C'est à regrets que j'ai refermé ce livre en compagnie duquel j'ai passé un moment si agréable...
Une fois la lecture entamée, difficile de le reposer, et si je n'avais écouté que moi-même je ne l'aurais d'ailleurs pas fait, mais les contingences de la vie réelle en ont décidé autrement (je militerais bien pour un jour dans la semaine uniquement consacré à la lecture, et où, miraculeusement, tout le reste en serait rigoureusement exclu !). Mais chaque retrouvaille fut un délice.

A la vue, à la mort est un roman policier, mais il me semble qu'il se démarque des autres polars (du moins de ceux que j'ai pu lire, mon expérience de lecture dans ce domaine étant, je le précise, relativement pauvre). Ici, en effet, le récit se focalise essentiellement sur le personnage central du commandant Lanester, laissant - en apparence - l'enquête au second plan.

Alors que son équipe se rend sur les lieux d'un crime, relevant, semble-t-il de la fameuse affaire Caïn, Lanesterperd soudainement la vue, sans raison médicale apparente. A partir de là, l'enquête piétine, et ce sont bientôt d'autres victimes qui viennent allonger la liste des crimes perpétrés par un mystérieux inconnu.
L'intrigue est bien ficelée, l'histoire pas banale.
Mais ce qui m'a séduite, c'est l'écriture de Françoise Guérin, qui nous décrit avec une incroyable habileté la personnalité des différents protagonistes, et en particulier celle du commandant. Parfois on verse dans le roman psychologique, et Lanester qui est en même temps le narrateur de l'histoire nous embarque dans ses pensées sinueuses.
J'ai beaucoup apprécié la relation qu'il tisse avec sa psychanalyste, et la façon dont petit-à-petit il revient sur sa vie, la disséquant chaque fois un peu plus. Par moment, on en oublie l'enquête policière et les crimes commis tellement l'analyse psychologique du personnage (pour lequel je me suis prise d'affection) est prenante et passionnante. Les autres personnages ne sont pas en reste, chacun avec ses tares et ses qualités nous attache à cette équipe, cette histoire.
A cela il faut rajouter l'humour et l'autodérision omniprésents qui font de ce livre un vrai régal ! 

Un premier roman de Françoise Guérin qui m'a enthousiasmée et n'a fait que renforcer mon envie de découvrir son recueil de nouvelles Mot compte double.

A noter, que A la vue, à la mort a obtenu le prix du premier roman du festival de Cognac (ce qui nous vaut cet affreux bandeau rouge sur la couverture...).

Merci encore à Odile qui me l'a offert à l'occasion du swap Noir c'est noir, et à Cathulu qui a été la première à me donner envie de le lire : son avis ici.

Les critiques de Tamara et Yvon.

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Masque - 346 pages