Je suis une inconditionnelle de Daphné Du Maurier. J'aime son style, ses personnages, sa façon de conduire une intrigue, de décrire les sentiments humains. Le général du roi me l'a confirmé.
L'originalité de ce roman est de mêler fiction et réalité historique. Le récit se déroule dans la Cornouailles anglaise pendant la première guerre civile qui eut lieu entre 1642 et 1648.
Nous suivons deux personnages - Honor Harris et Sir Richard Grenvile - que tout oppose a priori, mais que le hasard de la vie va rapprocher.
Honor Harris et une jeune femme de bonne famille, fière, intelligente et courageuse.
Sir Richard Grenvile est un général au service du roi d'Angleterre. Stratège génial, royaliste convaincu, il sait se montrer généreux mais peut aussi se révéler cruel, faisant passer son dévouement pour la protection de la couronne et ses ambitions militaires avant tout le reste. Malgré ses défauts et son rude caractère, il en fascine plus d'un et a su gagner le coeur d'Honor. Mais à quel prix ?
Ces deux-là ne vont jamais cesser de s'aimer, mais d'un amour non conventionnel, amour qui sera soumis à de rudes épreuves.
Une fois de plus, Daphné Du Maurier peint avec brio deux forts caractères qui nous entraînent dans leur sillage. On admire l'un et l'autre, on les regarde parfois d'un oeil critique, mais au fond on les comprend. Chacun, à sa manière, est un héros de la vie.
Outre ces deux personnages, qui, à eux seuls portent le roman, j'ai apprécié le fond historique du récit. Moi qui, a priori, ne suis guère attirée par les romans historiques en général, et encore moins par tout ce qui touche à la guerre, j'ai été complètement séduite par cette lecture.
L'auteur nous raconte la guerre à travers le regard des civils, passant quasiment sous silence les affrontements. La violence et la cruauté n'en sont cependant pas moins présentes, et la description des différents sièges et des conditions de vie des civils est plus que réaliste. Les hommes partis au combat, les femmes luttent pour survivre et préserver les domaines où elles vivent. Les familles se regroupent, la vie devient communautaire.
J'ai également apprécié la forme du récit, narré à la première personne par Honor. Après un premier chapitre dans le temps présent (et qui est un peu ardu car il présente d'un seul coup tous les personnages de l'histoire !), on retourne dans le passé pour assister à la rencontre d'Honor et Richard, et suivre avec eux le cours de l'histoire. Du fait du type narratif, on se trouve d'emblée dans une relation d'intimité avec le personnage d'Honor qui partage avec nous ses pensées profondes, ses doutes, ses peines et ses peurs.
Je ne qualifierais pas Le général du roi de coup de coeur - bien que je l'ai apprécié autant (voire davantage) que certains coups de coeur que j'ai pu présenter ici - car je lui ai préféré d'autres romans de l'auteur, mais celui-ci est malgré tout excellent, et je vous en conseille vivement la lecture.

A noter qu'il existe une version poche de ce roman.

Phébus - 362 pages