Comme il m'est difficile de vous parler de ce livre !
J'ai passé un agréable moment en sa compagnie sans pour autant l'avoir apprécié. Paradoxal ? Pas tant que ça...
Jorge Amado a dit : " Il y a les livres que j'aime et ceux que j'admire ; je peux admirer un livre sans l'aimer ". C'est exactement ce qui caractérise pour moi La véranda.
C'est une merveille d'écriture et pourtant je ne puis dire que j'ai aimé ce livre ; mais je comprends qu'il puisse être un coup de cœur.

Deux choses (mais c'est vraiment personnel et ne s'appliquera pas forcément à d'autres lecteurs) m'ont empêchée d'apprécier pleinement ce roman.
La première, c'est l'absence d'histoire. J'aime qu'un livre me raconte quelque chose, m'emmène le long d'un chemin. Ici on navigue un peu dans la brume, le tracé du chemin n'est pas très net... La véranda, c'est davantage une succession de tableaux qu'un véritable récit.
La seconde, c'est le côté mi-réel mi-fantastique qui imprègne le roman. Là encore, j'ai réalisé une fois de plus en lisant ce livre que j'aime tous les genres de littérature, pourvu qu'ils soient clairement identifiables dès le début du livre. J'aime le genre fantastique quand il est incarné par des êtres extraordinaires, des lieux étranges, etc. Mais je n'apprécie pas quand le fantastique est distillé dans une histoire sous la forme d'une atmosphère un peu trouble. Dans ce dernier cas, on ne sait jamais si l'on assiste à des événements étranges ou s'il s'agit seulement de l'imagination des personnages ; cela me gêne.

En revanche, j'ai vraiment dégusté ce roman pour son écriture magnifique. Je rends hommage à l'auteur pour cela, car il est rare que je rencontre une telle qualité d'écriture dans un roman contemporain.

A tenter, donc... peut-être qu'un coup de cœur vous attend avec La véranda !

Un extrait, pour vous donner un exemple du style d'écriture :

Comme autrefois le lac jouait avec la lumière du matin. Les cygnes, en précieux équipages, plongeaient leur cou dans l'ombre peinte de la maison. Les feuilles de mûrier, écloses de la nuit, parcellaient l'atmosphère de leurs touches irisées. Je portai la main sur l'un des troncs striés de cicatrices ; le rugueux couvercle cachait des bouillonnements de sève, les pâtes organiques enflaient sous la poussée d'une lave refroidie en rameaux. Au bout d'un fil transparent, le pendule d'une chenille oscillait dans le vent, jouet léger parmi les milliers d'autres reviviscences commandées par une magicienne. Je regardai en direction de la véranda et devinai mon amie penchée sur un méticuleux ouvrage.

Les avis de Elfique, Florinette, BelleSahi (qui a le sentiment d'être passée à côté du livre, et je partage cet avis), Sylvie (dont le billet est remarquable).

José Corti - 158 pages