Je passais le reste de la journée à lire et à surfer sur le Net, dans le vain espoir de rattraper vingt-deux années de mépris pour le paranormal.

* * *

- Bref, vous avez couché avec lui ?
- Barrons ! m'exclamai-je. Pour qui me prenez-vous ?
Je plongeai mon visage entre mes mains. Puis je me redressai. 
- Si je le faisais, demandai-je, je deviendrais son esclave, n'est-ce pas ?
Il me scruta d'un regard froid.
 Sauf s'il vous protège.
- Ah ? Demandai-je, toute innocente. C'est possible ?
- Essayez de ne pas avoir l'air aussi intriguée, mademoiselle Lane.
- Je ne le suis pas, maugréai-je.
- Tant mieux. J'espère que vous n'avez pas confiance en lui ?
- Je n'ai confiance en personne. Ni en lui, ni en vous, ni en qui que ce soit.
- Alors, vous avez des chances de rester en vie. 

* * *

Un hurlement de fureur s'éleva soudain dans la partie privée de l'immeuble. Un instant plus tard, je vis Barrons émerger de la porte de communication, tirant derrière lui un tapis persan.
- Qu'est-ce que c'est que ça ? hurla-t-il.
- Un tapis ? suggérai-je, déconcertée.
- Je le sais. Je parle de ceci !
Il agita le tapis sous mes yeux, tout en pointant du doigt une douzaine de marques noires. Je les examinai.
- Des brûlures ?
- Exact mademoiselle Lane. Des brûlures. Causées par des allumettes jetées sans avoir été éteintes, sans doute par quelqu'un qui était trop occupé à se laisser conter fleurette par un prince faë pernicieux ! Avez-vous seulement idée de la valeur de ce tapis ?
Ses narines palpitaient, ses yeux noirs lançaient des éclairs.
- Pernicieux ? répétai-je. On dirait que vous avez appris à parler dans les livres ! L'anglais est votre deuxième langue ? La troisième ? 
- La cinquième, grommela-t-il. Répondez-moi.
- Ce tapis ne vaut pas plus que ma peau, Barrons. Rien n'a plus de prix que ma vie.
Il me décocha un regard assassin, mais je relevai le menton pour le toiser en retour.