Quelle douche froide ! Rarement un livre m'a mise si mal à l'aise, m'a hantée jusque dans l'inconscient.
Un récit glacé, dur, très dur. Pas de fantaisie, pas de moment pour souffler, l'auteur nous tient en haleine avec des mots implacables. Je ne saurais dire si j'ai aimé ce roman tellement il est emprunt de cruauté ; mais pourtant, une fois ouvert, je n'ai pas pu le lâcher. La tension, après un début en apparence tranquille, va crescendo jusqu'à la dernière page, la toute dernière ligne.

L'histoire ? Dans un pays traversé par la guerre, des jumeaux sont confiés à leur grand-mère par leur mère qui n'a plus de quoi les nourrir. Chez cette vieille femme cruelle ils vont faire seuls l'apprentissage de la vie, ou plutôt de la survie. L'histoire est construite à partir d'une succession de mini chapitres de deux pages.
Elle est racontée par les jumeaux dans un style direct et le plus objectif possible : 

Les mots qui définissent les sentiments sont très vagues, il vaut mieux éviter leur emploi et s'en tenir à la description des objets, des êtres humains et de soi-même, c'est-à-dire à la description fidèle des faits.

Un livre qui raconte l'horreur de la guerre et ses pires atrocités. On n'en sort pas indemne. Certains passages sont à la limite de l'insoutenable. Ce volume est le premier d'une trilogie, je vous reparlerai donc très bientôt des deux tomes suivants.
A noter qu'Agota Kristof est une émigrée hongroise installée en Suisse après la seconde guerre mondiale et qu'elle a écrit ce roman en français qui n'est pas sa langue maternelle mais sa langue d'exil ; son récit sent le vécu...

Editions du Seuil (collection Points) - 190 pages