Premier roman que je lis de l'auteur. Celui-ci m'a attiré pour son histoire, même si j'en avais lu un minimum à son sujet pour ne pas trop en savoir en démarrant cette lecture.

Nous suivons sur un peu moins de trois cents pages le quotidien et la lente descente aux enfers de David, un geek à la vie sociale proche du néant.
Le récit débute avec l'annonce d'une promesse d'embauche pour le jeune homme dans une société spécialisée dans les jeux vidéos. Le roman est en fait le journal de David dans lequel il nous fait part au fur et à mesure des évènements qui ponctuent ses journées et des terribles sentiments de doute et de peur qui l'envahissent progressivement. Alors qu'il s'apprête à changer de vie, il retrouve par hasard un ami de longue date, Richard. Des retrouvailles qui vont semer le trouble en lui et tourner au cauchemar. 
Impossible d'en dire davantage sous peine de dévoiler le noeud de l'intrigue. 

L'ami de toujours est un roman prenant qui vient cueillir le lecteur dans son fauteuil pour lui imposer son rythme. On a envie de savoir où tout cela nous mène, on tourne les pages avec fièvre, redoutant de connaître la suite mais avide d'explications.  David est l'archétype du jeune qui passe ses journées enfermé devant son écran d'ordinateur, multipliant les avatars sur le réseau, mais incapable de tisser des liens avec autrui dans la vraie vie. Il est mal dans sa peau, peine à exister avec un physique ordinaire qui le fait passer inaperçu. Dès lors, la perspective d'être embauché dans une firme à la renommée internationale apparaît comme la solution à toute son existence. Il va déménager, rencontrer des gens, travailler dans un secteur qu'il aime et exceller dans son art. La chance a fini par lui sourire et la chrysalide est enfin prête à éclore. Seulement c'était sans compter avec la mystérieuse apparition de Richard. Qui est ce compagnon de longue date, quel sont ses liens avec notre héros, et pourquoi refait-il surface après ce silence prolongé ?
Une atmosphère oppressante, une écriture percutante et un anti-héros malmené, voilà la combinaison gagnante pour ce roman glaçant que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire.
Seul bémol, la fin ouverte qui m'a laissée perplexe. Etre manipulée, baladée d'indice en indice, voir mes hypothèses mises à mal, douter, avoir la sensation d'être perdue, tout cela je l'accepte volontiers pendant une lecture. Mais à la fin, j'aime que l'auteur prenne parti et propose une conclusion qui ne laisse pas de doute au lecteur. Ici ce n'est pas le cas et cela m'a gênée. Ceci dit, c'est une appréciation très personnelle, d'autres lecteurs trouveront cette fin parfaitement appropriée, je n'en doute pas.


Ce qu'en ont pensé Faelys et Clarabel


Flammarion (Tribal), 281 pages, 2011