En quinze chapitres, Hélène Rioux nous fait faire un tour du monde... Le voyage commence dans un restaurant, Le bout du monde, puis nous entraîne en différents endroits sur le globe terrestre. Canada, Etats-Unis, Espagne, Bulgarie, Mexique... des lieux éloignés et que tout oppose, mais qui, curieusement, sont reliés par des personnes. Chaque chapitre du livre qui peut se lire comme une histoire dans l'histoire, est centré sur un ou plusieurs personnages. Grâce à l'habileté de l'auteur, des liens existent entre tous les personnages du livre. A la fin du roman, nous revenons au point de départ pour la conclusion ; la boucle est bouclée.

Indéniablement, le point fort de ce roman réside dans sa construction.
Une unité de temps (chacune des histoires se déroule le 21 décembre), plusieurs fils conducteurs que l'on retrouve tout au long de la lecture (un film, une photo, l'histoire de la Russie, la conquête de l'Amérique...), et ces liens entre les différents personnages qu'à priori rien ne semble rapprocher. La lecture en devient presque un jeu, où il s'agit de deviner comment et à qui va être relié l'individu dont on est entrain de lire l'histoire. Les liens qui surgissent sont parfois surprenants, mais jamais tirés par les cheveux, le tout se tient et la fluidité des transitions entre les différents chapitres est assez remarquable.
L'écriture est très agréable à lire. Le style varie suivant les histoires pour s'adapter aux différents milieux dans lesquels se situe le récit, mais malgré ces variations, l'ensemble du roman donne une impression d'unité.

J'en viens maintenant au fond de l'histoire. Outre les liens plus ou moins directs entre les différents personnages du livre, ils ont tous en commun cette quête de liberté, de soi. Les mêmes sentiments les habitent. C'est un roman qui parle d'humanité au sens large, qui met un doigt sur cette soif de vivre que l'on ne parvient pas toujours à exprimer, sur l'écart qu'il y a parfois entre la vie réelle et la vie rêvée. C'est aussi un livre qui invite au voyage sous toutes ses formes, avec des descriptions magnifiques

Globalement, j'ai donc trouvé l'idée de départ originale et ai apprécié la lecture de ce roman, même si il me semble qu'avec le temps je l'oublierai vite. La structure même du roman empêche que l'on s'attache aux personnages (et quand bien même on s'y attache, on est forcé de les quitter prématurément), et c'est là tout le paradoxe de Mercredi soir au bout du monde : une forme attrayante qui capte le lecteur, mais qui dans le même temps le détache du fond de l'histoire, pourtant pas dénuée de profondeur.

L'avis très enthousiaste de Karine, et celui de Catherine pour le Biblioblog.

Merci à Yohan pour le prêt !

Xyz (collection Romanichels) - 227 pages