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dimanche 9 novembre 2008

Carnet du Sénégal (Bohringer Richard - Broquet Virginie)

Après les éloges que j'ai pu faire aux deux premiers romans de l'auteur je dois vous avouer que Carnet du Sénégal m'a vraiment déçue.
C'est pourtant un ouvrage que je voulais me procurer depuis fort longtemps et peut-être l'aurais-je apprécié si je l'avais lu avant Le bord intime des rivières.
Je me suis en effet sentie quelque peu victime de l'effet marketing en découvrant que la quasi totalité du texte provenait de ce roman. Mot pour mot. Des paragraphes entiers recollés bout à bout pour en faire un nouveau texte. J'ai donc lu à quelques phrases près exactement la même chose que dans Le bord intime des rivières.

Maintenant si je fais abstraction de cela, le texte est très beau, mais je vous ai déjà dit que j'étais conquise par la plume de Richard Bohringer.
Quant aux illustrations, elles m'ont laissée de marbe ou presque. Des dessins trop "brouillons", un style graphique qui ne m'a pas plu, mais bon, les goûts et les couleurs... J'ai simplement aimé l'idée qu'a eu l'illustratrice de coller dans ses productions des bouts de tissu africain.

En résumé, si vous n'avez pas lu Le bord intime des rivières et que vous êtes un amoureux de l'Afrique, c'est un bel ouvrage ; pour les autres vous pouvez vous abstenir !

L'avis de Laurence, qui elle, n'a pas été du tout gênée de retrouver un texte déjà lu ailleurs.

Arthaud

samedi 8 novembre 2008

Le bord intime des rivières (Richard Bohringer)

Publié six ans après C'est beau une ville la nuit, Le bord intime des rivières est le deuxième roman autobiographique de Richard Bohringer.
Les deux ouvrages s'inscrivent dans une continuité mais ne suivent pas nécessairement une chronologie classique.

J'ai donc moins à dire sur cet ouvrage bien qu'il m'ait également touchée... même style, même rythme des mots, mêmes pensées sombres, à ceci près que dans ce deuxième livre, l'auteur nous invite davantage au voyage, nous faisant découvrir à cette occasion son amour pour le continent africain.

Pour qui a aimé C'est beau une ville la nuit, une lecture évidente.

[...] Les mots, arriver à les foutre sur le papier. Y'a des fois en pleine trajectoire, à fond la caisse dans la phrase, t'éclates, tu déjantes, et cette foutue phrase cahote dans l'herbage pour finir comme une conne loin du rivage. [...]

[...] Je veux écrire pour être avec les autres. Ceux que j'ai connus. Ceux que je vais connaître. Ceux que je ne connaîtrai jamais. Je veux écrire pour être meilleur humain. Pour éviter la disgrâce.

L'avis de Laurence.

Denoël (collection Folio) - 120 pages

vendredi 7 novembre 2008

C'est beau une ville la nuit (Richard Bohringer)

Je connaissais Richard Bohringer l'acteur, mais je ne connaissais pas l'auteur. Et puis il y a eu cette interview qui m'a profondément émue et ces billets qui m'ont donné envie d'ouvrir son premier roman.

N'entre pas qui veut dans un livre de Richard Bohringer...
Le lire, c'est d'abord prendre son temps, laisser ses attentes au vestiaire et se laisser doucement envahir par la prose poétique de l'auteur.
Un style particulier qui déroute, parfois cru, qui remue l'âme. J'ai ressenti comme un malaise au cours de ma lecture, j'avais le sentiment de lire le journal intime d'une personne qui n'aurait jamais dû tomber dans les mains d'un public étranger. L'auteur se met à nu, livre ses pensées les plus sombres, nous parle de son inaptitude au bonheur... Des mots qui résonnent et qui heurtent, comme un voyage dans le psychisme d'un autre. La compréhension est parfois difficile tellement le texte est personnel, mais petit-à-petit, au fil des pages, se dessine la vie d'un homme meurtri qui semble croire malgré tout en l'humain.

J'ai l'impression que je n'ai pas choisi le moment idéal pour le lire, j'y reviendrai sans-doute, ou peut-être pas, un jour...
Je ne peux donc qu'encourager celles et ceux qui souhaitent en faire la découverte à choisir LE bon moment pour ne pas gâcher cette lecture qui se mérite.

Un extrait qui m'a particulièrement touchée :

[...] Je vis dans du décolorant. Je me souviens des jours dorés. Je me souviens de l'ombre qui tremble. Je me souviens du pain, du café qui fume, des yeux clos, du soleil qui claque derrière le rideau. Du rire dans la maison claire, de l'âme qui s'envole au matin. Je me souviens de la peau, des doigts qui courent gros câlins. Je me souviens et tout revient. Nostalgie imbécile, quitte-moi donc cet après-midi. Laisse-moi souffler, me reposer. Je suis épuisé. Je voudrais vivre comme hier, avant ce jour maudit où quelque chose s'envola. Imperceptible absence. Vivre dans du décolorant est épuisant. [...]

Laurence en parle infiniment mieux, je la remercie de m'avoir donné envie de lire ce livre.

Denoël (collection Folio) - 156 pages