Comme tout lecteur qui se respecte (à moins d'avoir vécu sur une autre planète cette dernière décennie !), j'ai lu/entendu bien des éloges au sujet de la célèbre trilogie de Philip Pullman qui s'est donc retrouvée à l'insu de mon plein gré dans ma PAL. C'est alors que Theoma a lancé son merveilleux challenge et, qu'en parcourant la liste des titres proposés, j'ai trouvé A la croisée des mondes. L'occasion de sortir enfin l'ouvrage de ma bibliothèque où il prenait la poussière.

A ce jour je n'ai lu que le premier tome, et ma vision de ce roman est donc certainement tronquée. Je me doute bien que lorsque j'aurai lu la trilogie dans son intégralité j'aurai davantage de recul.

Concernant Les royaumes du nord, mon avis n'est pas encore tranché et alors que j'entame ce billet je ne sais pas encore ce que j'en ai réellement pensé. Ce qui est certain, c'est que ce n'est pas un coup de cœur. Loin de m'avoir emportée, ce roman m'a parfois laissée perplexe. Pour autant je crois que j'ai aimé cette lecture qui ne m'a en tout cas pas laissée indifférente.

J'ai tout d'abord eu du mal à pénétrer dans cette histoire et ce monde à la fois imaginaire et anachronique inventé par l'auteur. C'est un roman foisonnant et extrêmement riche avec ses nombreuses créatures (daemons, sorcières, ours en armure et j'en passe...) et son histoire complexe. On sent qu'il y a une réelle construction de cet univers mais l'écriture ne lui rend pas complètement justice. Mon explication sera sans-doute maladroite, mais j'ai ressenti durant ma lecture une sorte de frustration, l'intuition qu'il y avait de solides fondations à cette histoire mais que ce qui m'était offert dans ces pages n'était que la partie visible de l'iceberg, toute la partie sous l'eau étant inaccessible au lecteur. Il faut rapidement s'imprégner des différents aspects fantastiques et attendre patiemment les explications que l'on veut bien nous donner. Beaucoup d'éléments sont suggérés, d'autres laissés dans une aura de mystère et cela m'a un peu gênée. Mais peut-être que la lecture des tomes suivants comblera cette attente.
Quant au fond de l'histoire elle-même, j'ai trouvé certaines longueurs et ressenti un manque de rythme, ou plutôt un manque d'équilibre dans le rythme. Ça démarre très lentement, les événements s'enchaînent sans que les liens qui les unissent aient une réelle évidence, et finalement je ne suis vraiment entrée dans le livre qu'au cours de la dernière partie. Une dernière partie qui m'a davantage convaincue et donné envie de lire la suite mais ne rachète pas à elle seule le reste du roman. Globalement, j'ai trouvé que l'on tournait autour du pot, les transitions ne sont pas fluides et la lecture en souffre. Dernier bémol qui est insignifiant mais m'a profondément agacée pendant que je lisais, l'utilisation toutes les pages du néologisme "ambarique". C'est un joli mot qu'a inventé l'auteur, mais sa répétition excessive m'a lassée. Et là, je me tourne vers les lecteurs l'ayant lu en VO, est-ce un problème de traduction ou bien retrouve-t-on ce terme aussi souvent en anglais ??
Malgré ces critiques j'ai beaucoup apprécié certains éléments de l'histoire que j'énumère ici sans ordre : le personnage de Lyra, sorte d'héroïne malgré elle (on retrouve souvent cette idée dans les romans de jeunesse mais j'aime ça !), l'aléthiomètre, cet objet fascinant qui a réveillé mon âme d'enfant, la palette des personnages fantastiques, la relation entre les daemons et les humains, cette idée d'intercision qui m'a touchée et émue, Jordan College (même si c'est un épisode très court dans le roman).... Tout un ensemble qui a contribué à maintenir mon intérêt et m'a donné envie d'aller au-delà et de lire la suite.

Un bilan en demi-teinte donc, Les royaumes du nord ne figurera pas au panthéon de mes lectures mais il reste un agréable roman avec un potentiel qui, je l'espère, est développé dans les deux tomes suivants.

Gallimard (collection Folio SF) - 533 pages


J'ai cru pendant quelques temps que le film était l'adaptation des trois tomes et quand j'ai enfin saisi qu'il s'agissait simplement du premier volet je me suis donc autorisée à le voir ! J'essaye en effet autant que possible de voir les films après avoir lu les livres. Mais en fin de compte, je me demande si c'est un choix judicieux car lorsque je regarde un film dont j'ai lu l'œuvre à partir de laquelle il est adapté, je ne peux m'empêcher de chercher la petite bête, de vérifier s'il est fidèle au texte, et tout cela pollue quelque peu la séance ciné. A l'inverse, me direz-vous, on risque aussi d'entamer un roman avec déjà dans la tête une vision précise des personnages, ce qui peut être gênant, surtout si le film est mauvais. Mais passons sur cette question cornélienne.
Bref, A la croisée des mondes n'a pas fait exception à la règle, et dès les premières images j'étais déjà entrain de disséquer le film et de le comparer avec son homologue de papier. Or, s'il est assez fidèle, je n'ai pu m'empêcher de noter certains remaniements de l'histoire, notamment l'inversion de parties entières du roman. Déjà que je trouvais les liens entre les différents chapitres bien ténus, ce parti pris de la réalisation n'a pas arrangé les choses. Au-delà de ces changements dans la chronologie de l'histoire, il y a bien évidemment certains éléments qui sont passés sous silence et qui, me semble-t-il, peuvent perturber le spectateur n'ayant pas lu le livre, voire le perdre complètement. Mais bon, peut-être aussi que je me pose trop de questions, c'est une autre hypothèse qui se tient ! Enfin, dernière chose qui m'a déçue c'est la fin du film... une fin qui est bien loin de celle du roman et donne selon moi une image de Lord Asriel qui est incomplète (je n'en dis pas davantage mais ceux qui ont lu le livre savent de quoi je parle).
Ces critiques mises à part, et bien que ce ne soit pas le film du siècle ni même de la décennie, A la croisée des mondes et un film sympathique. Le casting est parfait même si je trouve que l'actrice qui joue Lyra offre une prestation supérieure à celles de ses aînés. Les décors restituent bien l'univers du livre, les personnages fantastiques manquent un peu de crédibilité (notamment les daemons quand ils parlent), mais ce n'est pas si mal dans l'ensemble.
Un moment plaisant, donc, mais qui ne remplace pas le roman.

A la croisée des mondes : La boussole d'or, réalisé par Chris Weitz - 2007

Avec :


J'étais censée partager cette lecture avec Theoma qui a eu la patience de reporter de nombreuses fois son billet et pour finir j'ai quand-même pris du retard... Son billet sur le troisième tome, les liens vers ses billets sur les précédents tomes ne fonctionnant pas.