* * * Attention, spoilers sur le tome 1, ne pas lire ce billet si vous avez l'intention de lire Entre chiens et loups * * *

La couleur de la haine est la suite d'Entre chiens et loups, une lecture qui m'a bousculée.
Aux âmes sensibles je conseille de choisir le moment opportun pour lire ce deuxième tome qui n'épargne pas le lecteur. Naïvement, j'espérais que le début du roman serait plus tranquille, le temps de se remettre de ses émotions du premier tome et d'analyser la situation. Il n'en est rien et dès les premières lignes, Malorie Blackman nous plonge dans la violence et la haine. La haine,  fil conducteur de cette histoire qui, je le crains, ne connaîtra pas de dénouement heureux.

La couleur de la haine est centré sur les personnages de Jude (le frère de Callum) et de Sephy. Deux jeunes personnes que la vie a brisés, opposés l'un à l'autre par une société qu'ils exècrent et dont ils sont les victimes, les jouets. Chacun d'un côté du monde, prisonnier de sa couleur et dans l'incapacité de changer les choses. Car au fond, peut-on les changer ? 
Sephy a grandi malgré elle avec la naissance de sa fille Callie Rose et prend conscience de l'horreur qui l'entoure. Elle rejette les siens, ne sait plus où est sa place, ni chez les blancs ni chez les noirs. Les premiers ne la comprennent pas, les seconds jugent qu'elle a trahi. Comment vivre dans cet affrontement perpétuel des deux races et ne pas souffrir ? Comment élever une enfant qui porte en elle les deux couleurs et comment la protéger des autres ? Sephy a fait le choix douloureux de sacrifier Callum pour garder sa fille. Un choix difficile à assumer quand à chaque instant elle pense à son amour perdu. Il lui faudra de la force pour élever Callie Rose toute seule et l'aimer. 
Jude s'est forgé une carapace qui lui interdit tout sentiment à part la haine. Il a juré de venger la mort de Callum et ne vit plus que pour cela. On le sentait sur la tangente dans le premier tome, mais à présent Jude a sombré dans la cruauté en perdant le peu d'humanité qui lui restait. Victime du système qui lui a enlevé ceux qu'il aimait ? Condamné à haïr pour survivre ? Il n'est pas aisé de ressentir de l'empathie à son égard, mais l'on ne peut s'empêcher d'espérer une rédemption, une prise de conscience.

La couleur de la haine n'est pas un coup de coeur car je lui ai préféré (de peu) le premier tome, mais c'est une suite totalement réussie qui m'a remuée et heurtée à plusieurs reprises. Si vous ouvrez ce livre, vous embarquerez pour l'indicible, pour un monde de douleurs et de peines. C'est un roman dur et implacable qui va au-delà du premier tome et ne laisse aucun répit au lecteur. Pas d'espoir dans La couleur de la haine qui repousse encore les limites de l'horreur. Je tremble à l'idée de lire la suite et de découvrir la teneur des évènements à venir. Je ne peux m'empêcher de croire que, d'une façon ou d'une autre, les choses s'arrangeront, mais une petite voix au fond de moi me dit qu'il y a peu de chances que cette histoire entamée dans le chagrin se termine comme un conte de fée. Un excellent roman qui ne laisse pas insensible.

Lael était ma complice dans cette lecture commune.

Titre original : Knife Edge
Traduit de l'anglais par Amélie Sarn
Milan (Macadam), 389 pages, 2006 pour l'édition française et 2004 pour l'édition originale