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samedi 5 septembre 2015

La vague des albums #82

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Sublime album qui m'a énormément touchée. Difficile d'en parler par contre, tant mon ressenti est personnel. L'histoire démarre avec une petite fille qui vit dans un monde détruit et grisâtre, dans une maison sur pilotis entourée d'eau. Un jour, elle entreprend un voyage qui va la conduire vers les couleurs et les souvenirs.
Sorte de fable écologique, De rêves et d'eau recèle un charme irrésistible. Il se dégage de ses pages une infinie poésie mêlée de mélancolie. Les dessins sont doux, le texte donne à réfléchir et l'on est plongé dans un univers merveilleux et triste à la fois. Magnifique.

De rêves et d'eau
Louyuling Ice, Heibai
Père Fouettard, 2015

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Dans un registre bien différent, voici (déjà) le onzième tome des aventures d'Emile. Aujourd'hui les éboueurs passent, et Emile doit descendre la poubelle jaune, celle dédiée au papier. C'est l'occasion de faire le tri parmi ses livres et dessins. Puis Julie, la petite copine d'Emile arrive. Indirectement, elle va l'aider à descendre les poubelles.
Concernant cet album, nous avons des avis opposés, petit matelot et moi-même. Lui n'a pas vraiment ri, il ne l'a pas trouvé drôle comparé aux précédents. Pour ma part, j'ai bien aimé et retrouvé dans ce nouveau tome l'humour propre  à Emile. Pourtant, il me semble moins réussi, peut-être que la série commence à s’essouffler ? Affaire à suivre.

Emile descend les poubelles
Vincent Cuvellier, Ronan Badel
Gallimard Jeunesse (Giboulées), 2015

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Toujours sur le thème de l'humour, l'histoire de Petit cochon qui a un secret mais ne veut pas le confier. Tous les animaux défilent les uns après les autres pour tenter de le soudoyer et d'obtenir sa confession mais Petit cochon est déterminé à garder son secret. 
C'est un album idéal pour les plus jeunes avec son grand format et ses tendres illustrations. Le ton est drôle et la chute inattendue. 
Un album qui séduira les petits lecteurs, sans nul doute.

Un secret de petit cochon
Philippe Jalbert
Seuil Jeunesse, 2015

mardi 17 juin 2014

La vague des albums #56

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Il s'en est passé du temps depuis que j'ai découvert pour la première fois les éditions Clochette ! Nouvel album paru dans la collection Zygomots, et nouvelle tranche de rigolade.
Cette fois, l'héroïne est Lulu-la-balayette qui s'ennuie toute seule dans le placard de la cuisine. Mais aujourd'hui, on fête l'anniversaire d'Antoine et Lulu va être de la partie. 
Dorénavant, lorsque l'on reçoit un album de cette collection, petit matelot a un rituel, il s'installe dans le canapé du salon et écoute l'histoire, puis une deuxième fois avec le texte à trous, puis enfin la chanson. Tout cela dans la foulée, avec beaucoup de sérieux et de concentration. Succès garanti à chaque fois. Si ce n'est pas la preuve que ces albums sont réussis, je ne vois pas que vous dire d'autre !!!

Lulu-la-balayette
Maureen Dor et Anne-Soline Sintes
Editions Clochette (Les zygomots), 2014

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Souvenez-vous, l'année dernière j'avais découvert une sympathique collection co-éditée par Nathan et Le muséum d'histoire naturelle. Ce nouveau titre est consacré à l'histoire d'un panda qui a vécu au zoo de Vincennes. L'animal recueilli petit dans la forêt grandit d'abord au zoo de Pékin avant d'être offert à la France. 
Ce nouvel album est une réussite comme les précédents, il allie un texte accessible mais intéressant à des illustrations tout en douceur. En fin d'ouvrage on retrouve une double page avec des informations sur les pandas ainsi que des photos de Yen-Yen. Instructif et joli, on en redemande !

