Laissez-moi tout d'abord m'attarder un instant sur la couverture que je trouve magnifique (et la photo ne lui rend pas justice, il y a du doré et un bleu métallisé que l'on ne distingue pas dessus). Une couverture qui me donnait déjà envie de lire ce roman avant même de savoir de quoi il parlait.
Et bien je peux vous dire que la prose de Mourlevat est à la hauteur de cette couverture (ou plutôt est-ce l'inverse ?!).
C'est un univers très particulier que celui du Chagrin du roi mort, empreint de merveilleux et de poésie. On y croise une sorcière friande de rats, deux frères jumeaux et complices, un nain musicien à ses heures, un roi qui vient de mourir, un pays entouré d'eau et recouvert de neige, un homme assoiffé de pouvoir et de sang... autant d'éléments qui s'assemblent pour en faire une superbe histoire où il sera question de fraternité, d'amour, de courage et d'espoir, mais aussi de trahison, de guerre et de mort.
Un roman relativement sombre, d'une beauté majestueuse, envoutant, bouleversant. On tourne les pages sans pouvoir s'arrêter, pour savoir ce qui va se passer, où l'aventure va nous conduire, et on referme le livre avec un sentiment de frustration immense (ceux qui ont lu ce roman doivent savoir à quoi je fais allusion, pour les autres je vous laisse le soin de la découverte).

Il me faut à présent découvrir les autres romans de Jean-Claude Mourlevat, une chose est certaine, je suis totalement séduite par sa plume enchanteresse.

Un extrait jubliatoire (qui n'est pas forcément représentatif de l'ensemble du roman) :

Brit évalua rapidement la situation. Elle avait devant elle une grille fermée. De l'autre côté de cette grille se trouvait un garde qui en détenait la clé. Le garde n'ouvrirait pas et il ne donnerait pas la clé. La question était donc : comment faire passer la clé de ce côté-ci de la grille ? Et la réponse : en faisant passer  le garde tout entier, clé comprise. La question était : comment faire passer tout entier un garde de cent trente kilos entre des barreaux espacés de vingt centimètres ? Brit y apporta la réponse suivante, simple et radicale : en tirant fort.
- Tenez ça hu-hu..., dit-elle, et elle avança sa main entre les barreaux comme pour donner quelque chose.
Le garde ne se méfia pas. Qu'à-t-on à craindre d'une centenaire cassée en deux lorsqu'on est un homme dans la force de l'âge, et armé de surcroît ? Il baissa son arme et s'approcha.
- C'est quoi ? demanda-t-il.
- C'est ça..., répondit la sorcière.
Là-dessus, elle empoigna le malheureux par les cheveux, le souleva du sol et le tira vers elle, le forçant entre les barreaux comme on force le linge entre les rouleaux d'une essoreuse. Et lorsque le garde fut de l'autre côté de la grille, quelques courtes secondes plus tard, il était essoré et ... mort.

Les avis de Clarabel, Lael, Karine :), Théoma, Cuné, Fashion

Gallimard jeunesse - 402 pages