Voilà un cas difficile que celui de Jack Spark... Ni séduite, ni totalement déçue, je me retrouve au sortir de cette lecture avec un sentiment mitigé. Le type de roman qui me laisse perplexe avec la désagréable impression de ne pas savoir moi-même si j'ai aimé ou non... Ni l'un ni l'autre, entre les deux en quelque sorte.

Ce premier volet d'une quadrilogie est un roman d'un genre qui se situe à la frontière entre le merveilleux et le fantastique avec un récit qui s'inscrit dans le monde contemporain réel et des personnages qui relèvent des contes et de la mythologie. Le cas Jack Spark ne fait pas dans la facilité. Et de cela, le lecteur ne peut que se féliciter, ou plutôt féliciter son auteur pour proposer aux adolescents un roman qui sorte de l'ordinaire et change un peu des univers habituels de la fantasy et du fantastique

Jack Spark est un jeune garçon âgé de quinze ans, américain par son père, français par sa mère, et vivant à New York. Jusque là, rien que de très normal. Là où ça se complique, c'est que l'adolescent souffre d'insomnie chronique, handicap qui l'empêche de mener une vie normale. Comment, en effet, suivre correctement les cours au collège et avoir une vie sociale, quand on ne dort que quelques heures chaque nuit, et que l'on réitère toujours le même cauchemar effrayant ? Les conséquences de ce manque de sommeil sont inévitables et Jack obtient in extrémis son passage au lycée. Seulement ce passage à un prix, et ce sont les vacances d'été de Jack qui vont en pâtir. Au lieu de séjourner chez son grand-père comme à l'habitude, le jeune homme se voit inscrit dans une colonie de vacances un peu spéciale... A Redrock dans le Colorado, il va découvrir qu'il y a encore plus singulier chez lui que cette insomnie chronique, découvrir qui il est vraiment. Pire encore, il s'apercevoir que ceux qui l'entourent ont aussi leurs particularités. L'été s'annonce mal.

Un roman au contenu riche où il est question d'acceptation de soi, de tolérance, de différence... Les thèmes abordés sont multiples et tous centrés sur la difficile période de mutation qu'est l'adolescence. Jack apparaît ainsi comme le symbole de ces adolescents qui vivent mal les transformations liées à leur âge. Le tout servi par une intrigue assez bien menée et une narration agréable et rythmée. Le récit est dense malgré la prépondérance des scènes d'action, il faut pour le lecteur, suivre le fil des explications qui parsèment l'ensemble du roman et font parfois replonger dans l'histoire des sciences. La palette de personnages est finement étudiée et bien vue, l'habituelle dichotomie bons-mauvais fait place à des catégories intermédiaires, les méchants ne sont pas forcément là où on les attend, et pour ma part j'aime ça ! Le suspense est également bien amené, si l'on perçoit quelques ficelles, les surprises sont néanmoins nombreuses et il faut patienter un bon nombre de pages pour découvrir la nature véritable de Jack qui est plutôt... surprenante.

Bref, un roman de jeunesse qui sort des sentiers battus, plutôt bien écrit et agréable à lire. Mais, car il y a un mais - sinon je ne serais pas si dubitative au sortir de ma lecture - je n'ai pas réellement accroché avec ce premier opus. Tout au long de ma lecture, j'ai éprouvé des sentiments contradictoires, tantôt intéressée et avide de lire la suite, tantôt indifférente. Certains passages, notamment ceux liés à Jack (qui est d'ailleurs le narrateur de l'histoire) et à ses moments d'introspection m'ont touchée, voire émue. Les toutes premières pages notamment, sont très fortes, lorsque qu'elles décrivent la souffrance du garçon qui ne parvient pas à trouver le sommeil. En réalité, j'ai l'impression que ce que je n'ai guère apprécié dans ce roman, c'est la façon dont Victor Dixen traite l'aspect fantastique. L'idée est originale encore une fois et intéressante, mais c'est la façon dont elle est amenée qui m'a gênée. Il y a trop de super pouvoirs, de caractéristiques, d'informations à intégrer, et finalement la solidité du récit et sa crédibilité s'en ressentent. Je ne sais comment le formuler, mais c'est comme si j'étais restée en dehors, incapable de croire à ce monde. Et pourtant je suis la première à m'imprégner d'univers plus magiques et extraordinaires les uns que les autres, je me laisse facilement embarquer dans ce genre d'histoire. Avec Le cas Jack Spark, je suis restée sur le quai, assistant aux événements à distance. Quelque part, c'est un peu "too much" par moments, et il y a comme un décalage entre le socle de cette histoire, ces fondations solides et travaillées, et la façon dont elle se déroule, certaines actions survenant de façon un peu maladroite.

Voilà, que dire de plus ? Je pense sincèrement que c'est un bon premier roman qui devrait plaire à la plupart des lecteurs. Je crois qu'il ne faut pas trop se fier à mon avis qui est un ressenti très personnel que je ne puis justifier de façon totalement objective autrement qu'en évoquant cette surenchère "d'effets spéciaux" et de supers pouvoirs qui ont fini par me détacher de l'histoire. Parfois, quand on ouvre un livre, la sauce ne prend pas, il faut savoir l'accepter. Si la curiosité prend le dessus , faites un essai, si ça se trouve vous adorerez !


Ce premier tome est sorti en octobre 2009 et la suite ne s'est pas trop faite attendre puisqu'elle sortira le 25 mai prochain, il s'agit de la saison 2 - L'automne traqué .Vous pourrez découvrir la couverture de ce deuxième tome ainsi qu'un argumentaire sur le site de l'éditeur Gawsewitch.  Je vous invite également à visiter le blog de Victor Dixen qui permet d'en apprendre davantage sur lui (il faut savoir qu'il souffre lui-même d'insomnie depuis l'enfance et que son roman s'inspire en partie de sa vie) notamment à travers  une interview très intéressante.


Les avis de SBM qui m'avait donné envie de lire ce roman et de Theoma 


Jean-Claude Gawsewitch - 521 pages