L'histoire vraie de Yen-Yen le panda géant
Fred Bernard et Julie Faulques
Nathan/Muséum National d'Histoire Naturelle, 2014

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On s'évade un instant de la réalité avec cet album au format  à l'italienne qui invite son lecteur au rêve... A partir de dessins sur une feuille blanche, les souvenirs prennent vie et leur envol aussi. Tous ces secrets bien enfouis refont surface. C'est le nounours oublié, la fillette à la poupée, l'oiseau mangeur de graines, l'avion de papier... Il n'y a pas de limites à l'imaginaire dans ce livre, il faut simplement se laisser porter par les mots et et les illustrations enfantines et colorées. 
Finalement, lorsque l'on dessine, est-ce que l'on ne laisse pas comme le narrateur de cette histoire un peu de soi ? Voilà qui donne envie de prendre ses crayons de couleur !

Souvenirs de papier
Baptistine Mésange et Jessica Lisse
Philomèle, 2014

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Cet album m'a beaucoup touchée. C'est l'histoire d'un petit garçon, Thelonious, qui un beau matin n'a pas envie d'aller à l'école. Contre toute attente, son père décide que pour une fois exceptionnellement, il n'y aura pas école !
Cette journée va se révéler extraordinaire par bien des aspects et Thelonious ne l'oubliera pas de sitôt.
J'ai aimé cette tendresse et cette complicité entre le père et son enfant, ce brin de folie, cette idée que pour une journée on peut oublier les contraintes, on peut faire ce que l'on veut et s'évader du temps présent. Un joli album à la fois pour son texte et pour les chaleureuses illustrations d'Alexandra Huard. Une belle découverte !

La drôle d'idée de mon papa
Rémi Chaurand et Alexandra Huard
Nathan, 2014

samedi 14 mars 2009

Fleurs de tempête (Philippe Le Guillou)

Voilà un roman qui, pour une fois, me donne matière à écrire. Souvent, je suis incapable de mettre en mots mes impressions, d'expliquer pourquoi j'ai adoré un livre, ou au contraire pourquoi je ne l'ai pas aimé. D'autres fois, je n'ai tout simplement rien de particulier à dire d'une lecture, ce qui ne veut pas forcément dire que je ne l'ai pas appréciée.

Fleurs de tempête fait partie des ouvrages qui me rendent plus prolixe. Ce récit autobiographique retrace l'histoire de son auteur avec Hélène, une amie de quelques années sa cadette rencontrée vingt ans plus tôt à Rennes. Leur amour du Finistère - dont ils sont tous deux originaires - et des belles lettres vont les rapprocher et faire de leur relation une amitié forte et durable, qui résistera au temps et aux changements dans leurs vies respectives. En vérité, plus que de l'amitié, c'est de l'amour que l'auteur éprouve pour la jeune femme, un amour qui ne se concrétisera jamais pour des raisons que l'on ne peut que supposer.
Fleurs de tempête est un cri. Cri d'amour, cri de désespoir, de douleur aussi. C'est, selon les dires mêmes de l'auteur, un tombeau de papier, un reliquaire de mots destiné à sauvegarder une histoire à la fois belle et tragique.
Une histoire on ne peut plus universelle (la perte d'un être cher) qui m'a touchée en tant que lectrice mais également de façon plus personnelle. Une lecture qui n'a pas été des plus simples et qui m'a replongée malgré moi dans des souvenirs difficiles, des situations proches de mon vécu.
Ceci dit, l'émotion que j'ai pu ressentir ne m'a pas empêchée de trouver des défauts (liés au fond plus qu'à la forme) à ce roman, voire même parfois d'être agacée par ce que je lisais.

