Quelle claque !
Difficile de parler de ce roman noir, si noir... J'aurais envie de vous parler de cette terrible violence qui se déverse sans prévenir, vous coupe le souffle au milieu d'une page et fait monter la nausée. Le sang, la cruauté, la torture, l'horreur, avec parfois au bout, la seule délivrance qui soit, la mort.
Mais ne vous arrêtez pas à cette description très réductrice de ce polar fantastique. Oui c'est dur, éprouvant, oui le lecteur n'est pas épargné, oui on assiste à l'indicible, et pourtant... comme c'est beau, fort, émouvant, remarquablement écrit, vivant.... 
J'aime qu'un livre me bouleverse, me bouscule dans mes habitudes, vienne me chercher au fond de mon fauteuil et de ma vie paisible, me fasse toucher du doigt un autre univers. 
Zulu c'est tout cela en même temps, et bien plus encore. Zulu, c'est l'histoire d'un chef de la police criminelle noir qui veut croire à l'évolution des moeurs dans une Afrique du Sud post-apartheid. Malgré (ou peut-être à cause) des événements tragiques vécus dans l'enfance, Ali Neuman oeuvre aujourd'hui pour la défense d'autrui. Ses deux acolytes, Epkeen et Fletcher ne baignent pas dans le rose non plus... Le trio fait équipe pour le meilleur et pour le pire, enquête sur une sombre histoire de meurtres et de trafic de drogue. Les investigations vont les mener là où on ne s'y attend pas et les événements s'enchaînent à grande vitesse. Derrière cette intrigue superbement maîtrisée, le contexte historique et politique du continent africain et de l'Afrique du sud en particulier. Caryl Férey maîtrise parfaitement son sujet et sait allier fiction et réalité sans gêner l'évolution de l'histoire. Les deux fusionnent en parfaite harmonie pour offrir au lecteur un roman puissant, magistral. Je n'ai pas parlé de la psychologie des personnages qui est travaillée de façon admirable, à l'image du reste. Chaque personnage évolue avec son passé, parfois lourdement chargé ; les rapports ne sont pas toujours tendres mais tellement vrais. C'est la vie dans toute sa nudité, sans fioritures.

J'avais peur de ne pas aimer, peur de m'ennuyer, d'être gênée par l'aspect politique. J'avais tort, j'ai adoré.

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Source : Wikimedia Commons


Une fois la dernière page tournée, j'ai repensé à ma rencontre avec l'auteur l'année dernière et j'ai été bluffée de réaliser qu'un homme faisant preuve d'une telle douceur avec ses lecteurs avait pu écrire un roman si noir.

Même si cela influence rarement mes lectures et que je n'y attache que peu d'importance quand je choisis un ouvrage, sachez que Zulu a déjà obtenu plusieurs prix depuis sa publication, entre autres : Le grand prix de la littérature policière 2008, Le prix des lecteurs des Quais du Polar 2009, et le prix BibliOBs du roman noir le 31 mars dernier. Je vous renvoie à la vidéo du "non-discours" de Caryl Férey prononcé lors de la remise de ce dernier prix (en date). 

Toujours sur le site BibliObs/Nouvel Observateur, vous pourrez découvrir les premières pages du roman, c'est ici.

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Merci à Babelio (tout particulièrement à Guillaume qui n'a pas ménagé sa peine pour que l'ouvrage m'arrive enfin !) et à l'éditeur Gallimard pour cette formidable découverte.

Les avis de Amanda, InColdBlogEmmyne et Emeraude

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Gallimard (collection Série noire) - 392 pages