Mot-clé - Daphné Du Maurier

Fil des billets - Fil des commentaires

jeudi 21 mai 2015

Manderley for ever (Tatiana de Rosnay)

81B5unOS9EL.jpg

Daphné Du Maurier est un de mes écrivains préférés, à tel point que je lui avais consacré une semaine spéciale sur mon blog il y a quelques années de cela. Je ne connaissais pas, en revanche, la plume de Tatiana de Rosnay, mais je lui ai trouvé beaucoup de charme et de classe. Pour ainsi dire, cette biographie passionnante fut presque un coup de coeur.

La vie de Daphné Du Maurier y est relatée de sa naissance à sa mort de façon quasi exhaustive avec moult citations et extraits de l'oeuvre de Daphné et quelques photographies. Ce fut une totale découverte en ce qui me concerne, car j'en connaissais fort peu sur Daphné Du Maurier elle-même, à part son ascendance française à laquelle elle consacra un roman, Les souffleurs de verre.
Finalement, quand on y songe, ce n'est pas tant l'existence de l'auteure, que sa personne, qui se révèle fascinante. Car elle n'a pas eu de vie extraordinaire (pas ordinaire pour autant, on est d'accord !), mais c'est la façon dont elle a mené cette dernière, ses envies, ses exigences et ses obsessions, qui ont fait d'elle l'écrivain renommé. 
J'ai même été surprise de découvrir un personnage pas très attachant, assez égocentrique et sauvage. En fin de compte - et le travail de Tatiana de Rosnay en cela est formidable - on réalise en lisant cette biographie combien Daphné a mis d'elle dans chacun de ses romans, et combien ses choix de vie ont influencé son oeuvre.

J'ai adoré lire cette biographie, apprendre toutes ces choses sur l'auteure que je vénère depuis mes quinze ans, comprendre enfin le pourquoi de ses histoires. On sent dans l'écriture de Tatiana de Rosnay et dans sa façon d'appréhender cette biographie toute l'admiration qu'elle porte à son sujet d'étude et cela n'en rend son livre que plus passionnant.

A lire de toute urgence !

Le joli billet de Yueyin

Albin Michel - Heloïse d'Ormesson, 457 pages, 2015

dimanche 28 septembre 2008

Mad (Daphné Du Maurier)

Pour conclure cette semaine consacrée à Daphné Du Maurier, un roman à part dans son oeuvre.

J'ai été surprise en commençant la lecture de Mad. Je m'attendais à retrouver cette atmosphère si particulière aux ouvrages de l'auteur, et bien pas du tout !
Mad fait partie des derniers romans écrits par Daphné Du Maurier, et il est étonnant de penser que c'est la même personne qui est l'auteur de Rebecca.

Ici, il s'agit d'un ouvrage d'anticipation dont le point de départ est l'arrivée de l'armée des Etats-Unis sur le sol du Royaume-Uni.
Pourquoi cette invasion soudaine des soldats américains ? C'est ce que Madame (rebaptisée Mad par sa petite fille), une ancienne actrice de théâtre octogénaire, a l'intention de découvrir, car l'explication fournie par les autorités ne lui convient guère...
La vieille dame, accompagné de sa petite fille Emma et de ses six garçons adoptés n'a pas sa langue dans sa poche. J'ai de l'affection pour ce personnage un peu loufoque au caractère bien trempé. La vision qu'en donne le narrateur est à la fois touchante et amusante. Le résultat est un roman drôle et très plaisant à lire.

Je préfère la plume de l'auteur dans ses autres romans de fiction à la fois gothiques et romantiques, mais celui-ci n'est pas mal du tout, simplement c'est un autre style.
On peut aussi y voir une critique ironique de la politique mondiale, mais personnellement j'ai considéré Mad comme un bon roman de divertissement.

A lire pour découvrir une autre facette de la plume de Daphné Du Maurier.

Albin Michel (Le livre de poche) - 346 pages

samedi 27 septembre 2008

Les souffleurs de verre (Daphné Du Maurier)

Daphné Du Maurier  est principalement connue pour ses romans de fiction, mais elle a également écrit des ouvrages à caractère biographique.
La plupart d'entre eux portent sur sa propre famille, notamment Gérald consacré à son père (1934) ou Les Du Maurier consacré à ses ancêtres (1937).
Les souffleurs de verre qui fut écrit et publié bien plus tard (1963) retrace un pan de l'histoire de sa famille paternelle dans la seconde moitié du 18ème siècle.

