L'arbre d'ébène (Fadéla Hebbadj)
dimanche 28 juin 2009
Autant annoncer tout de suite la couleur, ce roman ne m'a pas plu.
L'arbre d'ébène, c'est l'histoire de Nasser et de sa mère, deux sans papiers maliens qui vivent en France. Depuis la traversée en pirogue jusqu'au différents squats, en passant par les soucis de santé de Mama et les obstacles successifs qu'ils vont rencontrer, nous suivons le quotidien cruel de ces deux êtres abandonnés. Le récit, raconté du point de vue de Nasser avec un ton faussement naïf est parfois cru, sans édulcorant, et pourtant il m'a laissée de marbre.
Ma lecture, a, je crois, été gênée par deux éléments essentiels. D'abord la relation que vit Nasser avec sa mère. Notamment la répétition de cette image de l'enfant (déjà grand !) tétant les seins de sa mère m'a profondément agacée et mise mal à l'aise, comme s'il s'agissait d'une forme d'inceste. D'aucun diront que les rapports humains en Afrique sont différents de ceux d'Europe et bien plus chaleureux, soit, mais là c'était pour le moins ambigu.
Mais ce qui m'a perturbée davantage dans ce roman, c'est l'éternelle dichotomie noirs-blancs. Au fur et à mesure que j'avançais dans l'ouvrage, j'avais le sentiment oppressant d'être jugée en tant que blanche, comme si le narrateur me faisait indirectement porter le poids des erreurs de la politique d'immigration de notre pays. Effectivement les faits décrits dans cette œuvre de fiction sont malheureusement inspirés de la réalité et les épreuves que doivent traverser les étrangers débarquant en terre inconnue sont totalement inhumaines. Pour autant, faut-il stigmatiser la chose en opposant pendant près de deux cents pages noirs et blancs ? Je ne suis pas certaine que c'était la meilleure façon de traiter pareil sujet. Finalement, là où j'aurais dû être émue, je suis restée à côté, dubitative. Dommage.
Les avis de Laurence et d'Amanda (merci pour le prêt !)
Buchet Chastel - 171 pages
Commentaires
Je te rassure Bladelor, tu n'as pas été seule à ne pas partager mon coup de cœur puisque, comme tu le verras cette semaine, mes collègues du jury ont été aussi dubitatifs que toi.
Je note tes réserves car je sais que ce sont deux aspects qui me rebuteraient.
Mince. :/ Bon, je ne sais plus si j'ai envie de le lire car je pense que j'aurais les mêmes impressions que toi.
nous sommes du même avis. J'ai ressenti la même chose que toi, c'est à dire pas grand chose. Dommage. D'autres ont aimé, tant mieux. Mais effectivement le clivage Blancs = méchants, Noirs = gentils m'a gênée car pas du tout nuancé.
@Amanda et Bladelor : c'est quand même étonnant, je n'ai pas du tout ressenti ce clivage. Et si mes souvenirs sont bons, parmi les personnes qui aident Nasser, il y a Yvonne la marseillaise, le couple de S.D.F et Andrée la bouquiniste; tous blancs. Je ne dis pas que l'image des blancs dans ce roman soit extrêmement positive, mais il ne me semble pas non plus que l'auteure fasse de clivage systématique. Il me semble malheureusement que c'est la triste réalité et que pour une personne accueillante, dix autres fermeront la porte ou mépriseront.
@Laurence : rassurée je ne sais pas car dans le fond chaque lecteur a des goûts propres et une oeuvre ne peut toucher tout le monde, mais il est vrai que parfois j'ai l'impression d'être à contre-courant !
@Stephie : Malheureusement, je pourrai difficilement faire l'éloge de ce roman...
@Leiloona : La seule façon de le savoir est d'essayer...
@amanda : Comme je disais à Laurence, il en faut pour tous les goûts, et heureusement que nous ne ressentons pas tous la même chose en lisant un livre...
@Laurence : Effectivement, les personnes qui viennent en aide à Nasser et sa mère sont blancs, mais Nasser ne les épargne pas non plus dans son flot de critiques même s'il est plus indulgent qu'avec les autres...
je vais éviter car je suis pratiquement sûre que la dichotomie noirs-blancs m'énervera tout autant que toi.
Comme Laurence, j'avais beaucoup aimé ce petit roman et je n'ai pas du tout le même ressenti que toi.. Mais je l'ai lu en m'identifiant complètement à ce jeune garçon. Et je pense que ce genre de roman (les tribulations d'un émigrant raconté par lui-même) est intéressant parce que rare dans la littérauture française.
@zarline : Dans ce cas, effectivement, mieux vaut s'abstenir...
@papillon : Il est clair que l'on ne rencontre pas souvent ce thème dans la littérature, raison d'ailleurs pour laquelle j'étais curieuse de le lire, mais je n'y ai pas trouvé ce que je cherchais...
Je trouve ton analyse très intéressante. Et je vais suivre ton avis et éviter ce livre.
@Edelwe : Ca m'embête toujours d'éloigner des lecteurs d'ouvrages car je n'exprime que mon goût personnel mais je ne peux vraiment pas inciter à lire celui-ci...