9782213701295-V-V01.inddJe n'ai pas eu que des lectures douces pendant cette longue absence... J'ai aussi lu des textes essentiels, bouleversants, à l'image de celui-ci.

Peu après l'attentat du 13 novembre 2015 au Bataclan, une lettre sublime et stupéfiante est apparue sur la page Facebook d'un certain Antoine Leiris. Il venait de perdre sa femme et s'adressait aux terroristes avec cette formule incroyable : " Vous n'aurez pas ma haine ". Comme beaucoup d'internautes, j'ai lu cette lettre qui m'a émue aux larmes. Un an après, j'ai poursuivi cette lecture avec ce court texte écrit par Antoine Leiris dans les jours qui ont suivi la mort de sa femme. Nous traversons tous l'épreuve du deuil de différente manière. Lui a éprouvé le besoin d'écrire, de coucher sur le papier ses ressentis, sa détresse, sa vision de la vie, cette nouvelle existence en tant que papa célibataire auprès de son jeune fils âgé de moins de deux ans.
Curieusement, c'est une écriture sans pathos que j'ai trouvée dans ces pages, avec même une certaine légèreté par moments. Il n'empêche que l'on ne peut résister à ces mots et retenir ses larmes. En lisant ce livre, on passe par diverses émotions, c'est un voyage étrange, une parenthèse fragile, sorte de bulle hors du temps. La plume est précise mais aussi poétique, elle suscite l'empathie, et, d'une certaine manière, l'espoir.
Un texte nécessaire.

D'une rafale de mitraillette, ils ont dispersé notre puzzle. Et, lorsque pièce après pièce nous le recomposerons, ce ne sera plus le même. Il manquera quelqu'un sur le tableau, il n'y aura plus que nous deux, mais nous prendrons toute la place. Elle sera avec nous, là, invisible. C'est dans nos yeux qu'on lira sa présence, dans notre joie que brûlera sa flamme, dans nos veines que couleront ses larmes.
Nous ne reviendrons jamais à notre vie d'avant. Mais nous ne construirons pas une vie contre eux. Nous avancerons dans notre vie à nous.

* * *

17h30 est une heure maudite. Celle qu'on voudrait effacer de nos journées. Une heure entre deux heures qui ne sert à rien. La promenade est terminée. Le dîner pas encore servi. Melvil est trop excité pour jouer. Je suis trop fatigué pour être attentionné. On s'ennuie. On se tourne autour, on s'évite, on se jauge. C'est à qui cédera le premier. On aimerait sentir le temps s'accélérer.

18h30, enfin.

" C'est l'heure du bain. "

Fayard, 138 pages, 2016