Les ascendants de Daphné Du Maurier qui avaient pour patronyme Busson étaient maîtres verriers de père en fils et exerçaient leur art dans le département de la Sarthe.

L'ouvrage débute avec le mariage de Mathurin Busson et Magdelaine Anne Labbé en 1747 et s'achève près d'un siècle plus tard. L'histoire est contée par une certaine Sophie Duval, qui n'est autre que la soeur de l'arrière arrière grand-père de Daphné Du Maurier (et le personnage central du roman), Mathurin Robert Busson.
Dans ce roman, l'auteur retrace l'existence de ses aïeux en la replaçant dans le contexte politique de l'époque.
En lisant Les souffleurs de verre, on a donc un triple témoignage portant à la fois sur le métier des verriers, sur l'avènement de la révolution de 1789 et sur les origines françaises de Daphné Du Maurier.

Il me semble que l'histoire en elle-même est déjà très intéressante, mais pour peu que l'on apprécie l'oeuvre de Daphné Du Maurier, elle en devient passionnante...

Pour l'anecdote, le patronyme sous lequel on connaît l'auteur viendrait de ce fameux Mathurin Robert Busson, né à Chenu dans la Sarthe à la ferme Du Maurier, domaine dont il aurait par la suite pris le nom.

Pour obtenir un aperçu de l'arbre généalogique d'ascendance de Daphné Du Maurier, c'est ici.

Albin Michel (collection Le livre de poche) - 508 pages
   

vendredi 26 septembre 2008

L'amour dans l'âme (Daphné Du Maurier)

L'amour dans l'âme (titre original The loving spirit) est le premier roman de Daphné Du Maurier, d'abord publié en France (1950)  sous le titre La chaîne d'amour.

Jusqu'à présent, de l'ensemble des romans que j'ai lus de cet auteur, c'est de loin mon préféré, celui qui m'a le plus marquée.
Il m'est difficile aujourd'hui de dire si c'est un coup de coeur, car ayant déjà lu ce roman auparavant, cette deuxième lecture était sans surprise (pour une fois, je me rappelais bien de l'histoire, comme quoi j'avais vraiment apprécié ce roman). Cependant, je pense que si c'était ma première lecture ce serait un vrai coup de coeur.

Sur un siècle, l'histoire d'une famille du comté de Cornouaille, dans le petit village de Plyn (inventé semble-t-il par l'auteur).  Quatre générations d'hommes et de femmes qui vont s'aimer, se déchirer, vivre et mourir. L'histoire commence avec Janet Coombe et se termine cent ans plus tard avec son arrière petite fille, Jennifer. Entre le portrait de ces deux femmes de tête, celui de deux hommes, Joseph le fils de Janet et grand-père de Jennifer, et Christopher, le fils de Joseph.

Outre leurs liens de sang, ce qui rapproche ces personnages, c'est la mer, élément central du roman. La mer fascinante, la mer dangereuse, parfois cruelle, mystérieuse aussi. Elle attire les uns, effraye les autres, mais personne ne peut s'en détacher.

Un roman multiple où il est question d'amour, de haine, de mort, de vengeance, de courage... Un récit prenant avec un soupçon de fantastique, des hommes et des femmes à la destinée étrange, et toujours la mer, omniprésente.

Un excellent roman avec des personnages forts qui a enthousiasmé l'amoureuse de la mer que je suis.

Phébus (collection d'aujourdhui) - 387 pages

jeudi 25 septembre 2008

Jeunesse perdue (Daphné Du Maurier)

Jeunesse perdue, est le deuxième roman de Daphné Du Maurier. Il fut publié en 1932, et c'est à ce jour, de tous les livres que j'ai lus de l'auteur, celui que j'ai le moins aimé.

J'ai tout d'abord été profondément agacée par la personnalité du héros de l'histoire, un jeune homme totalement égoïste qui ne parvient pas à se défaire de sa jeunesse et à s'intégrer dans le monde des adultes. Un personnage antipathique au possible, exclusivement centré sur lui-même et indifférent à ce que peuvent vivre et ressentir ses proches, bref une vraie tête à claques !
Je vous accorde que l'on ne doit pas juger un roman en fonction de la sympathie que l'on peut ou non éprouver pour ses personnages, mais il est un fait que cet aspect m'a gênée.

