Lorsqu'il m'avait dédicacé son roman, Jean-Philippe Blondel avait écrit : " Trois personnages (quatre ?) cabossés mais vivants, tellement vivants - j'espère qu'ils sauront vous toucher. "
Sans aucun doute, la réponse est OUI. Touchée, je l'ai été, émue, bouleversée même, par moments. Un certain passage (que je ne dévoilerai pas par égard pour les futurs lecteurs de Passage du gué) dépourvu de ponctuation ainsi que l'épilogue de l'histoire ont fait monter en moi une émotion très forte.

Je crois que je suis définitivement acquise à l'écriture de Jean-Philippe Blondel. Troisième roman que je lis de lui, et comme les fois précédentes j'ai énormément aimé. C'est encore cette façon bien particulière qu'il a de construire son texte (ici en faisant alterner la narration entre les trois principaux personnages), ce style simple et direct mais tellement percutant. Quand on lit Blondel on pénètre dans les âmes, c'est tellement humain et c'est beau. Quand je lis, j'aime voyager, découvrir des mondes magiques, irréels, partir loin, loin du quotidien, de ce que je connais. Avec Blondel rien de cela, on est confronté à des histoires ordinaires, à des hommes et des femmes qui font partie de notre existence. Mais la façon de les faire vivre, exprimer leurs sentiments, transcende tout et captive la lectrice que je suis. Il y a un vrai talent, une plume juste et sensible que j'aime. Ça ne s'explique pas, ça se ressent.

Avec Passage du gué, l'auteur aborde un sujet plus grave que dans les deux autres romans que j'ai lus de lui et pourtant le récit ne sombre pas dans quelque chose de douloureux. C'est tendu, c'est fort, mais malgré tout il y a derrière une lueur de vie et d'espoir, et en cela j'ai compris après avoir terminé ma lecture tout le sens de la dédicace que j'avais reçue. Ces personnages qui sont abîmés par la vie continuent de l'aimer malgré tout, de façon instinctive. C'est un message extrêmement positif ; même confrontés à la pire des épreuves on continue de lutter car on est programmé pour vivre.
Ici cette lutte s'inscrit dans une relation triangulaire complexe. Chaque personnage donne et prend aux autres. J'ai aimé ces échanges, ces regards, ces liens qui se tissent entre Myriam, Thomas et Fred. Encore une fois on plonge au cœur de l'humain. Jean-Philippe Blondel est un sociologue à sa manière.

Difficile d'en dire plus sans faire trop d'introspection, simplement vous dire que c'est une réelle découverte que cet écrivain et que j'aimerais vous donner envie, à vous aussi qui me lisez, de franchir à votre tour ce gué.

Lecture commune avec Ys (ATTENTION, dans la première partie de son billet elle dévoile l'histoire ! Sautez le deuxième paragraphe si vous avez l'intention de lire ce roman) et Maijo

Les avis de Clarabel, Laurence, Yohan et Tamara

Robert Laffont - 306 pages