Les critiques que je vais énoncer concernent principalement la première moitié du roman, les défauts étant moins remarquables par la suite.
La toute première chose qui m'a gênée dès les premières pages, c'est l'expression d'une espèce de snobisme intellectuel qui n'est pas exprimé de façon explicite (encore que...) mais que j'ai ressenti très fortement. On a le sentiment que la relation entre l'auteur et Hélène tourne exclusivement autour de la culture, chose qui ne serait absolument pas gênante si elle était exprimée avec davantage d'humilité. Il ne m'est pas aisé d'expliquer mes sentiments pendant cette lecture, mais il m'a semblé que le ton adopté par Philippe Le Guillou flirtait avec la pédanterie et pouvait éventuellement mettre mal à l'aise le commun des mortels qui n'a pas une culture très étendue. Cet aspect m'a d'autant plus gênée qu' il enlève de la force au récit et place au second plan l'humanité des personnages. Un résultat qui, semble-t-il, est à l'opposé des desseins de l'auteur. Heureusement, avec l'évolution de l'histoire dans la seconde partie de l'ouvrage, les préoccupations culturelles sont progressivement supplantées par des préoccupations plus "humaines". Avec l'arrivée de la maladie, on sent bien que la culture n'a plus le même poids ni la même place dans la vie d'Hélène. Même la lecture qu'elle affectionne lui devient inaccessible quand elle souffre trop. J'aime à penser que la littérature peut soigner bien des maux et qu'elle a sa place à chaque instant de la vie, mais j'avoue que je n'ai pas bien saisi pourquoi l'auteur mettait tellement l'accent sur cet aspect de sa relation avec Hélène alors qu'une tragédie se profile à l'horizon... Philippe Le Guillou dévoile avec ce roman un pan très intime de sa vie ; il veut, dit-il, laisser une empreinte sur le papier de sa relation avec Hélène, et finalement, lorsqu'il nous dévoile leur histoire, il se réfugie en quelque sorte derrière ces échanges autour des lettres et des arts, passant sous silence ce qui fait l'essence même d'une personne. Il en résulte un témoignage partial, incomplet, et nettement moins touchant que la seconde partie du récit. Le lecteur reste passif et simple spectateur de sa lecture.
J'en viens maintenant au second élément qui m'a quelque peu gênée au cours de ma lecture et a empêché ma totale adhésion à l'histoire. Fleurs de tempête est un récit très personnel qui relate une tranche de vie à la fois belle et amère, une des ces expériences dont on ne ressort pas indemne et qui vous change à jamais. Il est donc naturel qu'un auteur en se lançant dans ce genre d'oeuvre utilise le "je" en profondeur. Néanmoins, l'attitude de l'auteur vis-à-vis d'Hélène m'a parfois exaspérée et agacée. Tout gravite autour de lui, tout passe par lui, ses sentiments, ses angoisses, ses peurs, ses désirs... Le récit en devient par moments nombriliste et cela m'a gênée. Alors oui, parler de sa vie personnelle est un exercice périlleux et difficile, on a vite fait de sombrer dans le pathos et de perdre son objectivité, mais quand un roman tourne autour du JE, l'histoire en perd de sa saveur, de sa vérité. Je ne juge pas ici l'auteur qui a eu le courage de coucher sur le papier une des expériences les plus difficiles de l'existence humaine, mais là encore, à l'image du snobisme intellectuel que j'ai décrié plus haut, on ressent une espèce de condescendance (probablement non voulue) de la part de Philippe Le Guillou vis-à-vis de toutes les personnes qui étaient proches d'Hélène. Ce que l'auteur veut faire passer pour de la pudeur et du respect par exemple lorsqu'il évoque à peine le mari d'Hélène ou encore ses amis, m'a mise mal à l'aise. J'avais la désagréable impression qu'il se prenait pour le centre de gravité de cette histoire...

Vous devez certainement trouver mes propos durs et peut-être, qui sait, injustes, mais n'allez pas en déduire pour autant que je n'ai pas aimé Fleurs de tempête.
Généralement, quand on a des choses à dire sur un livre, c'est qu'on l'a apprécié un minimum, au moins qu'il nous a interpellé. Le récit de Philippe Le Guillou m'a émue et captivée. Une fois sa lecture entamée, je n'ai pu le lâcher même si je me doutais de sa triste fin.
Quand à son écriture, si je ne l'ai pas trouvée extraordinaire, elle est belle et délicate, peut-être un peu trop, mais ceci n'est que l'expression d'un goût personnel.

Une première belle découverte du Prix des lecteurs du Télégramme qui me ravit d'autant plus que l'auteur est breton !

Lu dans le cadre du Prix des lecteurs du Télégramme


Gallimard - 161 pages