PF77_Max_exe5.inddMax fait partie de ces romans dont vous ressortez différent, qui ont un réel impact sur votre vie. Comment, après avoir lu ces presque cinq cents pages, ne pas être profondément touché, ému, effrayé ? Comment ne pas s'interroger, ne pas se demander, à l'instar de Jean-Jacques Goldman, " Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens si j'avais été allemand ? "

Max est le récit à la première personne d'un enfant issu du programme " Lebensborn ". De sa conception à ses neuf ans, de l'avant à l'après-guerre, on suit l'évolution de ce  " prototype idéal ". Max a été conçu sans amour, il sera le premier-né de la future race aryenne. Avec Hitler pour père spirituel et la patrie pour mère nourricière, il va grandir au sein d'une jeunesse formatée destinée à régénérer l'Allemagne, à la " purifier ". 

Le procédé narratif qui peut surprendre au départ (au début, Max nous parle alors qu'il est encore dans le ventre de sa mère) se révèle très efficace et suscite l'empathie du lecteur. Car, étonnamment, on déteste Max tout en le prenant en pitié. L'ambivalence des sentiments que l'on nourrit à son égard est déstabilisante, mais aussi constructive, d'une certaine façon. Elle permet de faire un premier pas dans la compréhension de l'inadmissible, de la cruauté et de l'horreur. Le personnage de Max, aussi laid (moralement, s'entend) soit-il, possède malgré tout les traits d'un être humain comme les autres, avec ses failles et ses doutes. 

C'est en cela que j'ai trouvé ce livre génial, car il expose les faits sans jamais porter de jugement de valeur, sans jamais chercher à influencer le lecteur.

Un roman remarquable qui incite à réfléchir. Une lecture indispensable.

Gallimard Jeunesse (Scripto), 480 pages, 2015 pour la présente édition

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