Par ailleurs, j'ai trouvé que dans Jeunesse perdue, le talent de Daphné Du Maurier était moins remarquable que dans ses autres romans. J'ai d'abord attribué cela à un manque de maturité dans l'écriture avant de découvrir que L'amour dans l'âme (un vrai bijou dont je vous parlerai demain) était son premier roman !

Peut-être simplement une affaire de goût ? Il n'empêche que je trouve ce roman moins réussi que le reste de son oeuvre.

Albin Michel (collection Le livre de poche) - 311 pages

mercredi 24 septembre 2008

L'auberge de la Jamaïque (Daphné Du Maurier)

Encore une relecture pour ce roman que j'avais découvert à l'adolescence mais dont je ne conservais aucun souvenir... ceci étant dû à ma "mémoire-passoire" et non à la qualité de l'ouvrage !

L'auberge de la Jamaïque est un roman bien différent de ceux que j'ai présentés en ce début de semaine.
Ici, point de raffinement.
Les personnages principaux n'appartiennent pas à la bourgeoisie mais à une classe sociale peu aisée, ils vivent (quand ils ont un toit) dans des demeures peu salubres et sinistres dont le luxe et le superflu sont absents. Les paysages - marais enlisants, landes balayées par les vents, mer déchaînée - sont sauvages et peu engageants, la région de Cornouaille britannique où se déroule le récit est plutôt désertique et le climat y est rude.
Ces éléments donnent un cadre idéal à la sombre histoire que nous conte l'auteur. Cette fois, elle ne se contente pas de suggérer ce qui se passe au lecteur, parfois elle décrit directement l'horreur à laquelle est confrontée l'héroïne.

J'ai beaucoup apprécié ce roman dans lequel la mer omniprésente joue un rôle de premier ordre. Le côté obscur du livre - gothique diront certains - m'a également séduite même si, question suspense, je n'ai pas été surprise ayant rapidement deviné ce qui se tramait et quelle serait l'issue de l'histoire. Malgré cela, ma lecture n'a pas été déplaisante et j'ai dévoré les dernières pages.

Le billet de Karine

Albin Michel (collection Le livre de poche) - 439 pages

mardi 23 septembre 2008

Rebecca (Daphné Du Maurier)

Lorsqu'elle épouse Maxim de Winter, la narratrice ne mesure pas encore toute l'étendue de l'influence de la première femme de son mari. Bien que n'étant plus en vie, Rebecca continue de régner de façon invisible sur le domaine de Manderley. La décoration des pièces de la demeure, le mobilier, l'aménagement du jardin, les menus élaborés en cuisine... tout porte encore l'empreinte de la défunte.

C'est dans ce climat pesant et sombre que l'action évolue pour conduire doucement le lecteur vers la clé du mystère.
Je ne le dirai jamais assez, Daphné Du Maurier est définitivement une "romancière d'atmosphère". Dans Rebecca, elle crée une ambiance lugubre et angoissante qui étouffe la narratrice, personnage dont on ne connaîtra jamais le nom au cours de l'histoire et qui communique petit-à-petit son mal-être au lecteur.
L'écriture de ce roman est très soignée, les descriptions de paysages et de scènes de la vie quotidienne sont particulièrement belles. On s'imagine volontiers se promenant dans le jardin parmi les azalées et les rhododendrons écarlates, ou encore prenant le thé au petit salon devant un feu de cheminée...
La psychologie des personnages est finement étudiée, certains font froid dans le dos ; les regards, les paroles, chaque détail a son importance et contribue à instaurer ce climat oppressant.

Une fois encore,  Daphné Du Maurier parvient à nous tenir en haleine avec une histoire où il se passe finalement peu de choses .

Un excellent roman à lire par temps de pluie au chaud sous la couette devant un paysage de mer.

Les avis de Karine, Tamara, Pimpi, Allie.

Albin Michel (collection Le livre de poche) - 409 pages

lundi 22 septembre 2008

Ma cousine Rachel (Daphné Du Maurier)

Ma cousine Rachel est ce que l'on pourrait appeler un roman psychologique.
Pas ou peu d'action dans cette histoire dont la trame est plutôt ordinaire en apparence. L'intérêt de ce roman, et l'attrait qu'il exerce sur le lecteur reposent essentiellement sur le talent d'écriture de Daphné Du Maurier.

