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vendredi 28 décembre 2012

Se retenir aux brindilles (Sébastien Fritsch)

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Dernier roman en date de Sébastien Fritsch, un auteur que j'ai découvert à ses débuts et que je suis depuis lors. Un auteur qui passe d'un genre à l'autre avec aisance et nous propose des histoires et des univers bien différents d'un livre à l'autre. Le seul dénominateur commun entre ses différents écrits, c'est cette plume ciselée et soignée jusque dans les moindres détails, aucun mot n'étant laissé au hasard. Il s'en dégage un grand plaisir à la lecture que j'ai retrouvé cette fois encore avec Se retenir aux brindilles

Cette histoire, c'est celle d'Ariane, une trentenaire qui vit à Lille avec son mari et leurs deux jeunes enfants. Lorsque nous faisons connaissance avec notre héroïne (et narratrice), elle est en cavale pour fuir son mari. Elle a embarqué avec elle ses deux petits et s'est spontanément dirigée vers le village de son enfance, en région Rhône-Alpes.
Le roman est construit sur une alternance entre le passé d'Ariane, son enfance et son adolescence auprès de ses deux amis Tristan et Mathias, et le présent, sa situation conjugale qui s'est dégradée jusqu'à un point de non retour.
Ariane nous livre peu à peu des fragments de ce passé empreint de mystère. Des jeux dans un château abandonné, des jeux pour se faire peur, pour braver le danger. Au fil des pages on découvre quelle a été sa vie, pourquoi et comment elle a fini par quitter ce lieu.
En parallèle, nous suivons son périple, sa fuite éperdue vers un idéal disparu, son désir de trouver de l'aide, de se sortir de l'impasse dans laquelle est s'est retrouvée. La situation semble dramatique, la panique prend parfois le dessus et l'on voudrait la sortir du pétrin, lui indiquer le chemin. Elle ne prend pas toujours les bonnes décisions, elle cherche sans forcément trouver, hésite, vacille. Il y a quelque chose du roman initiatique par moments avec ce personnage qui évolue et se construit au fil des pages en revenant aux sources de sa vie.

L'atmosphère à la fois étrange et mélancolique donne tout son charme à ce roman dont l'intensité va crescendo.  On a le sentiment d'être véritablement aux côtés de la jeune femme, partageant ses interrogations sur la vie, sur ce qu'il convient de faire ou ne pas faire.
Un excellent moment de lecture.

Les premières lignes du roman

Le blog de l'auteur

Les éditions fin mars début avril

Editions Fin mars début avril, 326 pages, 2012

mardi 1 mars 2011

Invitation pour la petite fille qui parle au vent (Sébastien Fritsch)

J'ai fait connaissance avec la plume de Sébastien Fritsch avec son excellent roman épique Le mariage d'Anne d'Orval. Ici, l'auteur aborde un tout autre registre avec l'histoire de Thomas, un médecin légiste marié et père de famille.
J'ai aimé Invitation pour la petite fille qui parle au vent principalement pour deux raisons.
D'abord, et contre toute attente, pour sa construction. Habituellement je préfère les récits linéaires, les va-et-vient dans le temps finissent généralement par m'agacer ou me frustrer... Or là au contraire, j'ai pris plaisir à suivre l'évolution des personnages que l'on croise à différentes époques de leur vie jusqu'à en reconstituer le puzzle dans son intégralité.
Ensuite pour ses personnages. Plus que l'histoire en elle-même, ce sont eux qui m'ont séduite, auxquels je me suis attachée. Leur personnalité, servie par une écriture tout en pudeur, me les a rendus proches et touchants. Salomé est sans-doute celle qui m'a marquée le plus et son histoire avec Joseph m'a bouleversée.
A travers une successions de courts chapitres, on remonte le fil du temps pour découvrir comment cette famille est née et ce qu'elle a traversé, moments heureux ou douloureux. En somme, il s'agit d'une famille bien ordinaire, vous ne trouverez pas dans ce roman de révélations surprenantes mais vous ferez connaissance avec chacun de ses membres, vous apprendrez à les apprécier. Dès les premières pages on se glisse entre les mots et l'on en suit la musique interne. Il y a de la poésie et une retenue qui m'ont émue dans ce livre qui fût une belle promenade.

* * *

Pour vous procurer ce roman, vous pouvez passer commande directement sur le site de la maison d'édition Fin mars début avril créée par l'auteur ou bien vous rendre dans une des nombreuses librairies partenaires

Les premiers chapitres en ligne

Le blog de Sébastien Fritsch


Editions Fin mars début avril, 285 pages, 2010

dimanche 22 février 2009

Le sixième crime (Sébastien Fritsch)

A la suite de cinq crimes atroces, le commandant de police Jérôme Babalnic chargé de l'enquête se rend dans un petit village de la Drômepour y rencontrer le talentueux romancier Lex. L'auteur est sollicité par le policier pour apporter son expertise sur cette affaire bien étrange... les cinq meurtres ayant été directement inspirés par l'oeuvre d'un écrivain tombé aux oubliettes avant même d'avoir été publié.

Le sixième crime n'est pas un "pur" polar, il est à mon sens, davantage un roman psychologique dont le thème central est l'écriture.
Alors bien sûr, il y a une intrigue, une enquête, des argumentaires, des déductions, et une fin bien amenée (bien qu'elle ne m'ait pas surprise plus que cela), mais ce n'est pas cela que j'ai aimé dans ce livre. Ce que j'ai apprécié le plus, ce sont les réflexions sur l'écriture.

