d'espérer que le plus terrible allait venir. Mais non, toutes les raisons s'ajoutent les unes aux autres et arrivée à la fin du livre, je n'avais toujours pas compris pourquoi cela avait conduit la jeune fille au suicide. Parce que bon, certes, des détails insignifiants en apparence peuvent avoir des conséquences graves et un geste, une parole, peuvent réellement blesser quelqu'un. Ceci étant dit, imaginer qu'une adolescente mette fin à ses jours parce qu'un camarade de classe l'espionne en cachette pour la prendre en photos ou qu'on a mis son nom dans la liste des filles les plus canons du lycée, ça me semble très limite... Un peu nombriliste (beaucoup) et mal dans sa peau, sans aucun doute, notre héroïne l'est. De là à passer à l'acte...
Voilà, je n'y ai pas cru une seconde, et donc partant de là, je ne pouvais que rester en dehors de l'histoire. 

Le suicide est à mon humble avis un thème trop grave pour qu'on le traite à la légère, et c'est franchement l'impression que m'a donnée ici Jay Asher
Autre explication possible, la jeune fille est désaxée, mais dans ce cas son raisonnement et l'enregistrement de ses cassettes ne tiennent plus la route...
Décidément, plus je repense à ma lecture et plus je me dis que si les raisons invoquées par la jeune lycéenne sont effectivement celles qui l'ont conduite à se tuer, dans ce cas la majorité des lycéens seraient eux aussi candidats au suicide...
Hannah Baker n'est pas un personnage crédible, pas plus que celui de Clay. Ce dernier larmoie de la première à la dernière page et apparaît comme le gentil de service, victime lui aussi par procuration des ignominies perpétrées par ses camarades. 
Bref, vous l'aurez compris, Treize raisons ne m'a pas convaincue.

Il demeure néanmoins que j'ai trouvé l'écriture plutôt agréable avec cette alternance de narration entre la voix de Hannah et celle de Clay qui est le narrateur de cette histoire, et l'idée de départ, je le répète, vraiment originale.

Dommage que ce soit un rendez-vous raté, d'autant que j'aime particulièrement la collection Wiz.


Les avis sont nombreux sur la toile, en voici quelques uns :

Fashion et Theoma pas convaincues elles non plus
coup de coeur pour Celsmoon et Lael
ChrestomanciClarabel et Ankya sous le charme

Albin Michel (collection Wiz) - 285 pages