Je suis passée très près du coup de coeur avec ce roman. Au moment où j'écris ces lignes, quelques minutes à peine après avoir tourné la dernière page, j'hésite encore à mettre mon petit logo coup de coeur... Et puis non, je ne le mettrai pas, je vais espérer que le troisième tome sera encore meilleur et alors je le dégainerai ! 

Pourtant, il m'aura marquée ce cavalier rouge. Je ressors de ce livre un peu secouée et surtout bluffée par le style d'écriture. Edo est donc le deuxième cavalier de l'Apocalypse, le rouge. Sur Terre il n'est en apparence qu'un adolescent comme les autres, bosniaque d'origine à l'enfance douloureuse.

Certains ont été bercés sur des petites musiques douces. Des trucs pour faire de jolis rêves. Moi je m’endormais facilement que quand Zlatan regardait des films de guerre, le volume poussé au max. Ca me rappelait sûrement l'enfance. Chacun sa comptine du soir.

La vie ne l'a pas épargné et il le lui rend bien : 

Les gens heureux ont tous la même tronche. La même vie chiante et fade comme des pâtes à l'eau. Le malheur, mine de rien, ça a du style.

Edo n'est que haine et colère, une seule personne compte pour lui, son petit frère Anel.

Je pouvais me souvenir de la première fois que je l'avais tenu dans mes bras. J'avais pas dix ans. Il venait de naître et je le trouvais pas bien beau. Rougeaud et plein de plis. Mais il sentait le Petit Beurre chaud. J'avais tout de suite su qu'il serait la chose la plus précieuse de ma vie.

Anel soulevait ma paupière sans ménagement. Avec ses petits doigts collants. Je voyais sa bonne figure souriante plaquée à ma rétine. J'étais tenté de paresser au pieu, avec lui. Mais il avait une vie à construire, lui. Il avait un avenir. Et l'avenir commence pas demain. Il commence de suite. Maintenant, juste là.

Ce qui est absolument décoiffant dans ce livre, c'est que l'on se surprend à s'attacher à ce garçon qui n'a ni foi ni loi, monstre de cruauté et de brutalité. Peut-être à cause de son vécu, peut-être pour la tendresse dont il est capable envers son frère. Toujours est-il que je l'ai aimé ce personnage, je me suis prise d'affection pour lui. Sa personnalité, son phrasé, m'ont subjuguée. J'ai avalé les dernières pages en apnée.

Eli Esseriam signe là un deuxième tome qui surpasse encore en qualité le premier. Apocalypsis est sans nul doute une série hors du commun à découvrir de toute urgence. C'est du lourd, du très lourd, mais attention, à ne pas mettre dans les mains des plus jeunes, âmes sensibles s'abstenir.

Nouvel Angle, 238 pages, 2011