Un policier qui n'en est donc pas vraiment un, du moins pour les puristes du genre, mais qui m'a fait passer un agréable moment.

Toutefois, puisque c'est le deuxième ouvrage que je lis de l'auteur, ma préférence va au Mariage d'Anne d'Orval dont j'avais trouvé l'écriture plus aboutie.

Un extrait qui m'a bien fait rire :

Ce qui prouve, si cela était nécessaire, que le génie n'est pas contagieux : même en occupant chaque seconde de sa vie à disséquer un grand auteur, on ne risque pas d'être contaminé.

Les avis de Florinette et de Clarabel

Merci à Ramanna pour le prêt !

Pierregord - 133 pages

dimanche 13 avril 2008

Le mariage d'Anne d'Orval (Sébastien Fritsch)

Ce roman historique remplit exactement le rôle que j'attends d'un livre : me faire voyager. Que le voyage ait lieu à une autre époque ou à l'époque présente, dans le pays où je vis ou à l'étranger, que l'histoire se déroule dans un univers familier ou inconnu... peut m'importe, pourvu qu'en me plongeant dans un livre, j'en arrive à oublier qui je suis, où je vis et le monde alentour.
C'est ce qui s'est passé avec Le mariage d'Anne d'Orval, et ne serait-ce que pour cela, j'aurais déjà envie de crier au coup de coeur. Mais je garde un peu de réserve, car ce n'est que le premier roman de l'auteur, et je suis persuadée qu'il peut écrire encore mieux !
Le mariage d'Anne d'Orval, c'est une double histoire, d'amour et de haine à la fois. Une histoire dont le personnage central Anne, va être le déclencheur des différents événements, et le moteur des actions de ceux et celles qui l'entourent. Anne, qui est promise par son père à Clément de Merlieu, un seigneur au passé mystérieux, à la réputation de droiture et de bravoure. L'arrivée de ce dernier au domaine d'Orval, dans le but d'épouser la fille du baron, va bouleverser en l'espace de quelques jours l'existence d'Anne et des siens. Je n'en dis pas davantage pour ne pas gâcher le plaisir du lecteur...
Lors des cinquante premières pages, je suis restée légèrement distante, éprouvant de l'intérêt pour l'histoire, mais pas totalement convaincue. C'était probablement le temps nécessaire pour que l'intrigue se mette en place. Une fois passé ce cap, j'ai été littéralement embarquée par le livre et n'ai pu en décrocher (d'ailleurs, avis à ceux qui voudront le lire, surtout ne pas l'ouvrir tardivement en soirée si l'on a dépassé la page cinquante, c'est l'assurance d'une nuit tronquée !). J'ai aimé l'histoire que j'ai trouvée plutôt originale dans la façon dont elle est traitée, et surtout l'intrigue, admirablement déroulée par l'auteur, qui nous tient en haleine jusqu'au bout. Dans la deuxième partie du roman, les choses s'accélèrent et les questions affluent ; on a envie de connaître la vérité, on est suspendu aux mots, on vibre pour les personnages. La fin est superbe, je n'en attendais pas une autre, j'avais peur que l'auteur sombre dans la facilité, mais non, jusqu'à la toute dernière ligne le récit préserve cette impression de force que j'ai ressentie pendant la lecture.
La période choisie (le Moyen-Age) et la région (la Haute Auvergne), couplées à l'écriture de Sébastien Fritsch, ont achevé de me séduire.
Le mariage d'Anne d'Orval est un excellent roman qui m'a captivée, merci pour cet agréable moment de lecture !
Je retrouverai certainement cette belle plume avec grand plaisir.

Un extrait que j'ai trouvé particulièrement beau :

Quatre cierges de chaque côté du catafalque étaient les seules lueurs dans la nef obscure. Ils étaient trop faibles pour révéler tous les détails. Mais ils suffisaient pourtant à ce que l'on distinguât nettement les deux forces qui se partageaient l'espace : le noir et le blanc.
Le noir de la pierre des piliers, des chapiteaux, des arcs et des voûtes, membres et articulations d'un squelette démesuré, figé par la nuit. Le noir des fresques murales dont les riches couleurs, fondues entre elles, s'étaient humblement rendues à l'évidence qu'elles n'existent pas sans lumière. Le noir du bois : les bancs, les prie-dieu, les portes, acceptant seulement, sur leurs surfaces polies par le contact de tant de mains ou de corps, l'infime écho d'un fin reflet émanant de huit flammes.
Le blanc du marbre pavant le sol, cadre opalescent supportant le mobilier. Le blanc de l'autel de pierre, nu, devant lequel reposait le corps d'Amaury. Le blanc verdâtre de la face et des mains du défunt. Le blanc chaleureux de la robe et le blanc pur du visage d'Anne.

Chapitre IX, page 101

A noter que le deuxième roman de l'auteur, Le sixième crime (un polar cette fois), sera disponible en librairie à partir du 16 avril.

Et si vous voulez en savoir davantage sur l'auteur, allez lui rendre visite ici.

L'avis d'Amanda, que je remercie chaleureusement de m'avoir prêté son exemplaire, et celui de Lucile.

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