Le personnage principal de l'histoire, Philip Ashley, en est également le narrateur. C'est donc au travers de ses yeux et avec ses propres sentiments que nous découvrons et ressentons les événements. Tout au long du roman, nous vivons par procuration ce que vit le jeune homme, sans jamais avoir de regard extérieur sur ce qui se passe.
Ce style narratif, souvent usité en littérature, est ici parfaitement maîtrisé et force encore davantage l'atmosphère sombre et pesante du récit.
Au fil des pages (après un début que j'ai trouvé un peu lent, ne parvenant pas de suite à entrer dans l'histoire), l'intensité augmente, les questions affluent et l'on finit par se prendre au jeu, par retenir son souffle pour découvrir ce qui va bien pouvoir se passer. Le suspense est maintenu jusqu'à la toute dernière page et le doute aussi !

Au final, Ma cousine Rachel n'est pas le livre que je préfère de Daphné Du Maurier, mais il reste une lecture très plaisante et permet de découvrir toute la puissance de son écriture.

L'avis de SuperBuse

Albin Michel (collection Le livre de poche) - 499 pages

mercredi 19 mars 2008

Le général du roi (Daphné Du Maurier)

Je suis une inconditionnelle de Daphné Du Maurier. J'aime son style, ses personnages, sa façon de conduire une intrigue, de décrire les sentiments humains. Le général du roi me l'a confirmé.
L'originalité de ce roman est de mêler fiction et réalité historique. Le récit se déroule dans la Cornouailles anglaise pendant la première guerre civile qui eut lieu entre 1642 et 1648.
Nous suivons deux personnages - Honor Harris et Sir Richard Grenvile - que tout oppose a priori, mais que le hasard de la vie va rapprocher.
Honor Harris et une jeune femme de bonne famille, fière, intelligente et courageuse.
Sir Richard Grenvile est un général au service du roi d'Angleterre. Stratège génial, royaliste convaincu, il sait se montrer généreux mais peut aussi se révéler cruel, faisant passer son dévouement pour la protection de la couronne et ses ambitions militaires avant tout le reste. Malgré ses défauts et son rude caractère, il en fascine plus d'un et a su gagner le coeur d'Honor. Mais à quel prix ?
Ces deux-là ne vont jamais cesser de s'aimer, mais d'un amour non conventionnel, amour qui sera soumis à de rudes épreuves.
Une fois de plus, Daphné Du Maurier peint avec brio deux forts caractères qui nous entraînent dans leur sillage. On admire l'un et l'autre, on les regarde parfois d'un oeil critique, mais au fond on les comprend. Chacun, à sa manière, est un héros de la vie.
Outre ces deux personnages, qui, à eux seuls portent le roman, j'ai apprécié le fond historique du récit. Moi qui, a priori, ne suis guère attirée par les romans historiques en général, et encore moins par tout ce qui touche à la guerre, j'ai été complètement séduite par cette lecture.
L'auteur nous raconte la guerre à travers le regard des civils, passant quasiment sous silence les affrontements. La violence et la cruauté n'en sont cependant pas moins présentes, et la description des différents sièges et des conditions de vie des civils est plus que réaliste. Les hommes partis au combat, les femmes luttent pour survivre et préserver les domaines où elles vivent. Les familles se regroupent, la vie devient communautaire.
J'ai également apprécié la forme du récit, narré à la première personne par Honor. Après un premier chapitre dans le temps présent (et qui est un peu ardu car il présente d'un seul coup tous les personnages de l'histoire !), on retourne dans le passé pour assister à la rencontre d'Honor et Richard, et suivre avec eux le cours de l'histoire. Du fait du type narratif, on se trouve d'emblée dans une relation d'intimité avec le personnage d'Honor qui partage avec nous ses pensées profondes, ses doutes, ses peines et ses peurs.
Je ne qualifierais pas Le général du roi de coup de coeur - bien que je l'ai apprécié autant (voire davantage) que certains coups de coeur que j'ai pu présenter ici - car je lui ai préféré d'autres romans de l'auteur, mais celui-ci est malgré tout excellent, et je vous en conseille vivement la lecture.

A noter qu'il existe une version poche de ce roman.

Phébus - 362 pages