Autant annoncer tout de suite la couleur, ce roman ne m'a pas plu.

L'arbre d'ébène, c'est l'histoire de Nasser et de sa mère, deux sans papiers maliens qui vivent en France. Depuis la traversée en pirogue jusqu'au différents squats, en passant par les soucis de santé de Mama et les obstacles successifs qu'ils vont rencontrer, nous suivons le quotidien cruel de ces deux êtres abandonnés. Le récit, raconté du point de vue de Nasser avec un ton faussement naïf est parfois cru, sans édulcorant, et pourtant il m'a laissée de marbre.
Ma lecture, a, je crois, été gênée par deux éléments essentiels. D'abord la relation que vit Nasser avec sa mère. Notamment la répétition de cette image de l'enfant (déjà grand !) tétant les seins de sa mère m'a profondément agacée et mise mal à l'aise, comme s'il s'agissait d'une forme d'inceste. D'aucun diront que les rapports humains en Afrique sont différents de ceux d'Europe et bien plus chaleureux, soit, mais là c'était pour le moins ambigu.
Mais ce qui m'a perturbée davantage dans ce roman, c'est l'éternelle dichotomie noirs-blancs. Au fur et à mesure que j'avançais dans l'ouvrage, j'avais le sentiment oppressant  d'être jugée en tant que blanche, comme si le narrateur me faisait indirectement porter le poids des erreurs de la politique d'immigration de notre pays. Effectivement les faits décrits dans cette œuvre de fiction sont malheureusement inspirés de la réalité et les épreuves que doivent traverser les étrangers débarquant en terre inconnue sont totalement inhumaines. Pour autant, faut-il stigmatiser la chose en opposant pendant près de deux cents pages noirs et blancs ? Je ne suis pas certaine que c'était la meilleure façon de traiter pareil sujet. Finalement, là où j'aurais dû être émue, je suis restée à côté, dubitative. Dommage.

Les avis de Laurence et d'Amanda (merci pour le prêt !)

Lu dans le cadre du Prix Biblioblog 2009


Buchet Chastel - 171 pages